DURRENMATT Friedrich / La promesse
La promesse.
Friedrich DURRENMATT.
Note 5 /5.
Au chat et à la souris.
Ce roman servit de scénario à Sean Penn pour le film "The Pledge".
Il est d’ailleurs à noter que ce livre était écrit pour le cinéma, mais qu’à l’époque, en 1958, il fut sérieusement remanié.
Le sous titre de ce livre est "Requiem pour le roman policier".
Deux hommes sont dans une voiture, le chauffeur s’arrête au sommet d’un col, dans une station service au bord de l’abandon. Trois personnes y vivent, dans un dénuement évident. L’homme marmonne sans fin : "J’attends, j’attends, il va venir, il va venir" ; Pourquoi stopper précisément là ? Y a t’il une raison particulière ?
Le commandant H., ancien chef de la Police cantonale de Zurich, ramenant en voiture un auteur de roman policier, lui raconte l’histoire suivante pour lui prouver que la police, ce n’est pas que de la littérature. Cet homme misérable, qui ne paraît plus avoir toute sa raison, est son ancien adjoint Matthieu. Pour quelle raison est-il devenu ce demi-fou vivant dans un endroit aussi désert ? Matthieu était à une journée de son départ à l’étranger, mais le meurtre d’une jeune enfant de quatorze ans va changer sa carrière professionnelle. La promesse faite à sa mère de retrouver l’assassin va bouleverser sa vie. Ce crime n’est pas le seul dans la région, un colporteur est arrêté et se suicide, Mathieu est persuadé qu’il n’avait pas tué la jeune fille. Alors qui est le meurtrier ? Au vu d’une carte, celui-ci doit obligatoirement passer par le col de Kerens, alors Matthieu s’y installe et achète la station service s’y trouvant. Il vit avec une ancienne prostituée et sa fille Anne-Marie. Insensiblement, celle-ci va devenir pour Matthieu un appât. Commence alors une épuisante attente, puis une longue descente aux enfers. La raison de Matthieu petit à petit reculera devant son obsession de retrouver cet assassin, et d’honorer ainsi sa promesse.
Matthieu semble avoir perdu la raison ; l’arrestation de ce tueur de jeunes filles et la promesse faite à la mère de la morte briseront sa vie.
Un très grand roman, d’abord pour le dépaysement, puis pour le côté psychologique des personnages. L’obstination de cet homme seul contre tous et qui pourtant n’était pas loin de la vérité.
Extraits :
-Une serveuse qui avait plutôt l’air d’un souillon, et à laquelle je donnais trente ans, arriva de la pièce d’à côté.
"Elle a seize ans !" marmonna le commandant.
-Il était détesté dans la mesure même de ses succès.
-Comment savoir si c’était l’homme ou la femme qui gémissait de la sorte ? -Une même fureur à la fois sourde et violente, sans objectif précis, habitait tous ces paysans qui voulaient leur justice, âpres à se venger.
-Il y aurait des centaines de femmes nues à défiler sous tes yeux, tu ne les remarquerais même pas !
-Espérons qu’il ne vous arrivera jamais d’avoir à engager une promesse qu’il vous faudrait tenir.
-L’interrogatoire avait été poursuivi pendant plus de vingt heures, ce qui était évidemment illégal ; mais la police peut-elle s’en tenir exclusivement à la lettre de la loi ?
-Qu’entendez-vous par là, mon très cher ?
Eh bien, que vous avez reçu l’ordre de m’examiner, dit Matthieu ; parce que pour notre police cantonale, il parait que je ne suis pas tout à fait- comment dire ?- normal !
-Monsieur Matthieu, lui demanda-t-elle, est-ce uniquement pour retrouver cet individu que vous nous avez fait venir à votre station d’essence, Anne-Marie et moi ?
Titre original " Das versprechen ".
Editions Albin Michel.
traduit de l'allemend par Armel Guerne.
Autre chronique de cet auteur :
Le juge et son bourreau.