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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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20 août 2006

Mc GAHERN John / Le pornographe

Le pornographe.
John Mc GAHERN.
Note:  4 / 5.
Naissance, amour et mort.
Le dernier roman de Mc Gahern que je lirai, malgré que cela soit un des premiers qu’il ait écrit. Il date en effet de 1979, accusé de littérature pornographe Mc Gahern répond avec ce livre où se côtoient le récit pornographe et la vie de l’auteur de ces ouvrages.
"Je", Michael, le narrateur est un écrivain pas doué, il écrit de la littérature pornographique au kilomètre pour vivre, ses héros sont le colonel Grimshaw et Mavis Carmichael, une jeune secrétaire. Sa vie s’écoule entre son travail et les visites à l’hôpital voir une vieille tante à laquelle il porte une bouteille de cognac pour soulager sa douleur. Un soir dans un dancing il rencontre Joséphine, une belle femme un peu plus âgée que lui. Lui prend cette aventure comme une passade, elle comme un dernière tentative de se marier et d’avoir des enfants. Lui désire prendre des précautions, elle lui jure que c’est la période où elle ne craint rien.
Elle se retrouve enceinte, et commence alors une relation orageuse, lui refusant le mariage, elle le suppliant.
Joséphine part à Londres retrouver Jonathan, un riche anglais amoureux d’elle dont la femme vient de se suicider et qui veut l’épouser. Hélas pour tout le monde Joséphine se refusera à lui, et se retrouvera seule.
Un enfant naîtra, la vieille tante s’éteindra, le narrateur fera la connaissance d’une belle infirmière brune, est-ce cela la vie?
Michael écrivain raté parait de prime abord un personnage peu reluisant, se contentant de relations uniquement sexuelles avec cette femme. De surcroît, le gribouillage pornographique qui le fait vivre, semble l’avoir coupé de relations normales avec une femme, puis l’histoire prenant forme, mon jugement s’est modifié. Il ne lui a jamais caché qu’il ne l’aimait pas.
Cette femme représente une forme de peur de l’avenir, elle se sent vieille, a un travail peu reluisant : vingt ans dans la même banque sans espoir de promotion et une vie étriquée. La solution pour elle est dans le mariage ; attendant un enfant, elle pense que Michael l’épousera.
L’écriture était déjà brillante et riche de détails qui paraissent insignifiants mais qui font qu’un décor soit réaliste ou pas. L’intrigue est intéressante et nous explique la situation de Dublin, et de ses habitants à une époque donnée de son histoire. La dualité de cet homme est celle de l’Irlande, prise entre urbanisme et campagne, sa tante qui se meurt, la scierie, sont ses points d’ancrage. Mais la ville est sa vie quotidienne et son gagne pain.
On sent la puissance de la religion et son combat anti-avortement dans ce récit, même si Mc Gahern a été souvent plus virulent.
Il y a des passages où le récit du narrateur rejoint le récit de l’écrivain, par exemple la croisière sur le Shannon vécue par Michael et enjolivée par l’écrivain pour une commande de livre.
J’ai trouvé plus de profondeur dans ce livre qu’à la première lecture. Pas de l’excellent Mc Gahern, mais un très bon roman que l’on aurait tort de négliger.
A noter, une allusion de l’auteur à Brian Merriman et à son poème en gaélique "Cúirt an Mheán Oíche", écrit entre 1750 et 1780, il était encore censuré, dans certaines traductions anglaises en 1950.
Extraits :
-Aucune menace ne planait. Le jeu était connu d’avance. Sous ce lierre protecteur une effrayante affection mutuelle avait dû grandir.
-Le ventre maternel et la tombe……La cérémonie du baptême devient celle de l’enterrement, le frémissement initial qui nous transforme en chair vivante devient plus tard l’ultime frisson qui fait de nous un cadavre.
-Pour cette fois, nous n’avions pas de facture à payer en contrepartie de notre plaisir.
-Ce qui guérissait l’une tuait l’autre. L’ennui, avec les vieux adages populaires, c’était qu’ils s’avéraient toujours exacts, et me revenaient toujours en mémoire au bon moment.
-Répétons-le, répétons-le encore, l’être humain n’est jamais enchanté de faire face à son semblable.
-Toutes ces femmes attendaient d’accoucher, de donner naissance à leur propre mort.
-Il a dit que j’avais eu mon plaisir et que maintenant je devais payer
Titre original : The pornographer. (1979)
Editions Albin Michel. (1981)

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Commentaires
E
Bonsoir Elise, méfie-toi, la lecture de John Mc Gahern est une drogue, douce et agréable, mais pour s’en sortir ? Ce n’est pas gagné d’avance.
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L
Au tout début, je me suis dit que ce n'était pas un roman fait pour moi. Et puis, ta critique m'a accrochée sans que je me rende compte. Tu as trouvé absolument les mots qu'il fallait. Et je pense que je vais essayer John Mc Gahern!
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E
Un bonjour de Bretagne à une compatriote expatriée.<br /> Les mémoires de Mc Gahern ne sont pas encore traduites, j’espère que cela viendra rapidement. En attendant je relirai «John Mc Gahern, reflets d’Irlande» d’Anne Goarzin. <br /> Yvon
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L
Bonjour de Dublin,<br /> Un livre paru en 2005 a été réédité en poche il y a quelques mois : "Memoir", l'autographie de John Mc Gahern (à laquelle Michel Déon fait une brève allusion dans Cavalier passe ton chemin). <br /> Je ne sais pas si le livre a déjà été traduit en français... <br /> Mais peut-être en avez vous déjà parlé?<br /> Quoi qu'il en soit, c'est un amour de bouquin qui aide à comprendre l'auteur et donne envie de se replonger dans son oeuvre.
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