Mc GAHERN John / Les créatures de la terre
Les créatures de la terre.
John Mc GAHERN.
Note: 4,5 / 5.
Solitude et stupidité !
Ces trois nouvelles sont à mon avis parmi les plus pessimistes de John Mc Gahern, qui n’est déjà pas un auteur d’une gaieté folle. Mais là !
Dans la nouvelle qui donne son nom à l’ouvrage, une femme Mme Waldron, veuve, et sa fille s’installent dans la demeure familiale au bord de la mer. Elle se remémore la fin de la vie de son mari. La seule chose qui lui reste est le vieux chat qui a partagé des années de leur existence. Elle finit par faire la connaissance d’un homme au cours de ses promenades, qui, un jour, a avec lui un chien qu’il n’aime visiblement pas. Deux voyous et le vieil homme aigri sacrifieront par jeu ou par égoïsme ces deux "Créatures terrestres".
"Le directeur de la laiterie" est emprisonné pour détournement de fond, les policiers chargés de le surveiller sont aussi mal à l’aise que lui. Quelques semaines plus tôt, ils les avait emmené à la finale de la coupe d’Ulster, une manière de les corrompre ? La gène est évidente des deux côtés, les policiers font des efforts pour lui rendre la vie plus facile, lui se remémore son existence d’homme solitaire cherchant à s’attirer la sympathie.
Dans la troisième nouvelle "Un enterrement à la campagne", Philly travaille sur un champ pétrolifère dans le golfe Persique. Il retrouve son frère Fonsi, handicapé en fauteuil, et sa mère. Les premières retrouvailles passées, l’ennui et la solitude reprennent le dessus. Le décès d’un oncle Peter va leur permettre de retrouver leur frère John, et la maison de leurs vacances. Ils vont se rendre compte que cet oncle qu’ils n’aimaient pas est très apprécié dans le monde rural qui était le sien. Philly, plein de nostalgie, redécouvrira un mode de vie oublié mais qui de part ses racines était celui de ses ancêtres.
Je ne vais pas me répéter, mais j’aime l’écriture de Mc Gahern. L’émotion et le désarroi de Mme Waldron quand l’homme lui dit avec naturel : "Ben oui, je l’ai jeté du haut de la falaise" sont palpables avec un minimum de mots. Mais il est préférable d’avoir le moral, surtout pour la nouvelle qui donne son titre au livre qui me met toujours mal à l’aise.
Extraits :
-Leur héritage primordial, une bonne éducation, il l’avait déjà reçu.
-Ca ne peut pas être bien compliqué non plus. Ils travaillent en compagnie de gens malades, mais eux, ils ne sont pas malades.
-Toute sa vie, il avait eu la faiblesse de vouloir être agréable aux autres et de chercher à leur faire plaisir.
-Cela le rendait aveugle au fait bien attristant, que d’une manière générale, ce n’est pas de la lumière que nous projetons autour de nous, mais de l’ombre.
-Rien n’est plus cruel qu’une vérité sur nous-mêmes exprimée par un autre, quand nous la percevons comme au moins à moitié vraie.
-"Si les riches pouvaient faire en sorte que les pauvres meurent à leur place, ils ne mourraient jamais".
Ces nouvelles proviennent de différents recueils, donc pas de titre original.
Editions Albin Michel