ERDRICH Louise : Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse
Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse Louise ERDRICH Note 4 Damien Modeste, prêtre. Nous sommes en 1996, un prêtre centenaire écrit au pape la dernière lettre d’une longue série commencée en 1912, le père Damien se remémore sa vie, sa supercherie passée. Il représente l’église dans une réserve d’indiens Ojibwé dans le Nord Dakota. Enfin le Vatican envoie un émissaire, le père Miller, mais n’est-il pas trop tard, Damien ne doit-il pas se taire ? Le père Modeste raconte son arrivé, les problèmes qu’il doit résoudre, ses arrangements et compromissions avec les couples bigames et les mœurs indiennes. Il est le narrateur des évènements au quotidien, de la grippe de 1918 qui décima la tribu, des hivers où les communications sont bloquées et la réserve coupée du monde. Les querelles intestines suite à une messe mortuaire tournent aux règlements de compte, ce qui contraint le prêtre à faire ensuite pendant des années, deux messes le dimanche pour que les familles ne se rencontrent pas. La lutte pour le pouvoir sur la réserve commence, mais les dominants introduiront eux-mêmes le ver dans le fruit. Le pardon n’est pas une règle de conduite entre clans. Les vengeances familiales, les crimes, les adultères, les filles mères ne semblent choquer le Père, dont les décisions sont d’une grande humanité. Certains passages sont franchement drôles, le partages des épouses, quand Damien doit trancher entre deux indiens, l’un ayant quatre femmes, l’autre aucune et la bigamie n’est pas autorisée par l’église catholique et une partie de pêche-chasse à l’origan qui tourne à la confusion du chasseur sont des moments d’anthologies. D’autres sont plutôt terrifiants comme la partie de chasse qui tourne au massacre des bisons, où les bêtes restantes piétinent en hurlant le champ du carnage. " Les bisons disaient adieu à la terre et à tout ce qu’ils aimaient " dirent les vieux chefs et les vieux chasseurs. Beaucoup de personnages mais un arbre généalogique permet de s’y retrouver tant bien que mal, il est impossible de les nommer tous. Père Damien s’intègre dans cette communauté en prenant part à certaines coutumes et en respectant les rites de la tribu. Son meilleur ami est l’Indien Nanapush, la sagesse même, dont la mort sera tout sauf banale et triste. Pauline Puyat, devenue Sœur Leopolda, martyre volontaire et peut-être sanctifiée dont les stigmates ne sont que des coups de fourchettes et qui tente par le chantage d’obtenir l’absolution pour un meurtre qu’elle a commis. La religion est un peu brocardée pour son manque d’adaptation aux mœurs et aux coutumes indiennes. L’histoire est magnifique et prenante. Un excellent livre très agréable, une découverte. Quelques phrases : La recette d’un plat pour tuer sa mère -"Elle lui apporte une corne d’un infect et bouillant ragoût d’écorce, de lapin malade et d’une taupe qu’un hibou avait dû lâcher" "Le mot ojibwé pour le vagin humain dérive du mot pour dire la terre"-