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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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14 mai 2006

ENGUEHARD Françoise / L'île aux chiens

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L'Île aux chiens.
Françoise ENGUEHARD
Note: 5 /5.
La fin d’une époque.
La vie d’une famille dont les parents ont quitté la misère et la Bretagne à la fin des années 1880 pour Saint-Pierre-et-Miquelon puis ensuite pour l’île aux Chiens. Nous les suivrons dans leur vie de tous les jours marquée par les drames de la mer, de la guerre et aussi de la vie quotidienne avec la mort, souvent jeune dans ces îles au climat éprouvant.
Marie-Jo est allongée avec son petit-fils dans sa maison de l’île aux Chiens, veuve depuis plusieurs années. Elle est heureuse de ces présences près d’elle. Elle revoit sa vie, son départ de Bretagne après bien des hésitations, son mariage avec Victor un "pays" de Trébédan et leur vie loin de toutes leurs racines. Victor était parti le premier, pratiquement en cachette, il était paysan, la vie le fera pêcheur, comme beaucoup de jeunes gens à l’époque, les mousses venaient surtout de l’intérieur de la Bretagne. Victor comprenant que la pêche au grand large le laissera dans la misère, il s’installera et achètera un bateau, fera construire une maison et fera venir Marie-Jo. Ils auront de nombreux enfants, travailleront très dur, Victor innovera en matière de pêche, ils achèteront un petit commerce. La politique en matière de pêche interdira aux navires français certains bancs de Terre-Neuve, causant la perte de l’île et le départ de ses habitants.
Victor est un homme libre, fier, aventureux, dur au mal et au travail. Il introduit les moteurs sur les bateaux, prend des matelots, fait parti des syndicats de marins pêcheurs. Mais la mer est dure, Victor y laissera sa santé et sa vie. Marie-Jo est la représentation typique de la paysanne bretonne, fière et ombrageuse, elle aime ses parents, mais rêve d’une autre vie. Ses filles lui amèneront des satisfactions, mais elle sera obligée pendant un voyage de laisser Florentine, une de ses filles, en Bretagne car il était commun à l’époque pour les grands-parents de soulager les parents et prendre en charge un des petits-enfants. La douleur est très forte car les voyages sont longs et onéreux. Après la mort de Victor elle continuera sa vie à l’île aux Chiens, jusqu'à ce que la vieillesse ayant eu raison de son entêtement, elle finisse sa vie à Saint-Pierre en s’éteignant doucement. "Votre mère s’est tuée à la tache, ma pauvre Simone ". Leurs enfants aussi payeront un lourd tribu à la mer, à la maladie ou aux excès.
On sent chez l’auteur un amour profond pour ses grands-parents et pour la Bretagne. La vie était dure, ce livre évite la "folklorisation " à la Pierre Loti. Ses descriptions des conditions de vie de pêcheurs (hygiène et alcoolisme) sur les goélettes ou de la vie des graviers (enfants qui retournaient les morues sur des plages de galets pour les faire sécher) sont, je pense en dessous de la vérité "Voulez vous savoir jusqu’où peut descendre l’exploitation de la pauvre bête humaine? Tachez de venir ici quand un jour que débarqueront les graviers de Saint-Pierre " Charles le Goffic.
Les dernières pages de ce livre m’ont bouleversé comme très rarement un livre l’a fait. "Avec elle, ils le savent, c’est la Bretagne qui s’en va de leur vie de Nord-Américains ".
Editions :L'Ancre de marine.

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Commentaires
E
Bonjour Michel<br /> La vie de ces enfants était de l'esclavage et de l'exploitation pure et simple, mais curieusement personne n'en parle! Tu as entièrement raison.<br /> Sauf Le Goffic avec ces lignes terribles : « en aucun temps et dans aucune industrie, je crois, l'exploitation de l'enfance ne s'est exercée avec autant d'impudeur ».<br /> Il me semble également que François Chappé en parle dans son livre «  L'épopée islandaise » que je dois relire depuis longtemps.<br /> Yvon<br /> Un futur vieux blogueur costarmoricain.<br /> 47°45N/ 03°23W
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Q
Merci de rappeler au monde de repentance que nous vivons que les petits graviers, eux, n'ont pas été reconnus victimes de l'esclavage. Ils étaient bretons, par africains! Je suis un vieux journaliste costarmoricain. J'ai écrit un texte de chanson sur les petits graviers de St Pierre afin de contribuer à sortir de l'oubli ces pauvres gosses.<br /> Michel Quéméner<br /> Par 22° de latitude Sud<br /> Et 166° de longitude Est
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E
Bonsoir Marie<br /> Ton message est parti à Saint Pierre et Miquelon, en espérant que cela va aider cette dame à trouver ce livre.<br /> Merci et à bientôt. Je vous préviendrai quand je mettrai ma chronique en ligne<br /> Yvon
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M
Le livre a été imprimé 4è trimestre 1979, éditiions Nature et Bretagne chez GRAPHE le petit Crenan, 22800 QUINTIN. C'est une édition locale. Il n'a pas la qualité littéraire de L'Ile aux Chiens, c'est un récit souvenir d'un enfant de StQuay Portrieux, sans prétention, mais très bien raconté par Ange Malenfant. Témoignage de la vie à St-Quay que je connais bien, pour y avoir vécu quelques années.
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E
Bonsoir Marie.<br /> Depuis le temps que j'avais mis cette chronique, je savais qu'elle était vue parfois, mais à part mon amie Cuné, personne n'en avait parlé. Donc ton commentaire me touche beaucoup. Le livre donc tu me parles n'est pas facilement accessible, mais j'ai bon espoir par l'intermédiaire du réseau des bibliothèques de Bretagne. Dès que je le reçois, promis je le lis et surtout j'en parle.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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