TREVOR William/ En lisant Tourgueniev
En lisant Tourgueniev.
William Trevor.
Note: 5 / 5.
Pauvre Marie-Louise.
Dans une institution pour "dérangés mentaux " qui doit fermer, Marie-Louise voit défiler sa vie. Enfin son absence de vie affective et les raisons qui ont amenée sa famille à la faire interner.
Le roman le plus accompli de William Trevor (cela n’engage que moi).
Quand Marie-Louise Dallon dans les années 1950, fille de fermier catholique, épouse Elmer Quarry, commerçant et notable protestant, elle ne sait pas qu’elle entame la longue déchéance d’une existence terne et d’un mariage jamais consommé.
Elle doit vivre avec ses deux belles-sœurs, personnages typiques de vieilles filles acariâtres, et avec un mari faible qui, petit à petit, se met à boire. Elle doit subir les jalousies de cette famille de la bourgeoisie protestante en fin de règne. Comme elle n’attend pas d’enfant, les commérages vont bon train.
Elle connaîtra un court moment de bonheur en retrouvant un de ses cousins dont elle était amoureuse pendant son adolescence, mais cet homme meurt et la tristesse s’installe encore plus pesante.
Un très grand roman sur la solitude et les dégâts que peuvent faire une société et un environnement proche du sectarisme.
Seule touche de tendresse de la part d’Elmer, il s’occupera d’elle pendant sa vieillesse et permettra qu’elle soit enterrée avec son cousin.
Un roman très prenant qui décrit par touches discrètes l’enfermement tant moral que physique de cette femme a qui on a volé son bonheur et sa vie...
Extraits :
-A table, elle serait constamment scrutée par les yeux de fouine des trois Quarry. Des vieilles filles desséchées : pouvait-on plus mal tomber ?
-Quant à son ménage, c’était un combat perdu d’avance. Ce n’était pourtant pas faute de l’avoir mis en garde.
-Pas plus ici qu’en ville, les sœurs n’avaient l’intention de divulguer que leur frère s’était mis à boire. Une fois cette fille partie, il redeviendrait normal en vingt-quatre heures.
-Il s’imaginait la jeune femme dans l’appartement, entre deux vieilles filles mécontentes de sa présence, bouffies de haine, même.
Editions : Phébus (1993). Libretto pour l'édition de poche.
Titres original : Reading Turgenev, in Two lives.(1991).
Traduit de l'anglias (Irlande) par Cyril Veken.