BELEZI Mathieu / Moi, le glorieux.

Moi, le glorieux.
Mathieu BELEZI.
Note : 5 / 5.
La gloire est éphémère !
Ce livre est ainsi présenté :
Une première version de ce roman a été publiée aux éditions Flammarion en 2011 au sein de l'ouvrage « Les Vieux Fous ». La présente version a été entièrement revue par l'auteur.
C’est la fin de l’Algérie française. Albert Vandel vit dans un de ses nombreux et immenses domaines.
Il est à la tête d’une milice privée composée de légionnaires déserteurs surarmés et dévoués, mais pour combien de temps encore ?
Il se souvient… partant de rien, il est devenu un homme riche, redouté, qui semble au dessus des lois. Les notables et les autorités sont ses obligés et leurs épouses à ses pieds, puis dans son lit ! Les fêtes qu’il organise sont grandioses, il reçoit les hommes politiques venant de France avec faste, le président de la république lui rend visite.
Mais pour garder le pouvoir, il ne recule devant rien, se moquant des lois, n'hésitant pas à tuer les hommes s’opposant à ses désirs de grandeur.
Mais la belle vie semble s’éloigner, les populations arabes se révoltent, le gouvernement français recule, lâchant les colons…
Albert Vandel a vieilli, les notables, ses anciens amis aussi, les temps de la gloire sont passés, l’époque des vaches maigres est là !
Il faut tenter de fuir vers la frontière la plus proche mais…
Albert Vandel (Bobby pour les intimes), le narrateur de ce roman, est un être démesuré. Il est vieux, très vieux, il est gros, très gros, il est riche, immensément riche, la plus grosse fortune d’Algérie, il est obstiné, très obstiné, sa phrase favorite « Ils ne m’auront pas ! »
Et pourtant l’Algérie française vit ses dernières heures, mais lui résiste encore et toujours.
C'est un personnage pathétique et grotesque, violent et arrogant, espérant à lui seul changer le cours de l'histoire. Raciste et antisémite, il déteste les Arabes et les Juifs.
Un personnage féminin le suit durant une grande partie de son existence, la Mauresque Ouhria, la seule qui ose le défier en lui répondant :
- « Foutez-moi la paix, monsieur Albert ».
Un livre magnifique, une très belle écriture sur un sujet épineux.
Mathieu Belezi est un très grand écrivain dont j’aime beaucoup l’œuvre.
Je n’ai pas relu ma chronique pour « Les vieux fous » en écrivant celle-ci.
Extraits :
- nous avons purgé les villes, nettoyé les campagnes, brûlé les commerces de ceux qui s'engraissaient sur notre dos
- La révolution nationale était en marche
- Arrêtez de délirer, Monsieur Albert, et laissez plutôt l'Algérie redevenir algérienne. Qu'est-ce que ça peut vous faire que l'Algérie redevienne algérienne ?
- j'ai baisé les mains que me présentaient les femmes du maire et du commissaire, lorgnant du côté des hanches de l'une et des seins de l'autre que je connaissais bien
je veux parler des seins
- Comme si un docteur avait le pouvoir de faire taire des mitraillettes dans ce boxon à traîtres qu'est devenue l'Algérie...
- l'Algérie ne valait-elle pas quelques sueurs ?
- Dans ce creuset rougi par un radieux soleil se sont fondus les ossements glorieux de tous les pionniers, tombés pour ouvrir les larges routes de la civilisation
- Vous avez Alger à vos pieds, Monsieur Vandel. C'est un privilège que beaucoup doivent vous envier
-… nous nous asseyons à notre tour pendant que dehors la nuit d'Afrique tombait comme une pierre, et que les cigales à bout de force repliaient leurs ailes enrouées sous la pluie des arrosoirs qui noyaient le jardin
- le malheur avait fini par rentrer chez moi, comprenez-vous ?
Éditions : Le Tripode (2024).
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
Attaquer la terre et le soleil.
les vieux fous.
C’était notre terre.
Un faux pas dans la vie d’Emma Picard.