MARÉCHAL Fabien / L'Attendeur ( De Première Classe).
L’Attendeur (De Première Classe)
Fabien MARÉCHAL.
Note : 5 /5.
Á bon attendeur, salut !
Quatrième ouvrage de Fabien Maréchal chroniqué sur ce blog, auteur découvert il y a déjà quelques années avec un excellent recueil de nouvelles : Nouvelles à ne pas y croire.
Un proverbe dit : « Le temps c’est de l’argent », alors combien d’argent perdons-nous dans ce qui nous semble interminable : L’ATTENTE.
Un scientifique français (Cocorico) a découvert comment faire attendre d’autres personnes à notre place. Enfin à la place de gens plus importants que vous ou moi !
Une nouvelle profession a ainsi vu le jour : LES ATTENDEURS.
Grégoire Furnier est l’un de ceux-là. Et de première classe en plus.
Ce qui impressionne réellement la concierge de l'immeuble parisien où il réside, Madame Fonseca, qui en parle à sa nièce Lisa, adolescente un peu rebelle, qui s'en fout complétement.
Mais la période de gloire de Grégoire va avoir une fin brutale. Un jour qu'il remplaçait le ministre de l'intérieur Carsenti qui devait faire un discours en plein air, quelques petits grains de sable ont déréglé la machine qui devait mesurer le temps.
Et le ministre de l'intérieur, tel François Hollande à l'île de Sein, s'est pris une averse carabinée qui a fait rigoler la France entière. Sauf lui bien sûr et le supérieur de Grégoire qui a licencié celui-ci sur-le-champ.
Mais que faire quand on est un attendeur de surcroît de première classe ? Attendre une opportunité ? Mais que sait-il faire d'autre qu'attendre !
Alors, il se transforme en Don Quichotte des temps modernes. Il attend à la place d'un ouvrier turc qui devait être expulsé, et qui ne le sera pas.
Madame Fonseca lui propose de venir en aide à sa sœur Marie car son mari David a la main un peu leste et à sa nièce Lisa.
Il accepte, faut bien passer le temps…
Mais trafiquer le temps n'est ce pas sans inconvénients ou dangers ?
En effet, certaines choses sont bizarres, un de ses collègues lui dit s'être retrouvé dans la rue, avec un gâteau qu'il voulait acheter et n'avait aucun souvenir d'être entré dans la boulangerie !
Mais Grégoire n'est pas au bout de ses surprises !
C'est très bien écrit, avec beaucoup d'humour, des personnages attachants, bref une lecture très agréable.
J'ai parfois pensé à l'écrivain irlandais Flann O'Brien pour cet humour décalé et à contretemps. Le temps, toujours le temps !
Extraits :
- Je me suis retenu de préciser que la dérive des continents avait plutôt tendance à éloigner Toulouse de Kourou et de la Guyane, mais je saisissais l'idée générale.
- On n’aide jamais uniquement par altruisme, n'est ce pas ?
- Lui-même, avec son uniforme bleu nuit empesé, semblait sortir d'un jerricane d'amidon.
- ... Plus loin la rue du Cotentin qui, avec toutes ses crêperies, ressemble à un repaire de naufragés bretons - Montparnasse est à Quimper ce que le cimetière des éléphants est à la savane.
- On voit Carsanti en gros plan, mortifié, lors d'une cérémonie à Étampes, l'air de sortir du lave-linge sans essorage, les cheveux aplatis par la pluie.
- Maintenant, cette austérité prenait l'allure d'une dépossession.
- J'ai tapé cet acronyme dans Google et je n'ai trouvé que God Save the Kouign, un festival de rock en Bretagne.
- Et aujourd'hui ? Toujours incapable de savoir ce que je vais faire de mon existence.
De mes mains.
De mon cœur.
De mes couilles.
Voilà, c'est dit.
- Lisa a les yeux Kalashnikov, et ca lui va plutôt bien.
Éditions : Le Chant des voyelles (2024).
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
Nouvelles à ne pas y croire.
Dernier avis avant démolition.
Plus personne pour aujourd’hui.