Labyrinthe
Labyrinthe.

Louis GUILLOUX.
Note : 4/5.
En route pour Paris.
Roman posthume de Louis Guilloux dont je continue de découvrir l’œuvre.
C’est la nuit de Noël, ce n’est pas la fête pour tout le monde. Un prisonnier, pour s’évader, en vient aux mains avec son gardien, il pense l’avoir laissé pour mort, lui vole ses chaussures et bénéficie de l’aide de sa fille pour sortir de la prison.
Commence alors une marche dans un paysage enneigé pour tenter de gagner Paris et retrouver une dénommée Thérèse qui doit l’attendre.
En chemin il rencontre plusieurs personnages qui l’invitent à venir boire avec eux. Ils rentrent dans un bar où un jeune soldat est attaché, couvert d’ecchymoses, vêtements déchirés, une forte tête assurément. Tout ce petit groupe mange de bon cœur, puis part à l’aventure. Notre narrateur se retrouve donc seul, mais pas pour très longtemps, un homme ivre fera quelques pas avec lui dans la neige.
Cherchant toujours la direction de Paris, notre homme marchera ; dans un bois, il découvrira un pendu et en profitera pour lui dérober ses chaussures. Il voit au loin une fumée et s’en approche et fera la connaissance de Grégoire Cantin, être marginal vivant sous terre, qui lui fera visiter son gourbi.
Mais les souvenirs reviennent, avant la prison, une vieille femme tondue à la libération, puis une bagarre dont il sortira vainqueur, mais le vaincu sera découvert mort le lendemain…
Ce roman est un défilé de personnages fortement hors normes. Le narrateur est bien entendu le sujet principal de cette œuvre. Nous savons peu de choses de lui, sauf quelques retours en arrière qui expliqueront sa situation et son séjour derrière les barreaux. Ensuite viendra, pour peu de temps, Léon, gardien de prison, être adipeux dit « Le phoque », sadique et tortionnaire avec les prisonniers. Sa fille, Germaine, qui fut en 1943 faite prisonnière par la Gestapo et qui était revenue vivre avec son père à son retour de Ravensbrück. Nous croisons, de manière brève, une bande de fêtards célébrant Noël, un Monsieur Morel ivre mort, un pendu dénommé Monsieur Renaud. Une femme prénommée Danièle, ancienne maîtresse de jeunesse du narrateur, son époux Pierre Belesta, puis un capitaine, Marny de son nom. Puis nous rencontrerons Grégoire Cantin, ermite anarchiste, être non conventionnel et attachant.
Deux autres personnes sont évoquées, Sirio, un ami du narrateur et une dénommée Thérèse qui attend l’évadé à Paris.
L’écriture est toujours belle, mais la forme est déroutante, et la lecture relativement ardue.
Une très intéressante postface signée Yvonne Besson clôt cet ouvrage et elle nous dit ceci :
- Si Labyrinthe est lié à un échec peut-être douloureux, c’est pourtant un texte précieux.
Extraits :
- Quand les cloches se mirent à sonner, je me souviens que c’était Noël et qu’il allait être minuit.
- « On ne se délivre que de la peur. » Cette phrase me traversa l’esprit.
- À vrai dire, ce pendu de Noël était un admirable pendu, dans son genre, un pendu fort respectueux des convenances
- J’étais vainqueur, mais épuisé. C’est généralement le cas des vainqueurs.
- Le bon sens était comme trop souvent dans la patience.
- Chagrins intimes ! Était-ce une façon de ne rien dire ou… la vérité ? Comme j’aurais voulu voir son visage !
- Moi, dit-il, j’aurais voulu avoir des enfants… Mais personne n’a voulu de moi…
Éditions : Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1999.
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
La maison du peuple, suivi de Compagnons.
Salido suivi de O.K.Joe !
Vingt ans ma belle âge.
Coco perdu.
Dossier confidentiel.