Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
Derniers commentaires
Archives
1 octobre 2022

Le CLÉZIO J.M.G. / Chanson Bretonne suivi de L'enfant et la Guerre.

Chanson-bretonne-L-enfant-et-la-guerre

Chanson Bretonne
suivi de L’enfant et la guerre. *
Jean Marie Gustave Le CLÉZIO.
Note : 5 / 5.
Requiem pour une Bretagne disparue.
Je découvre sur le tard l’œuvre de J.M.G. Le Clézio.
Un proverbe ne dit-il pas « Qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire ». Pour bien lire pourrais-je ajouter !
Deux contes dans cet ouvrage. Dans une courte présentation, l’auteur nous fait remarquer qu’il ne fera pas de récit chronologique et il ajoute que les souvenirs sont ennuyeux, ce que son écriture dément aussitôt.
Dire que j’ai adoré « Chanson Bretonne » est bien en dessous de la vérité. Un peu comme l’auteur, la Bretagne était un lieu de vacances, pour moi Paimpol et les Côtes-d’Armor, pour Le Clézio, Sainte Marine et le Finistère Sud, que je connais bien ayant été de nombreuses années un fidèle du salon du roman policier de Penmarc’h.
Sainte Marine, dont l’auteur dit ceci :
- « Si je reviens au village de mon enfance, ce village d’été où je suis allé chaque année, sitôt l’école finie, Sainte Marine, je ne reconnais aujourd’hui à peu près rien. »
Le port de pêche est devenu un bourg pimpant destiné aux touristes, l’odeur des galettes a remplacé celle du gasoil, est-ce bien ?
Le Clézio s’intéresse aussi énormément à la langue Bretonne, celle qui était parlée tout naturellement dans les familles par tous les enfants du village. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
Égrenons, nous aussi, les noms des villages et des bourgs dont il est question ici : Sainte-Marine, Pont-l’Abbé et sa célèbre église de Lambour, Combrit, Loctudy, le Guilvinec ou Penmarc’h.
Souvenirs des enfants de l’époque avec leurs prénoms qui laissaient deviner leurs origines, Yanik, Mikel, Pierrik, Ifig, Paol, Erwan, Fanch ou Soizik !
Un des derniers chapitres de cet ouvrage se nomme :
- « Vers l’autonomie ? »
Dans « L’enfant et la guerre », Le Clézio remonte encore plus dans ses souvenirs, c’est la guerre, nous ne sommes pas en Bretagne mais dans les hauteurs de Nice où la famille s’est réfugiée. Cette guerre n’est pas réellement omniprésente, on vit chichement, mais fin 1944, l’auteur a vécu l’arrivée des soldats américains dans ce village. Moment d’émotion inoubliable.
Les personnages qui ont marqué J.M.G. Le Clézio et dont il parle dans ce livre sont des gens tout ce qu’il y a d’ordinaire, une Mme le Dour, fermière de son état, chez qui il allait chercher le lait chaque jour. Dans un chapitre intitulé « Un héros breton » parle d’un homme, Hervé, un simple pêcheur de crevettes qui fut un aventurier, un peintre du dimanche, un héros tout simple.
Dans la seconde partie de ce livre, nous découvrons un héros, un autre, un dénommé Mario. Ce très jeune homme est mort déchiqueté par la bombe artisanale qu’il transportait. On ne trouva de lui qu'une mèche de cheveux roux.
Extraits :
-Si je reviens au village de mon enfance, ce village d’été où je suis allé chaque année, sitôt l’école finie, Sainte-Marine, je ne reconnais aujourd’hui à peu près rien.
- Les gosses de Sainte-Marine (dont nous faisions partie), c’était pour la plupart les fils et les filles des pêcheurs qui peuplaient le village.
- Cette génération-là était encornée dans la langue Bretonne, et même si à l’école publique on leur interdisait de parler « patois » -c’est comme cela qu’on appelait le breton à l’époque- l’été célébrait la liberté de la langue.
- La vraie cause de l’abandon de la langue Bretonne, ce sont les Bretons eux-mêmes qui en portent la responsabilité.
- S’il y a des pêcheurs, ils sont là-bas, perdus dans la brume, du côté de Penmarc’h, où vers le raz de Sein.
- C’était la fin d’une époque et le commencement d’une autre, mais nous n’en savions rien. Fions croire que cela durerait toujours.
- Il en parle en hésitant, en choisissant ses mots, parce qu’il doit les traduire de la langue Bretonne dans laquelle il est né.
- C’est un cri si strident que j’ai l’impression, en essayant de m’en souvenir, qu’il ne sort pas de ma gorge. Il sort du monde entier.
- Donc la guerre, mais à Nice, cela ressemble à une guerre d’opérette.
- J’ai trois ans. Est-ce qu’on peut mettre des mots sur ce que l’on ressent à cet âge ?
- Et l’autre Mario, un héros de la Résistance, un communiste italien qui haïssait Hitler et Mussolini, au point de transporter une bombe au petit matin, de perdre la vie en trébuchant sur une racine.
Éditions : Gallimard (2020).
Autre titre de cet auteur sur ce blog :
Tempête (Deux novellas).
* Deux contes.
Publicité
Commentaires
S
Ton enthousiasme me donne envie de lire ces textes que je n'ai pas lus non plus. Je suis installée dans le Trégor depuis peu et j'aime cette région.
Répondre
Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
Publicité
Newsletter
Publicité