MILLET Pascal / Bout portant.

Bout portant.
Pascal MILLET.
Note : 4 / 5.

Huis-clos en Volvo !

Nouveau roman de Pascal Millet, sorte de road movie (pour la voiture) immobile car celle-ci ne bouge pas !

Nous sommes dans une vieille voiture qui a fait son temps et est à l’arrêt. Sur les places arrière, deux femmes, Joséphine et Nicole, et un homme, Louis, trois anciens qui ont fait une partie de leur temps ! Devant, Manu au volant qui se demande tout le temps ce qu’il fait dans cette galère, et une femme Anne, revolver en main, qui semble ne pas avoir beaucoup de temps devant elle.
En effet elle est prête à descendre le chauffeur et tous les passagers, un, toutes les dix secondes. Pourquoi tant de haine ?
Elle veut à tout prix, même à perpétrer des meurtres de sang froid, récupérer des manuscrits écrits par son frère décédé ! Ledit frère ayant obtenu un certain succès littéraire, mais ces manuscrits existent-ils ?
Si oui, où sont-ils, et en possession de qui ?
Pourquoi s’en prendre aux passagers de cette voiture, qui semblent bien innocents ! Mais le sont-ils vraiment ?
Et quel est le rôle de chacun dans l’édition de ce livre et aussi qui est l’omniprésent Monsieur Simon.  Omniprésent, bien que mort, et de mort violente ?
Bref les questions s’accumulent, l’ambiance se dégrade et l’odeur devient de plus en plus forte, la peur et le reste provoquant des accidents intestinaux…

Le manuscrit du livre édité est-il si bon que cela ? Ou alors, a-t-il fortement été retravaillé ? Qui est l’auteur de cette lettre contenant une simple feuille de papier avec ce seul mot « Voleur » ?

Et puis chacun ne cache-il pas quelques cadavres dans son jardin ?
Le temps (encore lui) passe, de nouveaux personnages passent et certains trépassent.
Et à la fin, la Volvo reprend la route !

Un roman plein de renversements, de fausse-trappes (et aussi de fosse-trappes), de personnages farfelus, de références littéraires et peut-être un ou des manuscrits !
Beaucoup d’humour, parfois noir dans ce court roman et de belles illustrations en noir et blanc signées Eric Enjalbert !

Extraits :
- La bagnole affiche 354232 km au compteur, le moteur bouffe autant d’huile que de diesel et crache une fumée noire.
- Femme fatale et plusieurs fois décédée sur les planches, elle adore mourir.
- Il m’avait trouvé une place dans un EHPAD, Les Macareux, ça s’appelle.
- Il pliait, mais était comme dans la fable, ne rompait pas. Un roseau, solide.
- Ce que Louis ne vous dit pas, c’est que la fin de vie est un naufrage social. Un vieux dans une maison de retraite n’a pas plus d’importance qu’un objet abandonné au Mont-de-Piété.
- Ce matin-là, il n’y avait qu’une lettre dans la Boîte Postale. J’ai ouvert. « Voleur ».
- Le problème, avec les livres, c’est qu’ils vous accompagnent parfois tout au long de votre vie, du moins pour les plus importants.
- Le comportement criminel trouve le plus souvent son origine dans la frustration, murmure Joséphine en dessinant sur sa vitre un pendu.
- Tout le monde n’est pas Jack London et rare sont ceux qui voyagent autant que Cendrars ou Nicolas Bouvier. L’écrivain d’aujourd’hui est un mollasson, une fripouille de salon qui s’invente une vie d’aventurier.

Éditions : Rue du Départ / Voyage noir. (2022).

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