PAULIN Frédéric / La fabrique de la terreur.

La fabrique de la terreur.
Frédéric PAULIN.
Note : 4,5 / 5.
Que reste-t-il des printemps arabes ?

Troisième et dernier tome de la trilogie commencée avec « La guerre est une ruse » puis suivi de « Prémices de la chute ».
Cet ouvrage débute en 2010 et se termine en 2015, année où, suite aux attentats de Paris, la France conduit des raids aériens contre Raqqa.
Nous sommes en Tunisie en 2010. Un homme s’immole par le feu.
C’est le début de la Révolution qui verra Ben Ali s’enfuir.
Mais est-ce réellement un pas vers la liberté pour le peuple tunisien ? Car les extrémistes musulmans vont tenter de profiter de l’occasion pour prendre le pouvoir !
Une période trouble se prépare.
En France, Laureline Fell peste contre la réforme des services du contre-espionnage, elle s’intéresse à un certain Mohamed Merah, mais ses supérieurs ne la suivent pas, pour eux la mort d’un soldat au cours d’une vente de scooter est l’œuvre de l’extrême droite…
Vanessa, fille de Tedj Benlazar et journaliste free-lance, enquête à Lunel, haut lieu de la radicalisation. Elle s’intéresse en particulier à un jeune homme, Simon, elle tente de l’interviewer, de comprendre ses motivations, puis plus tard de l’aider quand il sera parti en Syrie. Où elle se rendra également…
Un peu partout dans le monde, des attentats ont lieu, Bruxelles, Madrid, Paris, Londres etc…
Et les morts, victimes innocentes, s’accumulent !
Nous retrouvons les « héros » récurrents des deux précédents ouvrages.
Tedj Benlazar, ancien de la  DGSE, rescapé de nombreuses missions à haut risque, en Algérie et ailleurs. Il a beaucoup vieilli et est en retraite, mais  sa fille et les évènements font que…
Laureline Fell vit avec Tedj, mais elle est mutée à Paris sous les ordres de bureaucrates connaissant peu le terrain.
Vanessa a des problèmes de couple et ses articles ne sont pas toujours bien vus par certains journaux. Elle tente de coller à la réalité en voyant beaucoup à ses risques et périls.
Beaucoup de personnages connus dans cette histoire qui nous ramène quelques années en arrière en France comme dans les pays du Maghreb et en Syrie.
Dans le monde politique français, je décerne la palme d’or de la phrase la plus stupide à Michèle Alliot-Marie qui, dans un discours à l’assemblé nationale, ose dire ce qui suit :
- « Le savoir-faire de nos forces de sécurité qui est reconnue dans le monde entier permettent (sic) de régler des situations sécuritaires de ce type. »
C’est très bien écrit et extrêmement documenté, mêlant adroitement les faits historiques et le roman.
Mais la question reste sans véritable réponse ; comment et pourquoi des jeunes en Belgique, en France et en Grande-Bretagne, pas forcément issus de l’émigration, deviennent de dangereux terroristes et partent combattre et souvent mourir au nom de la religion ou d’une haine du monde occidental et du rejet de la laïcité à la française pour nos ressortissants ?
Extraits :
- D’autres détonations résonnent dans les rues. Cette fois, des manifestants sont touchés.
- Pourquoi Ishane collerait Merah en dehors des heures de service ?
- D’autre part, il y a la maison de Paimpol. Réif a beaucoup de congés et il aime aller à Plouézec.
- Mais il n’est plus qu’un petit vieux, assis sur le quai de la gare qui attend le « dernier train ».
- L’union devant Allah était bien plus importante que celle de l’État civil.
- Beghal est passé par Londres. Enfin par ce que l’on appelait à l’époque le Londonistan : autour de la mosquée de Finsbury Park, ça grouillait d’islamistes radicaux.
- Tu me vois servir des femmes en maillot de bain ? Ce n’est pas digne d’un bon croyant.
- Les salafistes sont à Toulouse, mais aussi à Montpellier, Albi et à… Lunel.
- Mais les flics, les profs et les journalistes, dans leur ensemble, ont intérêt à nuire à l’islam, c’est Hasib qui lui a expliqué.

Éditions : Gallimard (Agullo éditions) 2020. Folio policier pour l’édition de poche.
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
La grande peur du petit blanc.
La guerre est une ruse.
Prémices de la chute.
Voir aussi plusieurs nouvelles dans des recueils collectifs.