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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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21 février 2022

BUKOWSKI Charles / Le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau.

Le-capitaine-est-parti-dejeuner-et-les-marins-se-sont-empares-du-navire

Le Capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau.
Charles BUKOWSKI.
Note : 4 / 5.

Écrits de nuit*.
Si j’en crois la quatrième de couverture (et pourquoi ne pas la croire), ces écrits sont une sorte de journal intime écrit à la demande d’un ami par Bukowski quelque temps avant sa mort.
Ces textes, qui sont tous précédés de la date et l’heure de leurs écritures, démarrent le 28.8.91 à 23h28, pour s’achever le 27.2.93 à Minuit 56 (Je respecte la formulation du livre).
Les choses et tracas de la vie touchent tout le monde, même un écrivain comme Charles Bukowski. Mais il n’est pas donné à n’importe qui d’en faire une œuvre cohérente.
La première phrase d’une journée de ce livre le 11.9.91 à 1 h 20 donne le ton :
« Il faut que je me coupe les ongles des pieds ».
Sinon, il nous explique sa passion pour les courses de chevaux et les hippodromes. Il dit en parlant de ceux-ci que même là-bas on s’y ennuie ! Même quand il gagne ! Mais il ne peut pas rester plusieurs jours sans y retourner, ils semblent nombreux dans la région. Il joue mais aussi observe le monde autour de lui tout en gardant ses distances.
Chose surprenante, il explique qu’il a beaucoup gagné en vitesse et en inspiration depuis qu’il travaille sur son Mac !
Il doit pourtant s’en passer quelques jours, un de ses chats ayant uriné dedans.
Le retour à l’écriture sur papier s’avère peu concluant.
Il parle de choses qu’il déteste, le monde d’Hollywood avec par exemple sa présence à une avant-première cinématographique !
Il ne supporte pas non plus les visites (matinales) de soi-disant fans qui disent avoir lu tous ses livres, ou d’autres qui viennent pour des interviews se faisant passer pour des journalistes.
Des instants de bonheur quand il trouve enfin un titre pour l’un de ses poèmes, titre trouvé miraculeusement durant la nuit :
« Poèmes de la dernière nuit sur terre. »
Un chapitre amusant, on lui fait la proposition d’une série télévisée sur sa vie ! Avec l’acteur qu’il a lui-même pressenti, ils devinent la catastrophe à venir. Cette série ne verra jamais le jour ! Heureusement !
Il est comme d'ordinaire dans les œuvres de Bukowski, beaucoup question de musique et de littérature. Musique dans les œuvres qu'il écoute la nuit, quand il écrit sur son Mac, surtout de la musique classique, Malher entre autres.
Parmi les nombreux écrivains cités, il rend un hommage très appuyé à Sherwood Anderson dont il dit ceci :
- Le bien écrire tue l'écriture. Ainsi Sherwood Anderson est-il, opinion toute personnelle, l'un des rares à avoir tiré parti d'un mot aussi hardiment qu'il aurait fait d'un bloc de pierre d'une pièce de viande. Il SCULPTE ses mots sur la page.
Il en parlait déjà en termes très élogieux dans son livre « Sur l'alcool ». Cela m'incite vraiment à découvrir cet auteur.

Il cite de nombreux autres hommes de plume, Tourgueniev, D.H.Lawrence, Gorki dont il pense qu’il n’a jamais existé, ou Hemingway.
Une œuvre étrange, mais non sans intérêt. On y découvre un Bukowski inconnu, parlant sans pudeur de lui-même, démystifiant certaines choses à son sujet, écrits d'un homme évoquant sa mort prochaine, et de la vie qui a précédé celle-ci.J’aime beaucoup cette réflexion pleine de bon sens et de vérité :
- J'ai été pauvre durant soixante ans. Aujourd'hui, je ne suis plus pauvre, mais je ne suis pas riche.
Les dessins en noir et blanc (plutôt noir d’ailleurs ou gris très foncé) de Robert Crumb reprennent des phrases des textes qu’elles illustrent.

Extraits :
- Mon âme est en danger. L'a toujours été.
- L'hippodrome est un résumé de la condition humaine : la vie ferraillant contre la mort jusqu'à l'ultime défaite.
- Ils ne s'obsèdent que sur la baise, le cinoche, le fric, la famille, tout ce qui tourne autour du sexe.
- Pour moi, seul le glas sonnera.
- La mort s'approche, je sens déjà son souffle et pourtant je me comporte comme si j'avais l'éternité devant moi.
- Les riches survivront, ils ont toujours trouvé le moyen de ponctionner le système.
- Désormais, je réserve mes nuits à l'ordinateur et à la boisson, parfois au mélange des deux.
- Oui, ça été mon année la plus productive. Le vin se bonifie en vieillissant.
- Je vais je viens entre le roman, les poèmes, les chevaux, et je suis toujours vivant.
Éditions : Grasset (1999) et Le livre de poche pour l’édition de poche.
itre original : The Captain is out to Lunch and the Sailors Have Taken Over the Ship. (1998).
Traduit de l’anglais par Gérard Guégan.
Illustrations de Robert Crumb.
* Pour la plupart.
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
Sur l’alcool.
Sur l’écriture.
Contes de la folie ordinaire.
Au sud de nulle part.
Factotum.
Souvenirs d’un pas grand-chose.

 

 

 



 

 

 

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