Le DEZ Mérédith / Un libraire.

2 décembre 2021

Un libraire.
Mérédith Le DEZ.
Note : 5 / 5.
Lettres à un ami défunt.
Je découvre cette auteure (ou autrice, au choix) par l’intermédiaire de ces très beaux courriers qui resteront hélas sans réponse.
Titres des chapitres :
Prologue. Solstice d'été. Les équinoxes. Au temps du Sagittaire. Les éclipses. Solstice d'hiver. Épilogue. Remerciements.
Cet ouvrage commence par une phrase de Louis Guilloux, extraite du livre « Le pain des rêves » édité en 1942 par Gallimard :
«Mon livre d'école était farci de belles images, dont je m'enchantais. »
Le pain des rêves était l'enseigne de la librairie de Jacques Allano, à Saint-Brieuc. Mérédith Le Dez nous dresse le portrait de ce qu’elle nomme une figure exceptionnelle, un grand libraire, commerce jugé hélas par le gouvernement comme non essentiel et contraint à la fermeture pendant les périodes de confinement. Il s'est suicidé le 16 mai 2000.
Chacun de ses courriers commence par des extraits d’ouvrages plus ou moins récents, d’auteurs français ou étrangers.
Alain Emery avec un extrait de « La laisse de mer » que je reconnais ne pas avoir encore lu, mais promis Alain, je vais y remédier bientôt.
Marie-Hélène Prouteau pour ce très beau livre « Le coeur est une place forte ».
Ces extraits m’ont permis de me rafraîchir la mémoire avec la redécouverte d’un excellent recueil de nouvelles « Rodano » d’Hervé Carn, recueil que j’avais beaucoup aimé à sa sortie.
Je suis très loin de mes bases littéraires, mais ce livre est un vrai bonheur que je conseille fortement.
Nous découvrons au fil des pages cet homme Jacques Allano, libraire érudit et amoureux de son métier, peut-être un libraire d’un autre temps. Figure attachante s’il en est.
En plus des deux personnages principaux, il est aussi question de nombreux écrivains et de Saint-Brieuc.
La ville de Saint-Brieuc, ville d’écrivains, est omniprésente dans cet ouvrage, et la Bretagne aussi. Parmi les grandes plumes de Saint-Brieuc il est souvent question de ce très grand écrivain qu’est Louis Guillou, l’incontournable Louis Guillou !
Un autre écrivain de cette ville est cité, un homme charmant que j’ai eu le bonheur de rencontrer dans ma vie antérieure en Bretagne et que j’aime beaucoup, Jean-Claude Le Chevère qui vient parler d’un de ses ouvrages, « La lettre ». On croise également au fil des pages, Fabienne Juhel, souvent rencontrée dans différents salons littéraires de Bretagne.
Un grand livre, des textes touchants, plein de bonté et de poésie, mais avec aussi beaucoup de pudeur.
Je pense que je vais garder précieusement ce livre, pour en relire certains passages de temps en temps.
Extraits :
- Jacques Allano. Un libraire. Une figure. Un personnage. Une légende.
- Nous venions de rouvrir. Trop tard pour toi. Tu m'as dit, bouleversé, le dimanche d'avant la reprise : j'ai perdu tous mes repères.
- La maison n'était pas ma maison, que tu connais, à Saint-Brieuc, mais celle de ma grand-mère, à Plouha, ma grand-mère décédée il y a treize ans et dont le deuil m’est si difficile.
- Parfois j'imagine le jeune homme que tu as été. Je sais qu'à seize ans déjà tu avais des lectures extraordinaires pour un adolescent de cet âge…
- Dire que j'ai dû combattre la pagaille dont tu avais le sens inné, au risque parfois de te chambouler ! Pardonne-moi, Jacques, si d'aventure mon acharnement en la matière t'a causé quelque peine.
- Cher Jacques,
Nous sommes après et je t'écris des lettres d'Avent.
- La Bretagne était ma terre promise et je suivais ma grand-mère au jardin…
- Ma vie amorçait un virage. Je renouais avec les livres après m'en être éloignée, paradoxalement, en devenant professeur de lettres.
- On peut mourir de chagrin. On peut crever de solitude, C’est donc vrai, Jacques.
- Passagèrement, je fus libraire. Définitivement je ne le suis plus.
Éditions : Philippe Rey (2021).