COUPLAND / Joueur_1.

Joueur_1.*
Douglas COUPLAND.
Note : 4, 5 / 5.
Apocalypse now.
Second roman de Douglas Coupland sur ce blog, après l’excellent « Génération X ». Ici, le style est différent, mais toujours d’un humour décapant.
Cinq heures dans la vie de cinq personnages, pendant un huis-clos !
Nous sommes dans le bar d’un aéroport, ce qui, il faut bien le reconnaître, n’est pas vraiment un endroit idyllique. On pourrait même dire, drôle d’endroit pour une rencontre, surtout supposée amoureuse. Karen, mère d’une adolescente, est divorcée, elle a pris l’avion pour rencontrer un homme. Durant ce voyage, un jeune homme a une attitude un peu ambiguë à son égard.
Rick, lui, espère voir enfin Leslie Freemont qui doit donner un nouveau sens à sa vie qui en est bien dépourvue. Celui-ci passe mais trop rapidement au goût de Rick, car les conseils de ce Monsieur ne sont pas gratuits !
Luke, lui, est en cavale, cavale peu ordinaire. Pasteur d’une congrégation plutôt orthodoxe, il l’a quitté mais pas seul. Il a en effet emporté, à toutes fins utiles, la caisse. Dieu, aide-moi, mais les dollars, cela aide aussi. Sûrement plus que Dieu !
Rachel, suite à des réflexions de son père, cherche un mari, mais pour elle aussi, est-ce bien un endroit propice pour une rencontre, même du second type ? Elle élève des souris pour les laboratoires, elle sait qu’elle est une femme hors-normes, pour ne pas dire incomplète, sans sentiments ni envies.
Le joueur_₁ se manifeste brièvement, observant ce beau monde, le moins beau également.
Les nouvelles de l’extérieur sont alarmantes, les prix du pétrole flambent à la vitesse grand V. C’est l’apocalypse.
Dans le bar, la panique grandit, un nouveau personnage est également présent (pour peu de temps), Warren, le rendez-vous de Karen, il ne ressemble pas aux photos envoyées à Karen. Il est abattu d’un coup de fusil venant de l’extérieur. Alors les clients du bar se barricadent, la peur au ventre, un tueur rode et n’est pas loin.
Dans le monde, la situation est de plus en plus déréglée, alerte chimique, transports à l’arrêt, l’apocalypse.
Tous ces gens vont être obligés de cohabiter, pour le meilleur ou pour le pire...
Peu de personnages dans ce roman apocalyptique, et certains ne verront même pas la fin.
Karen qui a un rendez-vous qu’elle espère galant avec un homme qu’elle ne connaît pas.
Le barman Rick est un homme seul qui pense avoir tout raté dans sa vie. Alors il a cherché le réconfort dans l’alcool, et maintenant en la personne de Leslie Freemont !
Luke, pasteur en cavale après avoir piqué les économies de sa paroisse.
Rachel, qui n’a qu’une obsession, enfanter pour qu’enfin son père la considère comme une humaine, c’est pas forcément l’endroit rêvé.
Et ce mystérieux Joueur_₁.
D’autres passeront, pour parfois un passage éclair : Warren qui a rendez-vous avec Karen, Leslie Freemont, moitié coach, moitié gourou mais vrai homme d’affaires, Bertis, un tueur et Max, un adolescent qui était dans le même avion que Karen et qui avait eu durant le voyage un comportement pour le moins équivoque.
Question, combien survivront à ce huis-clos, alors que dehors le monde est à feu et à sang ?
C’est très bien écrit, plein d’un humour décapant.
Ce livre se termine par un chapitre nommé : « La légende de l’avenir » qu’il faut lire et cette phrase m’a fait sourire :
- Agenda du pape Grégoire XIII :
Ne renvoie à rien de particulier, mais il aurait été intéressant de le consulter.
Extraits :
- À la télévision, ces annonces convaincantes promettent « Pouvoir ! Contrôle ! Argent ! Amis et Amour ! » Cinq choses que Rick ne possède pas du tout.
- Savez-vous que tous les êtres humains de la terre sont apparentés à une même femme qui a vécu il y a cent soixante mille ans dans un pays qu'on appelle communément « la France » ?
- Rick ignore quoi penser du trio avec qui les dieux l'ont cantonné. De ce qu'il perçoit, Luke est un ivrogne invétéré et possiblement un escroc. Karen est une maman-taxi qui a mal tourné et Rachel vient d'une autre planète.
- Regardez-vous : vous êtes une macédoine déprimante d'influences de la culture populaire et d'émotions neutralisées, vous êtes mus par le moteur toussotant de la forme la plus banale du capitalisme.
- Comment sa vie en est-elle arrivée là ? Il y a vingt quatre heures, il était…
- Pauvre Rick. Pauvre Luke. Pauvre Karen. Pauvre Max... Pauvre tout le monde, vraiment.
Éditions : Au Diable Vauvert (2021). Les Poches du Diable.
Titre original : Player One. (2010).
Traduit de l’anglais (Canada) par Rachel Martinez.
* Ce qu’il adviendra de nous.
Autre titre de cet auteur sur ce blog :
Génération X.