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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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22 avril 2021

PONTHUS Joseph / À la ligne.

 

A-la-ligne

À la ligne. *
Joseph PONTHUS.

Note : 5 / 5.
Merci patron…
Je n'ai malheureusement jamais croisé Joseph Ponthus, ayant quitté
Lorient quelques temps avant que ce livre rencontre ce succès absolument mérité.
Cet ouvrage nous décrit la vie d'un intérimaire dans certains des pires postes qu'il soit possible d'exercer pour que nous puissions remplir nos assiettes et que certains vivent très confortablement sur le dos du monde ouvrier.
Des boulots toujours plus « merdiques » les uns que les autres, charger des bulots sur un tapis qui défile, égoutter du tofu, puis encore plus déprimant le travail à la chaîne dans un abattoir !
Quelques lignes pleines de poésie :
Je vois un horizon lumineux comme un coucher de soleil sur l’île d’Houat un soir d’été.
Quelques moments de bonheur, des souvenirs parfois très lointains, une poignée de mains de Raymond Kopa, petit footballeur par la taille, mais grand par le talent. Il avait perdu quelques doigts dans un accident à la mine, il avait 16 ans à l’époque.
Les prolétaires des différentes usines de conserveries ou des abattoirs des environs de Lorient. Des personnages plutôt sympathiques sauf un abruti raciste et un autre qui violerait bien une ouvrière. Connard !!!
Il reste la famille, l’épouse qui, elle, a un poste sûr. Et le chien fidèle compagnon que l’on promène pour prendre l’air et sortir des odeurs de morts de l’abattoir !
J’ai, à la fin de ma lecture, un grand sentiment de colère (colère est un euphémisme). Comment, uniquement pour gagner un peu plus d’argent, traiter des ouvriers de cette manière inhumaine !
Il est à noter qu’il n’y a aucune ponctuation dans toutes ces lignes, des phrases courtes, donc un rythme rapide.
Malheureusement les prochaines fois où je retournerai à Lorient, je ne pourrais pas rencontrer Joseph Ponthus. Il est en effet décédé à l’âge de 42 ans du cancer dont il parlait avec beaucoup de pudeur dans cet ouvrage.
Beaucoup de références artistiques, littéraires ou musicales, Dumas,
Apollinaire pour la littérature, Jacques Brel et surtout Charles Trenet pour la chanson.
Durant les nombreuses années passées à Lorient, mes filles avaient des amis qui, faute de mieux, devaient accepter ces emplois, précaires et très durs. Nous en parlions parfois...
Extraits :
- J'ai pris un bouquin dans ma poche
Pressentant l'attente
L'absurde du boulot que nous faisons
J'ai choisi le Godot du grand Sam
- Mais Lorient à l'automne c'est un peu comme Paris
Le métro en moins
- Le vendredi et il pleut comme la Bretagne sait le faire
- Si ce n'est pas encore l'enfer
Qui finira bien par arriver
C'est bien un putain de purgatoire de merde
- Je ne vole rien
Ce n'est que de la réappropriation ouvrière
Tout le monde le fait
- À l'abattoir
J'y vais comme on irait
À l'abattoir
- Ça pue l'amer la mort la peur de la bête abattue
C'est encore tiède
- Mes cauchemars sont juste à la hauteur
De ce que mon corps endure
- J'aurais été si heureux d'être parmi ces « illettrés » que Macron conchie
- Eh Manu
tu viendrais pas avec nous demain matin pousser un peu de carcasse qu'on rigole un peu
- J'en suis à fredonner du Carla Bruni alors que je rêverais d'être en grève
- Trenet me sauve le travail et la vie tous les jours que l'usine fait
- Mon collègue Nico le métalleux qui va en pèlerinage au Hellfest tous les ans que Satan fait....
Éditions : La table ronde (2019).
* Feuillets d’usine.


 

 

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Commentaires
E
Coucou.<br /> <br /> Un excellent livre sur le pire du monde ouvrier!
Répondre
G
Beaucoup aimé aussi, et triste d'avoir appris sont décès si jeune. Ce livre est hors-norme et mérite qu'on le mette en avant.
Répondre
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