Haïti noir / Collectif (Présenté par Edwidge Danticat).

Haïti noir.
Collectif (Présenté par Edwidge Danticat).
Note : 3,5 / 5.
Quand le vaudou vire au noir!
Haïti, l’île martyre, mais qui a révélé de très bons écrivains. Dont voici un échantillon dans ce recueil de 18 nouvelles inédites. Les auteurs ici présents sont anglophones ou francophones, vivent à Haïti ou font partie de la diaspora.
Avec des nouvelles inédites de :
Madison Smartt Bell, Marie Lily Cerat, Louis-Philippe Dalembert, Edwidge Danticat, M.J. Fievre, Mark Kurlansky, Yanick Lahens, Kettly Mars, Nadine Pinede, Marie Ketsia, Theodore-Pharel, Josaphat-Robert Large, Patrick Sylvain, Rodney Saint-Eloi, Evelyne Trouillot, Katia D. Ulysse, Gary Victor, Marvin Victor, Ibi Aanu Zoboi.
Trois parties dans ce recueil : Magie noire. Eaux troubles et Noir sur blanc.
Ces nouvelles sont situées dans différents quartiers, aux environs de Port au Prince ou en Haïti :
Martissant vu par Marie Lily Cerat. Pétion-Ville vue par Louis-Philippe Dalembert. Ville Rose vue par Edwidge Danticat. Kenscoff vu par M.J. Fievre. Les Gonaïves vues par Mark Kurlansky. Saint-Marc vu par Yanick Lahens. Pacot vu par Josaphat-Robert Large. Gokal vu par Kettly Mars.Cap-Haïtien vu par Nadine Pinede. Rosanna vu par Rodney Saint-Éloi. Morne du Cap vu par Madison Smartt Bell.Christ-Roi vu par Patrick Sylvain. Croix-des-Bouquets par Marie Ketsia et Theodore Pharel. Lalue vu par Evelyne Trouillot. Puits Blain vu par Katia D. Ulysse. Port-au-Prince vu par Gary Victor. Carrefour-Feuilles vu par Marvin Victor et Delmas vu par Ibi Aanu Zoboi.
« Au bout de l’arc en ciel ». Méfiez-vous fillettes avec qui vous prenez des leçons de conduite, vous pourriez avoir des déconvenues.
« Le doigt ». Un vol qui se passe mal, un coffre fort vide, deux morts, une belle bague au doigt de la victime, alors on coupe le doigt pour la bague… Avoir la bague dans la poche n’est pas forcément une garantie de bonheur.
Direction Gokal et « L’auberge du Paradis ». Autant prévenir tout de suite, ni la ville ni l’auberge n’ont quoi que ce soit de paradisiaque. Alors ce pauvre commissaire qui doit prendre son poste ne sait pas ce qui l’attend ! Rien en fait. Un super texte. Chambre 6, table 6, clin d’ œil au feuilleton « Le prisonnier » ?
Delmas pour « Le harem ». Robby est un homme à femmes. Le jour du tremblement de terre, il veut réunir ses trois maîtresses du moment chez lui ! Pari insensé ?
« Rosanna » Elle a tout pour plaire. Orpheline, élevée par sa tante très aisée, grosse voiture et chauffeur. Le sport national en Haïti c’est le kidnapping. Elle est donc enlevée, mais j’allais oublier, elle est très belle et donc très désirable ! Un bon texte un peu à l’ancienne.
Coïncidence terrible. Hier soir, dimanche 11 avril, j’ai terminé cette nouvelle. Au matin du lundi 12 avril, j’ai tapé les quelques lignes qui précédent. Puis j’ai entendu au même moment à la radio que des religieux catholiques avaient été enlevés et qu’une rançon avait été demandée.
« L’ultime département » ou la question est : deux sœurs qui se détestent vont-elles se réconcilier à la mort de leur mère sur la terre qui les a vues naître ?
«  La colline bleue » parle d’écologie, des déchets que les pays riches envoient ailleurs. Les gens riches touchent de l’argent, les pauvres eux sont sacrifiés ! Il est beau le monde capitaliste.
Beaucoup de nouvelles donc beaucoup de personnages.
Odette et quelques-unes de sa famille ont un don. Mais qui va se retourner contre elles. Ben comme prof de conduite, pour un flic c’est un peu hors la loi ! Une tante, langue de vipère grandement logée à Brooklyn, c’est rare alors il faut en profiter. Et son frère, un prénommé Aramis, qui séduit deux sœurs. Compétition feutrée entre elles pour une place ailleurs. Un inspecteur qui enquête sur un tueur en série, sept crimes en sept semaines, dérange-t-il du monde ?
Un constat qui fait froid dans le dos, la misère est terrible, avec ce que cela comporte de criminalité, trafic de drogue, corruption, etc... Pour couronner le tout, magie noire et religion font bon ménage !
Pauvre pays qui semble à lui seul avoir tous les défauts du monde moderne.
Des nouvelles de qualités très inégales, comme dans tous les recueils du même genre. Des textes excellents, d’autres pour qui je semble être passé à côté, et pourtant je suis un passionné de la lecture de nouvelles.
Extraits :
- Vivre toute l'année dans cet environnement désolé, servir des clients de tous acabits dans leurs chambres… il y avait de quoi ébranler un jeune esprit.
- Sa mère reçut le charbon et le café en lui souriant de toutes ses dents, qu'elle avait au nombre de quatre.
- Était-il le seul, dans ce quatuor amoureux délirant, à être encore en vie ?
- Elle était belle comme un arc-en-ciel, disaient-ils quand il racontait son histoire. Elle ressemblait à un ange.
- Ici, personne ne s'interroge sur les fortunes spontanées. On peut partir du caniveau, dormir Job et se réveiller Crésus sans que cela étonne qui que ce soit.
- « Je voudrais que des ailes me poussent pour pouvoir rentrer à la maison », confiait-elle souvent à Bob Barker, le présentateur du Juste Prix.
- La politique et le vaudou, c'était tout ce que la plupart des gens connaissaient d’Haïti à cette époque-là, et dans les deux cas le sang avait coulé.
- Ti Taniyn, une décharge publique isolée où les mafieux et les hommes politiques viennent se débarrasser de leurs cadavres encombrants.
Éditions : Asphaltes ( 2012) .
Titre original : Haïti Noir (2011).
Les nouvelles en langue anglaise ont été traduites pour beaucoup par Patricia Barbe-Girault.