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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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15 mars 2021

EMERY Alain / Horn.

 

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Horn.
Alain EMERY.

Note : 5 / 5.
Quand la mer manque !
Dernier ouvrage (pour l'instant) d’Alain Emery. Un court roman comme il semble les affectionner.
Un homme imagine ce qu’il verrait s’il fermait les yeux. Mais ce n’est pas le moment. Il est en voiture, il a roulé toute la nuit pour rejoindre ses terres sur lesquelles il veut voir le soleil se lever. Il y revient à cause d’une lettre anonyme !
Il retrouve la maison et se souvient de ce grand-père, lascar
surnommé « le Dogue » par les anciens cap-horniers, mais appelé dorénavant « Bonhomme ». Grand amateur d’alcool de prune et de tabac gris, il est décédé depuis des années.
Mais Suzanne, elle, est encore présente, Bonhomme l’avait embauché comme bonne. Ils étaient veufs l’un comme l’autre, mais la rumeur dit que l’homme fut malgré tout excommunié.
Alors les souvenirs de famille reviennent, Bonhomme et son seul fils Michel, père du narrateur.
L’essentiel des conversations des hommes, c’était « Le Horn », ce cap que tout marin qui se respecte doit avoir franchi au moins une fois.
Mais dans la poche, la lettre… ce bout de papier qui révèle une vérité cachée ! Un lourd secret de famille de la période troublée de la guerre.
4 novembre 1943, Michel est à la maison, son épouse Solange est enceinte. Michel est considéré comme réfractaire, il n’a pas répondu à sa convocation pour le STO, depuis plusieurs mois il est pourchassé. Et finalement arrêté chez son père… dénonciation ou malchance ?
Michel reviendra d’Allemagne, amaigri et affamé, mais de caractère il a beaucoup changé...une sourde colère l’anime !
Il est persuadé d’avoir été donné… mais par qui ? Et l’après guerre est aussi l’époque de la vengeance et des règlements de compte.
Peu de personnages vivants, le narrateur, poète confronté à son histoire familiale, Suzanne, la seule encore vivante, la mémoire de ce récit.
C’est toujours un régal de lecture, très bien écrit.
C’est le roman d’Alain Emery qui me parle le plus, car j’ai été moi aussi un enfant du bord de mer, qui a en quelque sorte trahi les siens en n’étant pas marin, à part durant mon service militaire.
J’ai découvert, bien après le décès de mon père, des choses qui étaient tout à son honneur dont il évitait soigneusement de parler.
Extraits :
- C'est ici que je désire vivre et mourir. Je le sais, à présent.
- Je ne suis pas des leurs, je ne l'ai jamais été, mais j'ai pour ce vieux port une sorte de tendresse.
- C'est en bordure du quai, à flanc de colline, là où s'adossent au soleil de minuscules jardins de marins.
- Les marins à terre sont des chiens à l'attache, nous disait-t-il parfois.
- Le sang farouche qui coulait dans ses veines l'avait poussé au sacrifice et, le reste du temps, l'avait condamné au silence.
- On dit que l'absence laisse un goût sur les lèvres. Sur les miennes flottait une inqualifiable amertume.
- Elle commence avec les mois noirs. Le 4 novembre 1943.
- Accoudés à boire et à fumer, ces bougres s'ennuyaient et leur vie monotone s'étranglait en eux.
- Ils sont restés à l'écart du troupeau et le prêtre lui-même, reconnaissant en eux les pires mécréants de sa paroisse, a tenté de les ignorer. Eux ont gardé le silence.
Éditions : Terres du couchant (2021).

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