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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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12 octobre 2020

CORLOUËR Luc / La Chapelle des chiffonniers.

 

La chapelle 2
La Chapelle des chiffonniers.
Luc CORLOUËR.

Note : 5 / 5
.
Après les fortifs, avant les périph…. !
Roman de Luc Corlouër se déroulant en grande partie dans un Paris ancien et sa proche banlieue. Cette histoire est basée sur des faits authentiques. Et à cette époque la banlieue était aussi nommée « La zone » et était habitée par des personnages parfois peu recommandables, mais pas que.
L’auteur nous dit qu’il a pensé à ce récit une quarantaine d’années avant de l’écrire. La Chapelle des Chiffonniers d’Asnières a vraiment existé, mais elle a été reconstruite depuis.
Il y a dans ce texte deux personnages principaux que tout semble opposer. Seule chose qui pourrait les rapprocher, ils sont Bretons tous les deux, mais l’un de Haute-Bretagne, Tréguier, Eugène est prêtre, l’autre de Basse Bretagne, Malo, des environs de Vannes est un « bouffeur de curés ». Il a frôlé la mort plusieurs fois, il a participé à la guerre de 1870, puis à la Commune. Leurs destins vont se croiser. En effet Malo est chiffonnier à Asnières et Eugène est en quelque sorte chargé de christianiser toute cette population d’impies.
Après les fortifications, la misère règne, les habitants survivent, parfois de rapines. Parfois, ils achètent et revendent toutes sortes de choses, des chiffons aux métaux. Malo est de ceux-là. Avec d’autres miséreux, ils parcourent des kilomètres transportant de lourdes charges dans des voitures à bras. Malo est tombé dans une embuscade et a tué un de ses assaillants. « Les chaussures à clous » enquêtent, mais ils ne rencontrent que le silence. La solidarité est de mise, même lorsque l’un d’eux est en prison.
Eugène découvre ce monde, lui qui est entré dans les ordres par
obéissance. Ce rôle devait être tenu par son frère Louis, qui a préféré entrer dans la marine. Il doit maintenant se faire adopter, aimer et respecter dans cet environnement loin du sien. Il fera le bien, donnera de l’espoir à cette jeunesse déshéritée avec l’aide de la communauté des « biffins » car ce mot a un double sens, militaire ou civil !
Les occupants des zones bordant la capitale viennent des provinces
françaises à la recherche souvent vaine d’une vie meilleure. L’auteur nous rappelle l’animosité entre les Basques et les Bretons suite aux épisodes de l’île aux Chiens. Les Basques étaient souvent les tortionnaires des jeunes « Graviers Bretons », gamins sans défense.
Les personnages ne se souviennent plus de leurs noms de baptêmes, leurs surnoms sont Lapineau, Tignasse, Souricette, Louisiane, Patxi ou Vendémiaire !
J’aime beaucoup le vocabulaire employé par les « zonards », mélange d’argot et de langage populaire certainement difficile à comprendre pour la bourgeoisie qui vivait dans le Paris intra-muros de l’époque.
Ce livre est un hommage au petit peuple des banlieues, les oubliés de l’Histoire avec un grand H. C’est aussi un coup de chapeau aux prêtres de ces quartiers qui aidaient avec leurs modestes moyens à combattre la misère et l’ignorance, avec beaucoup de dévouement.
Extraits :
- On surnommait ces jeunes gens des graviers, rapport aux cailloux sur les grèves. Il faut dire que les Basques tannaient le cuir des gamins dès que les Bretons faisaient une couennerie o
u ralentissaient le régime. Alors depuis il y a cette différence entre nous et Pommelec a été gravier tout jeune !
- Les enfants livrés à eux-mêmes prennent les plus sales habitudes et ne respectent rien. Ils viennent du Nord, du Poitou et nombreux sont originaires de Bretagne et comme vous en parle la langue.
- Il fuit comme le labeur fuit les zoniers! Y'a qu'à voir !
- Ça c'est formidable parce que des Bretons il y en a partout ici. Il y en a de Brest, de Quimper, d'Auray et de Vannes aussi. Il y a aussi des familles de Rennes et de Paimpol vers la rue des Bourguignons, c'est bien vers chez vous, hein ?
- À l'évocation de son pays, il ne peut s'empêcher de se remémorer la phrase d'Ernest Renan, autre enfant de Tréguier : « le Breton aime les aventures, quitte facilement son pays, bien qu'il en garde toujours la nostalgie ».
- Non, j'ai pas maigri, j'ai dégrossi pauv'cloche.
- Et bien vous essayerez désormais de cesser ce ridicule accent Breton mâtiné d'intonation des faubourgs.
- Les zoniers rient bien de la confusion du prêtre et du mot d'argot utilisé involontairement.
- Ben l'était emballeur de refroidis, croque-mort, quoi !
Éditions : Feuillage (2020).
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
La tourmente. Kenavo.
Le bosco de Kerpalud.
De Port Louis à Port Louis.

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Commentaires
E
Mercie Aurélie.<br /> <br /> Je suis un grand fan de la littérature irlandaise. De la littérature de Bretagne aussi.
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A
Merci pour tous ces livres que vous partagez ! Je vis en Irlande mais j'adore la Bretagne, terre tellement propice aux romans !
Répondre
Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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