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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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12 mars 2020

BOSCO Henri / Le mas Théotime.

 

Le mas Théotime
Le mas Théotime.
Henri BOSCO.

Note : 4,5 / 5.
Histoires familiales.
Séjournant depuis plusieurs années maintenant dans les Alpilles, je vais m’intéresser à la littérature locale. Rassurez-vous, je suis et reste Breton , amoureux de la littérature de Bretagne et d’Irlande, mais changer d’horizon n’est pas mal non plus, bien au contraire ! Henri Bosco m’a été recommandé et cet ouvrage en particulier qui a obtenu  le Prix Renaudot en 1945.
Nous sommes quelque part dans le midi, au mois d’août. Le narrateur, Pascal Dérivat, nous explique qu’il réside, seul, au mas Théotime qui est le nom d’un grand-oncle qui le lui a légué. Ses plus proches voisins sont les Alibert qui travaillent pour lui. Il y a aussi un de ses cousins, Claudius, qui, lui, habite la Jassine. Les deux hommes se détestent et c’est un euphémisme. Comme souvent dans les campagnes, des querelles concernant les terres sont la cause de cette haine. D’anciennes animosités familiales sont également présentes. En effet le narrateur est Dérivat de Sancergues alors que son parent est un Claudius de Puyloubiers. Certaines haines familiales ont la peau dure.
Mais quelques temps auparavant, une lettre inattendue annonce à Pascal l’arrivée de Geneviève Métidieu, une ancienne amie d’enfance avec qui il n’avait pas de bons rapports, mais dont on devine qu’il était secrètement amoureux et que les deux familles auraient vu d’un très bon œil un mariage qui aurait renforcé les liens entre eux.
Mais cela ne s’est pas fait, Geneviève s’est mariée. Pascal est resté célibataire.
Contraint et forcé, il l’accueille et ses sentiments anciens et des souvenirs peu agréables refont surface.
Il sait qu’il fait une grave erreur en lui donnant Micolombe une petite maison perchée dans la montagne :
- Malgré les douloureuses conséquences qui devaient en résulter, je considère encore que le don de Micolombe à Geneviève a été la meilleure action de ma vie. Je ne la regrette pas. Car je ne me reconnais pas responsable des filiations du destin.
En effet pour aller dans cet endroit, soit on traverse les terres de Claudius ou alors il faut faire un assez long détour. Un soir alors qu’il est plus tard que de coutume, Geneviève prend le chemin le plus court et Claudius l’invite dans sa masure. Pascal intervient, jette son cousin à terre, lequel tombe sur la tête et ne se relève pas. Est-il blessé ou mort ? Pendant quelques jours il n’apparaît plus au village. Mais il est bien vivant et la guerre peut reprendre. D’un côté un homme seul, Claudius, de l’autre, Pascal et la famille Alibert. La position de Geneviève est plus nuancée, plus ambiguë aussi. Ses sentiments pour Pascal sont étranges et sa conduite à lui est empreinte de timidité.
Dans ce climat de haine tous les coups sont bons et la situation dégénère de plus en plus...
Deux événements se produisent qui vont changer la vie de Pascal, le départ de Geneviève et l'assassinat de Claudius...
Pascal Dérivat est un homme un peu entre deux mondes, il n’est pas vraiment un campagnard et il n’est non plus un citadin. Il n’est pas un solitaire dans l’âme mais par obligation, alors le retour de Geneviève le perturbe.
Geneviève Métidieu, quel est son but en venant s’installer chez Pascal ? Fuit-elle quelque chose ?
Claudius, lui, espérait acheter les terres du mas de Théotime, mais le retour de celui-ci au mas attise sa haine.
La famille Alibert, Anselme le père, son épouse Marthe et leurs enfants, Françoise et Jean, sont les fermiers du narrateur et choisissent leur camp.
Il faut se souvenir que ce livre a été édité en 1945, et a obtenu le Prix Renaudot cette même année, donc l’écriture s’en ressent. C’est très classique mais malgré tout agréable. Les descriptions sont belles et les dialogues réussis et pertinents, mais l’ensemble a un peu vieilli.
Ce roman me fait penser à certaines œuvres rurales de l'écrivain irlandais John McGahern, le même souci du détail et un sens d'une apparente lenteur dans l'action.
Extraits :
- Je voyais devant moi Geneviève sombre, peut-être agressive. Je ne la reconnaissais plus. Elle était aussi belle, mais plus grande, très mince et d'une dangereuse flexibilité.
- Elle me sourit un peu, avec une gêne visible, quand je lui pris amicalement la main. Elle était moins jolie que d'habitude et ses yeux pâles, ses traits tirés, montrait bien qu'elle avait passé une mauvaise nuit.
- Cependant cette perte de courage ne troubla pas ma lucidité. Loin de m'abandonner à une amertume diffuse, je pris de face ma tristesse.
- J'ai beaucoup voyagé par amour des plantes, mais aussi par regret, peut-être, et besoin de quelque consolation. Je ne m'en cache pas.
- Quant à Geneviève, elle semblait vivre corps et âme avec les éléments.
- Toutes les deux hautes et belles ; l'une mince, fauve, et liant avec nervosité sa gerbe chaude ; l'autre grave, le front puissant, qui tendait ses bras bruns avec patience vers la terre.
- Pascal, par pitié, si tu m'aimes…
- C'était une vieille maison de bonté et d'honneur, une maison de pain et de prière.
- Pour tout dire c'est Théotime même qui me retenait.
Éditions : Charlot (1945) Gallimard (1952). Le livre de Poche (1960).Folio (1972).

 

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