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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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5 novembre 2017

Collectif/ Beyrouth noir (sous la direction d'Imane Humaydane)

 

Beyrouth

Beyrouth noir.
Collectif (sous la direction d’Imane Humaydane).
Note : 3,5 / 5.

Entre violence et doute.
La collection des recueils littéraires sur les « Villes Noires » s’agrandit d’un titre nouveau « Beyrouth Noir ». Le quinzième, et le quatorzième chroniqués sur ce blog. Seul « Haïti Noir » manque, mais j’espère d’une manière provisoire.
Première incursion  au Proche-Orient dans cette ville martyre, témoin de tant d’atrocités.
Quinze auteurs, je n’en connais absolument aucun :
Muhammad Abi Samra, Tarek Abi Samra, Najwa Barakat, Abbas Beydoun, Bana Beydoun, Leila Eid, Rawi Hage, Hyam Hared, Bachir Hilal, Hala Kawtharani, Zena El Khalil, Mazen Maarouf, Alawiya Sobh, Marie Tawk, The Amazin' Sardine.
Ces quinze titres sont divisés en Trois parties : Quand le temps n’existe pas ; Le panorama de l’âme et En attendant demain.
« Maya Rose » est, si j’ai bien compris, une sorte de balade onirique dans les airs qui permet de survoler Beyrouth et l’histoire du Liban.
« Le Bâtard », deux naissances le même jour, un homme est deux fois géniteur,  de deux femmes différentes, l’un sera le bâtard. Avec tout ce que cela comporte de désagréments.
Dans « Le sablier et l’éternité », une jeune fille a arrêté le temps, la vue d’un sablier acheté par son père la tétanise. Pourquoi ?
Ma nouvelle préférée est « Une nation d’oiseaux », sorte de raccourci saisissant de l’histoire de Beyrouth à travers sa gastronomie, les oiseaux, un des mets préférés des Libanais. Puis vient le blé peut-être responsable de l’obésité qui touche le monde entier. Si les gens grossissent, ils changent de voitures, en proportion de leurs tours de tailles. L’époque des vitres teintées fait fureur, puis suite à la visite du Pape, les véhicules style papamobile ont le vent en poupe. Pour être remplacés par les « Hummers », énormes engins de l’armée américaine. Un texte d’une gravité cachée sous un ton humoristique.
« Le fil de la vie ». Que représente une vie dans cette ville en guerre et en ruine ? Pas grand-chose assurément. Et pourtant…
« Odeur de femmes, odeurs de ville » est une étrange histoire d’odorat et de cadavre de jeune fille assassinée. Une odeur ancestrale dans une ville à feu et à sang.
Dans une grande partie des ces récits, il est question de la famille proche, des frères par exemple ou plus lointaine, vagues cousins et autres. Une femme amoureuse,  un Monsieur Kaaa réduit à sa plus simple expression, une peintre en exil se souvient de certains hommes de sa vie de déracinée.
Il est à noter que certaines nouvelles sont écrites en anglais, en arabe ou en français. Textes très différents les uns des autres, mais c’est la règle dans ce genre de recueil collectif.Comme d’ordinaire en fin de volume, une playliste musicale très hétéroclite, avec Leonard Cohen, Jacques Brel ou Diana Krall par exemple.
Un bon recueil, loin de mes lectures habituelles.

Extraits :
- Si par malheur on se retrouvait en travers de son chemin, le risque était élevé de se faire tirer dessus. La meilleure stratégie était de s’écarter de leur route et de laisser passer ces puissants engins.
- De ce gros triangle noir, digne d’un gratte-ciel panoramique. Il est toujours noir, en tout cas. Tous les temples de Dieu sont peints en noir, désormais.
- Je ne sais pas comment le dire, mais quand je regarde dans un livre d’Histoire deux photos de la même ville avant et pendant la guerre, j’ai la sensation que sur la seconde photo quelque chose a grandi, s’est développé.
- Tu en seras le seul témoin. J’aurai refermé ma vie sur un gouffre béant. J’ai perdu la guerre, le parti et l’amour.
- Ce qui unit et rend les gens égaux c’est la terreur.
- Que resterait-il de la littérature si elle devenait un pur investissement financier ? Si elle devenait le placement le moins coûteux, seuls les petits hommes d’affaires se tourneraient vers elle.
Éditions : Asphalte (2017)
Titre original : Beyrouth Noir (2015)
Traduit de l’anglais par Audrey Coussy et de l’arabe par Nada Ghosn.

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