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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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18 août 2016

KEROUAC Jack / Pic.

Pic Jack Kerouac

Pic.
Jack KEROUAC.
Note : 4 / 5.
Voix noire, voie errante !
Dernier livre écrit par Jack Kerouac, œuvre étrange pas du tout dans la lignée du reste de son œuvre ! Narrer les voyages d’un jeune orphelin noir américain des années quarante, c’est le dernier défi littéraire de Kerouac ! Est-il réussi ?
Pic est-il un garçon maudit ? C’est ce que semble penser le reste de sa famille. Il a été recueilli par sa tante Gastonia, mais ses autres oncles et tantes ne semblent pas vouloir de lui ! Certains même, comme le grand-papa Jelkey, veulent lui jeter un sort pour le faire mourir.
Mais son grand-frère Slim vient le chercher et ils partent tous deux dans l’espoir de gagner New-York où vit l’épouse de Slim. Ils partent sur la route…
La ville, puis la route, les autobus, les destinations pour des villes lointaines avec de nombreuses escales vers le nord : Washington, Philadelphie sous une chaleur étouffante, puis dans un froid glacial dès que le chauffeur met en marche la climatisation, et enfin New-York sous les yeux émerveillés de Pic !
Dans cette ville, il fera connaissance de Sheila, sa belle-sœur, mais hélas les nouvelles ne sont pas bonnes ! Elle a en effet perdu son travail, le restaurant où elle officiait va être détruit. L’argent manque, Slim essaye de travailler dans une fabrique de biscuits, mais c’est vraiment trop dur. Puis il espère jouer de la musique dans un bar, mais là aussi le projet échoue…
Alors départ à nouveau : la Californie, mot magique, sauf que l’argent manque, Sheila partira en bus, les garçons comme ils pourront. En stop pour commencer, un travail en cours de route, le bus pour finir, enfin le Pacifique !
Le héros naïf et curieux de ce texte est Pictorial Jackson ! Il en est le narrateur en s’adressant à son grand-père malade en Caroline du Nord. Ses réactions en découvrant New-York sont étonnantes et très bien décrites par Kerouac, car il n’était jamais sorti de son village :
- Là, j'ai regardé autour, grand-papa, c'était la plus longue file du monde de toits, pis de rues, pis de ponts, pis de voies ferrées, pis de bateaux, pis d'eau, pis de grosses affaires, Slim a dit que ça s'appelait des réservoirs de pétrole, pis encore des murs, des dépotoirs, des lignes électriques, pis au beau milieu de tout ça un gros marécage avec des longues herbes vertes pis l'huile jaune dans l'eau, pis des radeaux rouillés le long du rivage. C'était une chose à voir comme j'en avais jamais rêvé.
Son grand frère, Slim, compagnon de fortune et d’infortune, garçon débrouillard et aimant.
Son épouse, Sheila, belle jeune femme éprise, toute en douceur. Un seul personnage marquant durant ce voyage vers l’Eldorado que représente la Californie malgré le nombre de chauffeurs rencontrés, un vieux marcheur pittoresque « Le fantôme de Susquehanna ».
Au final un livre très étrange qui me laisse un sentiment mitigé, mais d’une lecture agréable ! Car on retrouve malgré tout des thèmes chers à Kerouac, la musique et le jazz en particulier et le voyage. La Californie sera rejointe au début en auto-stop, puis en bus, comme certains périples de l’auteur. Il y a ici une certaine joie de vivre malgré l’apparente misère du monde des noirs américains de l’époque.
Il est à noter la présence d’un glossaire en début d’ouvrage, car ce livre est traduit en français du Québec ! Et ce mot qui revient sans arrêt « pis » !
Toujours du jazz en fond sonore dans les boîtes de New-York et Slim est un excellent joueur de trompette !
Extraits :
- Ma tante Gastonia, elle nous apportait du mangé, de temps en temps, à la semaine, au mois. Elle nous apportait du ragoût, du pain acheté, du pouding chômeur.
- Ils disaient que Grand-papa était très malade pis qu'il allait mourir pour de vrai, pis que moi, le petit Pic, ils savaient pas quoi faire avec moi.
- Non, monsieur, je n'aimais pas la maison de ma tante Gastonia, non.
- Pis là j'étais revenu en ville, mais j'étais rendu grand, pis je m'en allais voir le monde avec mon frère. Maintenant, tout est intéressant à voir.
- Oui, j'aimais la ville pour de vrai, j'avais jamais su qu'il y avait autant de vie là.
- Grand-papa, voyager, là, c'est pas la chose la plus facile pis la plus belle du monde, mais c'est certain que ça te force à voir plusieurs affaires intéressantes, ça te fait avancer, pas reculer.
- On a monté l'escalier jusqu'à la rue, c'était tout joyeux, tout illuminé comme dans la trente-quatrième rue, pis tu sais, grand-papa, on était à cent rues plus loin, ça fait que tu peux voir que t'es toujours de plus en plus loin de la campagne plus t'avance dans la ville.
- Mais le lendemain n'était pas aussi drôle que cette première nuit-là.
- Slim est parti à rire : « Bébé, c'est en plein ça que je voulais faire ! ».
- Ces Irlandais-là, quand ils sont contents, ils deviennent tous roses, mais on peut dire qu'ils ont leurs misères, eux autres aussi...
Éditions : La Table Ronde (1987).
Titre original : Pic (1971).
Traduit de l’américain par Daniel Poliquin.

 

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