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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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7 juin 2016

KEROUAC Jack / Tristessa.

Tristessa

Tristessa.
Jack KEROUAC.
Note : 4 / 5.
Désolation et tristesse.
Un roman de Jack Kerouac écrit en 1960 que je ne pense pas avoir lu… ou alors il y a très longtemps.
Ce court livre (113 pages) peut être situé entre les années 1955/1956 à Mexico.
Deux parties « Tremblante et chaste » puis « Un an après… » L’on s’aperçoit qu’en un an les choses et les êtres (surtout les êtres) peuvent changer.
« Tremblante et chaste »
Les premières pages nous décrivent une soirée cauchemardesque au cours de laquelle Kerouac, saoul, mais avec encore un peu de lucidité et une bouteille d’avance, s’enfonce en taxi dans les quartiers misérables de Mexico.
Il est accompagné de Tristessa, jeune prostituée et camée mexicaine dont il est amoureux ! Ils vont finir la soirée chez elle, sorte d’Arche de Noé locale. On trouve pêle-mêle, un jeune chat, un chien malade, un pigeon qui contemple le désordre de son perchoir et un coq qui imperturbable se promène dans ce capharnaüm.
Les humains ne sont pas mieux lotis, mais moins nombreux, la sœur, ou prétendue telle de Tristessa, est malade dans un lit de fortune ou plutôt d’infortune. El Indo, autre drogué de la maison, se fait avec difficulté une piqûre avec une aiguille tellement usée qu’il doit forcer pour enfin s’injecter le liquide dans les veines.
Et il y a Tristessa, la magnifique putain en haillons ! Pour qui Kerouac a les yeux de Chimène ! 
Tout cela est sordide. Kerouac traverse à pied une partie de Mexico sous une pluie battante pour rentrer dans son misérable appartement, trempé et sans ses clefs, Old Bull, autre junky américain ami de Jack, lui offrira une sorte d’hospitalité.
« Un an après »
Durant ce court laps de temps, les choses ne se sont pas arrangées pour Jack. Trois mois seul au Pic de la Désolation et un retour à la vie civile n’ont pas arrangé son état mental, ni sa santé (Voir « Les Anges de la Désolation »).
Pour Tristessa, c’est encore pire, elle n’est plus que l’ombre de la pitoyable ombre qu’elle était. Old Bull annonce à Jack qu’elle prend maintenant des barbituriques et que lui, vieux drogué, sait le faire, mais pas elle.
Alors suivent des lignes empreintes d’une rare lucidité de Jack Kerouac qui nous raconte une lente descente aux enfers dans les bas-fonds d’un Mexico apocalyptique. Kerouac boit ce qu’il trouve même si cela ne lui apporte aucun réconfort. Des êtres fantomatiques épaves modernes et rongés par les drogues hantent ses nuits. Tritessa se meurt… et Kerouac commence sa courte déchéance. Quand ce roman sera édité, il ne lui restera que neuf ans à vivre.
Beaucoup de personnages peuplent ce récit, Kerouac lui-même, comme très souvent son propre narrateur, Old Bull, vieil américain à demi-invalide, qui grâce à sa pension peut subvenir à sa consommation, ce qui n’est pas le cas de Tristessa.
Entre l’amour de Kerouac pour Maggie Cassidy et celui pour Tristessa, les années ont passé, la joie de vivre faisant place à une folie destructive. 
Un livre terrifiant où Kerouac fait preuve de franchise et de courage en se décrivant comme un homme à la dérive.
« En plus, Tristessa est une junkie de longue date, comme moi, elle n'est pas une débutante–dans la drogue–les junkies sont des gens très étranges. »
Extraits :
- Et Tritessa plane, plus belle que jamais, elle rentre chez elle, contente, pour se coucher bourrée de morphine.
- Je reste assis pour admirer cette majestueuse patronne des amoureux.
- Je suis sur le point d'éclater, je ne veux plus voir cette ville de Mexico où l'on patauge dans la pluie et les flaques, je ne me plains pas, ça m'est égal, ce qui m'intéresse c'est de rentrer me coucher et mourir.
- Tristessa est penchée au-dessus de la cuillère où la morphine chauffe à la flamme d'une allumette.
- J'ai l'air si malheureux avec mon whisky à la main qu'ils voient que je vais me saouler pour de bon, alors il me supplie de prendre la morphine et j'accepte sans appréhension puisque je suis ivre.
- « Si mes amis malades, je leur donne piqûre » me dit la sublime Tristessa des Douleurs, ses longs doigts expressifs dansent devant mes yeux hagards.
J'ai un coup de cafard, il faut que je rentre. Chacun d'entre nous, né pour mourir.
- Un moment, Tristessa m'embrasse légèrement sur les lèvres, c'est le baiser le plus doux, le plus juste du monde–je suis émerveillé–....
- Ses cheveux noirs sont étalés sur la chaussée, les gens l'enjambent–c'est la fin.
Voici l'aube grise.
- Si elle ne meurt pas dans mes bras, je ne m'en remettrai jamais–
 « J'aime Tristessa » et pourtant j'ai le culot de rester là et de leur dire à tous les deux–« je pourrais dire au propriétaire que j'aime Tristessa–Leur dire qu'elle est malade–Qu'elle a besoin d'aide–Elle pourrait dormir dans ma chambre cette nuit »–
Éditions : Stock (1982) Folio (Version Poche)
Titre original : Tristessa (1960)
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