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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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21 mai 2016

CATTACIN Jean Luc / Les libérateurs de l'Irlande.

 

Cattacin jean luc

Les libérateurs de l’Irlande.*
Jean Luc CATTACIN.

Note : 5 / 5.
Tiocfaidh àr là**
En cette année où l’on fête en Irlande le centenaire de la révolution de Pâques 1916, ce livre (somme d’un travail sûrement colossal) nous renseigne sur l’histoire de ce pays. Du fait de sa proximité avec l’Angleterre, elle fut, hélas, sa première colonie et reste encore (deux fois hélas) sa dernière colonie.   

Trois grands chapitres:
Naissance d’un Etat ; Sept cent cinquante ans de lutte et La Révolution après la révolution.
Ne tenant pas compte de l’ordre chronologique de l’Histoire, ce livre commence par ce qui au départ semblait une énième révolution irlandaise ratée, les Pâques de 1916. 
Militairement ce fut un échec, mais les exécutions et la féroce répression, comme toujours disproportionnée des Britanniques, révulsèrent l’opinion publique irlandaise. Ce qui au départ n’était que le fait d’une minorité réveilla le sentiment nationaliste de l’île, qui de tout temps fut sous-jacent dans la mémoire collective des Irlandais.
L’auteur répare un oubli, nous savons tous que les signataires de la proclamation de l’indépendance furent exécutés, mais ils ne furent pas les seuls. Bilan : 16 exécutions.
 3 mai : Patrick Pearse, Thomas MacDonagh et Thomas J. Clarke.
 4 mai : Joseph Plunkett, William Pearse, Edward Daly et Micheal O'Hanrahan.
 5 mai : John MacBride.
 8 mai : Eamonn Ceannt, Micheal Mallin, J.J. Heuston et Cornelius Colbert.
9 mai : Thomas Kent.
12 mai : James Connolly et Sean MacDiarmada.
Roger Casement fut pendu le 3 août.
 
Puis dans « Sept cent cinquante ans de luttes », l’auteur nous parle de l’histoire mouvementée de l’Irlande, les différentes invasions et l’apparition du problème religieux, autre facteur de séparations entre la population.
Beaucoup de figures de l’histoire irlandaise au fil des pages de cet essai. Les héros emblématiques que tout le monde connait, de Michael Collins à De Valera, de Daniel O’Connell à Charles Parnell et bien d’autres que je ne pourrais pas tous citer ici ! 
Un des nombreux sous chapitres très intéressants a pour titre : « Renouveau de l’agitation agraire ». Il concerne les sociétés secrètes de tous poils, de toutes obédiences et de toutes religions, seul point commun une grande cruauté et encore une fois des répressions disproportionnées et aveugles.
On trouve aussi des écrivains et pamphlétaires qui avec leurs plumes ont participé à la lutte, William Molyneux et surtout Jonathan Swift et son célèbre texte « Modeste proposition » dans lequel il suggère, pour éviter la pauvreté endémique de l‘île, de manger les enfants !
Les famines, qui décimèrent le pays, laissèrent au peuple une haine tenace envers les Anglais. Deux conceptions qui encore et toujours s’opposent :
John Mitchell, activiste irlandais :
-« C’est le Dieu tout puissant qui nous a envoyé le mildiou, mais ce sont les Anglais qui ont créé la Famine »
Sir Charles Trevelyan, haut fonctionnaire anglais en charge de l’aide humanitaire à l’Irlande :
- « Le vrai mal à combattre n’est pas celui, physique de la Famine, mais celui, moral, du caractère égoïste, pervers et agité du peuple irlandais ».
Dans la dernière partie du livre « La révolution après la révolution », il est question de la naissance chaotique de l’État Libre d’Irlande, de la guerre civile qui s’en suivit, de la misère intellectuelle qui caractérise ses premières années d’indépendance. Et la chape de plomb que fit régner l’église catholique et ses excès.
Puis arrive la période des « Troubles » débutée par la lutte pour les droits civiques et marquée par la renaissance de l’IRA. 

Deux autres évènements de l’histoire contemporaine n’ont pas aidé la compréhension entre les deux peuples et a de nouveau fait monter la tension entre les Irlandais et le gouvernement britannique.
Le Bloody Sunday où les paras britanniques, le 30 janvier 1972, ont tiré sur une foule désarmée à Derry, bilan 15 morts !
Les grèves de la faim des prisonniers républicains de l’IRA et de l’INLA : bilan 10 morts.

Cet essai est une très bonne et très complète introduction à l’histoire des nombreuses révolutions qui ont parsemé les huit siècles d’occupation britannique de l’île d’Irlande, occupation qui n’est malheureusement pas terminée.  
Un œuvre absolument indispensable, que tous amateurs de littérature et de l’histoire irlandaise se doivent d’avoir sur leurs tables de chevet.
Nous connaissons l’histoire mouvementée de l’île d’Irlande, qu’elle sera son avenir ?
Bien malin aujourd’hui qui pourra le dire ?  Un calme tout relatif semble régner, mais pour combien de temps ? Certaines vieilles rancunes sont encore tenaces, l’histoire et les souffrances ne s’effacent pas avec un traité, fût-il signé un Vendredi Saint !
Des cartes, notes et une très complète biographie complète cet ouvrage. Exceptionnellement les extraits qui vont suivre seront des phrases tirées de discours officiels : 
Oliver Cromwell (de triste réputation) :
-« Nous avons refusé de leur faire quartier... je crois que nous avons passé par le fil de l'épée l'ensemble des défenseurs de ( Drogheda). »
Henry Grattan, avocat, orateur, membre du Parlement d’Irlande :
-« Esprit de Swift, esprit de Molyneux, votre génie a prévalu ! Irlandais maintenant une nation. »
David Trimble, leader du Parti Unioniste d’Ulster :
-« Les Unionistes d'Ulster, par peur d'être isolés sur l’île, ont construit une maison solide, mais une maison froide pour les catholiques. »
Le juge Lord Denning en rejetant l’appel des « Six de Birmingham » :
-« S'ils gagnaient, cela signifierait que la police était coupable de parjure, coupable de violences et de menaces, que les aveux étaient involontaires et avaient été retenus comme preuve à tort, et que les condamnations étaient erronées. »
Ce qui fut pourtant fait… 11 ans plus tard !
Éditions : Vendémiaire* (2016).
* Huit siècles de lutte.
** Notre jour viendra.
À signaler qu’un roman de Paul Féval s’intitule également « Les libérateurs de l’Irlande » aux éditions « Terre de Brume ».

 

 

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