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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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2 mai 2016

POULAIN Catherine / Le grand marin.

Le grand marin

Le grand marin.
Catherine POULAIN.
The Last Frontier*
J’adore les deux premières phrases de la préface de ce livre :
- On devrait toujours être en route pour l’Alaska. Mais y arriver, à quoi bon ?
- Mais tous les voyages ont en soi dès le départ un but et une fin.
Un jour de février, Lili quitte Manosque pour aller pêcher en Alaska ! Elle veut quitter l’ennui et les bières. Au bout de la route elle retrouvera la bière, l’amitié et la mer.
Kodiak, fin fond de nulle part, un voyage interminable entre ennui et larmes, mais l’excitation est toujours présente, le rêve enfin accompli.
Les Etats-Unis, puis Anchorage et enfin l’île de Kodiak apparaît à travers le hublot.
Ayant trouvé un embarquement sur « Le Rebel », elle connait enfin sa première campagne de pêche. Elle commencera par la pêche de la morue noire.
L’accueil de l’équipage est rude, elle est considérée comme une « Green », pas comme une femme, et n’aura aucune considération due à son sexe. Elle dormira par terre, en attendant mieux et devra prouver sa valeur au travail. Et la tâche est ardue, parfois les forces physiques manquent et elle doit s’accrocher. Les services de l’Immigration sont très stricts. Suite à un accident, sa main s’infecte et elle est débarquée, direction l’hôpital pour quelques temps.
Elle apprendra que la frontière entre la fortune et l’infortune de mer est mince. Quelques lignes perdues en mer et une amende, suite à un dépassement des quotas sur certains poissons, payée par l’ensemble de l’équipage réduiront le salaire d’autant !
Pour les pêcheurs qui ne touchent pas de fixe, mais uniquement des parts sur la vente du poisson, cela peut être une catastrophe. Certains ont une famille souvent au loin. Non content de ne pas voir leur épouse et leurs enfants grandir, si en plus le salaire est une misère !
Lili s’accroche, mène sa vie, fréquente les bars, boit comme les hommes, connait des matins de gueule de bois, mais les marins la respectent, grande victoire.
Puis un jour, le grand marin entre dans sa vie…
Mais il lui reste un rêve, connaître Point Barrow !
Lili force l’admiration par sa ténacité, son courage et sa volonté farouche de se faire une place dans un monde d’hommes.
Le grand marin sera l’homme qui troublera la quiétude de la vie de Lili, celui qui fera vaciller ses certitudes…
Des hommes de mer, ou qui le deviennent : Ian le skipper qui fait la loi en mer, Simon l’étudiant venu de Californie pour une saison, John et son problème d’alcool et beaucoup d’autres.
Très peu de femmes dans les personnages croisés ici, la plupart travaillent dans les nombreux bars du port, lieu de perdition, mais passages obligés après des semaines de navigation éprouvante !
Un très bon livre, très bien écrit qui nous relate à la manière d’un essai la vie d’une Française accomplissant son rêve, « Pêcher en Alaska ». Elle y restera en définitif dix ans !
Un glossaire en fin d’ouvrage permet de mieux comprendre certaines expressions américaines concernant le monde de la pêche.
Extraits :
- La vague est en moi. J'ai retrouvé la cadence, le rythme des poussées profondes qui passent de la mer au bateau, du bateau vers moi. Elles remontent dans mes jambes, roulent dans mes reins. L'amour peut-être.
- Son regard a des reflets d'or dessous les arcades broussailleuses. Deux jours qu'il est sobre. Ses traits ont repris les contours puissants de ceux du grand marin.
- Je suis une tueuse comme les autres, j'ai éventré mon premier flétan. J'ai même mangé son cœur encore vivant. C'est moi qui tue à présent.
- Je passe devant les hommes, tête haute, les cheveux libérés en crinière. Sans un regard pour eux je quitte le bateau. La pluie est douce. J'ai le cœur gros.
- La terre est ronde Lili. C'est le bout de rien du tout. Tu n'as rien à faire là-bas, on te l'a déjà dit...
- Nous marchons dans les rues en silence. C'est un jour de déroute.
- Et je n'irai sans doute jamais sur la mer de Behring. Une fois de plus j'ai senti l'humiliation d'être une femme parmi eux. Ils revenaient du combat, moi j'arrivais des rues du port...
Éditions de l’Olivier (2015)
* Expression désignant l’Alaska.
Remise du prix :

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Photo "Le Télégramme".
http://www.letelegramme.fr/finistere/concarneau/prix-queffelec-catherine-poulain-laureate-23-04-2016-11041285.php

 

 




 

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Commentaires
E
Un très bon livre et une femme charmante.<br /> <br /> Une découverte. Un prix amplement mérité.
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F
bonjour! je note ce roman qui me tente bien (pour l'Alaska et pour manosque , que je connais bien) ; et le ton a l'air chouette!
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