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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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20 avril 2016

MARCH William / Compagnie K.

Compagnie K

Compagnie K *
William MARCH.
Note : 5/5 .
Ils écrirent à 113…
Auteur américain né en 1893 en Alabama, il est mort en 1954. Il s’est engagé dans l’US Marine Corps en 1917 et combattra en France. Plusieurs fois décoré, il finira ce premier roman en 1933.
 « Un tableau d’effectifs » commence cet ouvrage, 113 noms d’américains moyens, qui, comme le souligne l’auteur, pourraient être Allemands, Britanniques, Français ou Russes. La guerre n’épargne personne !
Chacun de ces hommes interviendra pour de courtes séquences de 2, 4 ou 6 pages.
Il est évident que je ne pourrai pas citer tous les noms ici présents.
Ce récit commence dans une petite ville américaine, un couple est sur sa terrasse. L’homme pense au livre qu’il vient de finir. L’histoire de sa compagnie. La lecture de son épouse est plus critique : 
 - J'enlèverai le passage sur l'exécution des prisonniers.
Pour l’homme quelle est la différence entre un mort exécuté et un mort souvent civil sous un bombardement ?
La campagne de l’Etat de Virginie, entraînement des troupes dans la neige. 
Un peu de tendresse dans ce futur monde de brutes, un jeune homme dit à une femme un peu plus âgée que lui : 
- Dans un mois, peut-être, je serais tué. J'aurais peut-être jamais plus la chance d'être encore une fois avec une femme bien...
Un barman qui ne perd pas le nord :  
- Parfait, alors, a dit le barman. Restez donc là jusqu'à la fin de la guerre je me ferais un plaisir de vous servir vos verres.
La traversée vers l’Europe et la messe sur le pont du navire, le danger des sous-marins, l’arrivée en Angleterre.
La distribution du courrier, les opinions de certains sur le conflit :
- Moi je vous le dis, la guerre, c'est un commerce, comme tout le reste, et si vous voulez faire votre chemin, il faut vous adapter à ces bizarreries et jouer vos cartes comme elles tombent.
Le sadisme d’un capitaine, le strict sens de la discipline d’un adjudant-chef, puis Verdun et la colère d’un soldat dont les parents étaient Allemands et qui n’a pas la maîtrise de l’anglais :
- Les Allemands traitent leurs femmes aussi bien que les Américains, aussi bien que tout le monde !
Les problèmes de ravitaillement et de nourriture : 
- S'ils me donnaient juste un bon repas de temps en temps, je ne m'en plaindrai pas tant de cette guerre.
Au milieu de l’horreur une vision : 
- J'ai vu un homme qui avançait vers moi, bien droit, sans peur. Il avait les pieds nus et de beaux cheveux longs. J'ai soulevé mon fusil pour le tuer, mais quand j'ai compris que c'était le Christ, j'ai baissé mon arme.
Liens avec la vie d’avant ou fantasmes, les photos de femmes, l’ingérence stupide de la religion dans les repas des Américains, summum du ridicule :
- Les œuvres de bienfaisance française s'étaient élevées contre le fait qu'on nous distribue de l'alcool : on craignait que la nouvelle ne parvienne jusqu'aux États-Unis, où elle risquait de contrarier l'Union des femmes chrétiennes pour la tempérance et le Bureau des méthodistes pour la tempérance, la prohibition et les bonnes mœurs.
Bacchus priez pour elles !
Un soldat lecteur de poésie française :
- J'ai compris alors pour la première fois ces vers de Verlaine :
 « Il pleure dans mon cœur 
Comme il pleut sur la ville... » Je me les répétais sans cesse à voix basse.

Mais la guerre est là et bien làUn hôpital rempli de soldats gazés qui décéderont tous, rejoindre Soissons pour une attaque à l’aube, un combattant qui craque nerveusement, cela lui coûtera la vie ! Abattu par un gradé ! Un prisonnier Allemand qui demande à être tué tout de suite pour ne pas être amputé, comme le dit la rumeur ! Une interdiction formelle, ne pas aller rue Serpentine, et pourtant certains font fi de cet ordre :
- Descendez donc vous faire expliquer le traitement prophylactique, elle a dit d'une voix neutre. Prenez les couleurs sur votre droite, ce sera la première porte.
Tomber dans un guet-apens tendu par une jeune paysanne, faire le mur pour aller visiter une maison close et se rendre compte que là-bas aussi on ne mélange pas les torchons et les serviettes, les soldats et les officiers ! 
Un ordre de mission qui dégoûte mais que faire ? Méditez sur ces paroles :
- Mais le plus gros mensonge de tous, c'est la phrase « Dieu est amour ». C'est vraiment le mensonge le plus terrible que l'homme ait jamais conçu. 
La vérité sur la mort n’est pas bonne à dire, il n’est pas possible d’envoyer une lettre à la famille d’un défunt : 
- Chère Madame,
Votre fils Francis est mort au bois de Belleau pour rien. Vous serez contente d'apprendre qu'au moment de sa mort, il grouillait de vermines, était affaibli par la diarrhée. Ces pieds avaient enflé et pourri, ils puaient. Il vivait comme un animal qui a peur, rongé par le froid et la faim.
Et pourtant c’était souvent la vérité.
Le conflit se termine enfin, mais pour certains les séquelles dureront toute leur vie.
Terminons par un avis plein de sagesse :
- Mais on avait appris une chose : si les hommes du rang de chaque armée pouvaient simplement se retrouver au bord d'un fleuve pour discuter calmement, aucune guerre ne pourrait jamais durer plus d'une semaine. 
Une écriture très originale et un livre hors-norme, non pas par sa taille, moins de 260 pages, mais par sa conception .Cent treize avis d’officiers, de sous-officiers ou de simples soldats pour cette guerre qui reste un formidable et inutile gâchis. Une des pires boucheries de l’histoire de l’humanité.
Un puzzle d’écrits qui donnent le point de vue de simples participants à ce conflit surnommé « La Grande Guerre » ! Comme si une guerre pouvait être grande ! 
Rien de glorieux ici, des faits et gestes d’hommes ordinaires dans des circonstances extraordinaires.
Un très grand livre complété par une excellente postface de Philippe Bevyin.
Éditions : Gallmeister / Totem (2013)
Titre original : Compagny K. (1933)
Traduit de l’américain par Stéphanie Lever
*14-18. Le grand roman américain.
 

 

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