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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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16 mars 2016

O'CONNOR Flannery / Les braves gens ne courent pas les rues.

Les braves gens

Les braves gens ne courent pas les rues.
Flannery O’CONNOR.

Note : 4 / 5.
On dirait le Sud*.
Amateur de nouvelles, je n'avais encore pas lu cette grande dame de la littérature du Sud des États-Unis, et l’une des nouvellistes les plus appréciées dans le monde littéraire. 
Ce recueil est composé de 10 nouvelles. Le Sud dans toute sa splendeur et dans toute sa misère. Petits blancs, petits noirs, la vie comme elle va. 
« Les braves gens ne courent pas les rues » qui donnent son titre à l'ouvrage est une nouvelle d'une noirceur cachée. Une famille décimée pour avoir malencontreusement eu un accident à l'endroit où il ne fallait pas, et y avoir rencontré un homme et ses acolytes qu'il ne fallait pas croiser.
Un texte glaçant ! 
« Le fleuve » n’est guère plus réjouissant, et comble de désespoir, il met en scène un enfant qui a été immergé dans l’eau d’un fleuve par un prédicateur pour le baptiser. Il veut ensuite faire la même chose, mais seul cette fois !
« C’est peut-être votre vie que vous sauvez ». C’est la cruelle histoire d’une vieille femme avec une fille handicapée qui croit la rendre heureuse en la mariant avec un manchot de passage ! Mais bien sûr la vérité est tout autre! 
« Un heureux évènement ». Ce qu’espère cette femme qui se traîne en montant des escaliers, c’est de déménager. Elle ne se voit pas grossir et ne s’inquiète pas de certaines nausées ! Un déni de grossesse poussé jusqu’à l’extrême d’une personne ayant une très haute opinion d’elle-même !
Dans « Un nègre factice », titre un peu provocateur pour l’époque actuelle, un homme et son petit-fils partent à la ville. Les situations parfois dégénèrent et l’un et l’autre découvriront le monde et se découvriront eux-mêmes. 
« Braves gens de la campagne ». Une femme seule et sa fille, elles
emploient un couple de fermiers et cela depuis 4 ans. La fille, la trentaine passée, a été amputée d’une jambe suite à un accident de chasse et a son doctorat de philosophie. La vie s’écoule monotone, mais un jour un homme se présente pour leur vendre une bible…
« La personne déplacée » est une longue et atroce nouvelle qui clôt ce recueil. Une famille de Polonais vient travailler dans une ferme du Sud, l’homme est honnête, courageux, bref tout pour plaire. Mais la réalité sera tout autre, la mentalité du Sud n’est pas exempte de reproches !
Sa rigueur morale et sa religion dans un milieu de bigotes le feront petit à petit détester ! 
Des personnages très ordinaires, mais aux destins souvent tragiques ! Dans « Un fleuve » un jeune garçon qui périra noyé, une vieille femme cherchant à caser sa fille handicapée, des jeunes filles un peu sottes en pension chez les religieuses, qui sortent un soir accompagnées de jeunes voisins. Un général de 104 ans que la famille balade de cérémonies en commémorations, mais qui ne pense encore qu’au défilé de jeunes et jolies filles ! Lui, le grand homme ! Une fermière suivie de son paon, un bouilleur d’alcool clandestin, des ouvriers peu courageux et roublards. Ainsi va la vie !
L’écriture n’a pas pris une ride, les descriptions de paysages sont précises et imagées, mais jamais trop longues. Par contre pour les personnages, Flannery O’Connor trempe volontiers sa plume dans le vitriol !
Une très grande auteure qui maîtrise très bien ce genre littéraire si particulier.
Extraits :
 
- Madame, dit le Désaxé dont le regard s'enfonça aux profondeurs du bois, jamais j'ai vu un cadavre donner la pièce au croque-mort. 
- Le petit garçon observait Madame Connin. Il restait silencieux. Son nez coulait et ses yeux pleuraient. Il avait quatre ou cinq ans, un visage allongé, un menton en galoche, et des petits yeux mi-clos, curieusement écartés.
- La vieille femme les surveillait d'un œil, secrètement ravie. Une furieuse envie d'avoir un gendre la dévorait.
- C'était une femme de petite taille, dont la silhouette évoquait une urne funéraire. 
- Sa mère lui dit que si elle ne mettait pas fin à cette démonstration stupide, elle serait expulsée de la table.
- Ce qu'il aimait, c'était des cortèges avec des chars remplis de Miss América, de Miss Daytona plage, de reines des produits de coton.
- « Il n'y a pas de perfection dans son monde » était une des sentences favorites de Miss Hopewell.
- Sledgewig sonnait aux oreilles de Mrs Shortley comme un nom d'insecte, comme si on appelait un garçon Charançon.
- Elle dit qu'il y en a 10 millions comme eux–des Personnes Déplacées; elle dit que ce prêtre peut lui en avoir autant qu'elle veut.
- Chaque fois que Mr Guizac souriait, l’Europe se déployait dans l’imagination de Mrs Shortley, une Europe mystérieuse et malfaisante, le champ d’expérience du démon.
Éditions : Folio (1963)
Titre original : A Good man Is Hard To Find (1953) . 
Traduction d’Henri Morriset.
* Titre bien évidement emprunté à Nino Ferrer.
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