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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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23 novembre 2015

DUFÉTEL Patrice / La petite orénoque.

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Romans finalistes du prix des Écrivains Bretons (par ordre alphabétique)
La petite Orénoque.
Patrice DUFÉTEL.

Au fil de l'eau… trouble !
Je lis cet ouvrage en ma qualité de membre du jury de l'Association des Écrivains Bretons, catégorie roman. Je découvre également en même temps cet auteur, qui possède à son actif plusieurs recueils de nouvelles et de poésie, ainsi que deux récits, que je suppose de voyages.

Nous sommes dans la forêt amazonienne, près du fleuve Orénoque, et nous suivons les aventures d'Uma de la tribu des Waraos, obligés de partir à la ville tenter de délivrer ses parents.
La ville, une notion très abstraite pour cette adolescente élevée sur les rives du grand fleuve amazonien. Il faudra trois longs jours de navigation pour gagner Tucupita, prochain lieu soi-disant civilisé. Une civilisation qui n’est pas celle des indiens. 
Uma, jeune fille courageuse qui va découvrir la noirceur des villes et des hommes, en vivant dans les bas-fonds de Tucupita. Son but, gagner avec son corps, assez d'argent pour soudoyer  les gardes qui tiennent ses parents prisonniers. Ses amies, car elle en possède, l’aideront au périple de leur liberté, voire de leurs vies, Yoleida et d’autres tout au long de ce récit de sacrifice. Maurizio, un homme de la ville, sera aussi de ceux-là, et il l’aidera dans sa tentative de faire évader sa famille.
Ses parents, Manuel et Carlita, retenus arbitrairement sous un prétexte des plus futiles, mais est-ce bien indispensable d’avoir un quelconque motif pour retenir des Indiens en prison ? 
Un bon et beau roman où se côtoient deux mondes tout à fait différents, les tribus indiennes vivant en harmonie avec la nature, la protégeant au maximum et se contentant de ce que celle-ci leur fournit. De l'autre côté, la ville, ces bas-fonds, ses hommes fourbes et violents, l'alcool, l'argent et les femmes.
Une belle écriture, pleine de poésie et parfois lyrique, des personnages attachants en particulier Uma, mais il ne faut pas oublier tous les autres.
Les Indiens, ses frères, mais aussi quelques personnes de la ville, qui, émus par sa détresse, l'aideront dans la mesure de leurs moyens pour sa tentative d'évasion réussie, Maurizio, José, Yoleida, Suaro.
Une découverte, un livre qui parle d'écologie, sans tomber dans la caricature.
Il serait, je pense, temps que l'on ouvre les yeux sur le traitement qui est réservé à la forêt amazonienne, véritable poumon de la planète Terre, que l'on abandonne à des compagnies pétrolières, aurifères ou à des braconniers de tous genres.
Extraits : 
- Elle pressent un nouvel apprentissage, celui de la séparation. Elle tutoie la solitude, les bras enroulés autour du ventre.
- Elle place la main d'Uma sur son front plat, et investit sa chaleur, l'amitié profonde qui les unit.
- Deux Indiens capturés pour d'obscures raisons. Et la raison ici finit souvent dans un tourbillon du Delta, pieds et poings liés à la façon de Carlos le père de José.
- Un amuse-bouche pour les piranhas et les alligators, un Indien de moins pour les sondeurs de la Oil Compagny.
- Seul José connaît les mots des conquistadors.
- Tandis que le petit éventail fuit avec légèreté, Uma bénit l'ombre salutaire de veiller sur le repos d’une jeune fille perdue dans un labyrinthe, à moins qu'il s'agisse d'une ville, autant dire un mauvais rêve.
- Tout s’achète à Tucupita, même la férocité. Les filles s'éloignent déjà, la mangrove les dérobe aux yeux frondeurs.
- Une pirogue qui glisse comme un serpent mortel dans un nid de cailloux. Qui se nourrit de son propre sillage et dévore les ombres mauvaises.
- Le vent a choisi une autre direction. Souvent, sur le fleuve, Uma lui fait la conversation.
- La bête n'en a cure. Tapis dans l'ombre flasque de la nuit, elle paraît ouvrir un œil, puis, distraitement, le deuxième.
- Les gardiens vont avoir droit un dernier tour gratuit. Puis, plus rien !
- À la lisière du ciel, la ville s'ébroue dans un dernier sommeil.
Éditions : In Octavio (2014).

 

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