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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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1 novembre 2015

Le GOUËFFLEC Arnaud/ Basile et Massue

 

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Basile et Massue.
Arnaud Le GOUËFFLEC
.

Note : 5 / 5.
Nuits d’ivresses, de tristesses ! 
Auteur que je croise souvent dans les différents salons littéraires de la région, mais que je n’ai pas encore lu ! Il faut un début à tout.
Troisième roman de cette jeune maison d’éditions de Bretagne que je lis, et comme les autres, excellent lui aussi !
Ils étaient quelques drilles (je ne pense pas que l’adjectif joyeux soit le plus approprié !), copains d’ivresse et de solitude. Ils aidaient Bison, le tenancier du « National », à boire son fonds de commerce.
La vie n’était pas forcément des plus exaltantes, mais ils la vivaient… bon gré mal gré, l’amitié de bistrot remplaçait beaucoup de choses. L’alcool aidant à effacer ce qu’il fallait oublier, la solitude, le mal de vivre, le monde extérieur à leur bistrot habituel, où ils semblent inadaptés.
Vaille que vaille les jours passaient, Massue, ancien marin, colosse débonnaire, est un des derniers à rejoindre les piliers ! Sans le savoir et sans le vouloir, il va être le fossoyeur de ce monde !
Il a pour collègue de travail un dénommé Firmin, séducteur alcoolique prompt à foutre le bordel. Il sera assassiné et les soupçons se porteront sur Massue…
Apparaît aussi Jussieu, ancienne connaissance de Massue, ennemi intime de celui-ci pour une histoire de femme et de mort aux temps anciens ! 
La dégringolade générale se poursuit, inexorablement, certains meurent, d’autres s’enfoncent de plus en plus … et toujours Jussieu, témoin muet, qui poursuit sa vengeance…
Un décor omniprésent, une ville portuaire avec tout ce que cela représente de mystère et de fantasmes.  
Basile est le narrateur de cette histoire baignant dans l’ambiance très particulière d’un bistrot à l’ancienne noyé dans la brume et les vapeurs d'alcool !
Massue, c’est son grand pote, son alter-ego et pourtant par certains côtés son opposé. Ils font la fête et plus, car ils ont certaines affinités ensemble jusqu’au bout de la nuit et parfois plus.
Il apprécie aussi Luciole qui fait figure d’intellectuel dans la bande. Il y a aussi M. Mireille, le boucher qui travaille chez son frère… par charité, pense sa belle-sœur. C’est en effet un très gros buveur… parmi les gosiers en pentes ! La seule femme, c’est Fernande, épouse pour le pire de Bison, elle assiste impuissante à la longue déchéance du groupe et du bistrot !
En ombres maléfiques, Firmin, vieux beau alcoolique qui sera assassiné. Il y a surtout un témoin malveillant Jussieu, silhouette vêtue de sombre, sèche et maigre ! Et qui pourtant effraie le colosse Massue ! 
Son apparition sonne le glas d’une époque.
Atmosphère atmosphère, celle merveilleusement rendue d’une tragédie moderne ! L’ivresse et la mort ! La vengeance et l’amitié. 
Un style d’écriture que j’ai beaucoup aimé, avec des descriptions des êtres et des soirées de ripailles qui s’intègrent dans l’histoire sans l’alourdir.
Encore une découverte !
Une des plus belles phrases du livre à mon goût :
- L’ivresse est un monde clos, qui s’ouvre par en haut sur les étoiles.
Extraits :
- C'est là que Bison avait ouvert Le National, pour des petites gens comme nous et lui. L'établissement datait d'il y a dix ans.
- L'arsenal formait la colonne vertébrale de la ville, entre les deux rives fendues par la rivière. Une grosse coquille de noix, séparée en deux hémisphères par ce noir sillon militaire.
- Bison et Mireille, c'était les fines fleurs de la picole, les plus cuits. Les autres faisaient plus attention. Ils avaient encore un pied dans la vie.
- Les pauvres vomissaient leur mal, mais ne revenaient pas sur les lieux du crime. Le National, qui avait tout du coupe-gorge, n'attirait que des perdus, ou des pervers dans notre genre, accros à cette amitié confite dans l'alcool.
- Nous étions l'élite, le dernier carré de la garde prétorienne.
- Il était simplement Luciole, comme il l'avait été sa vie durant, au mépris de toutes les médiocrités.
- Gourmands adolescents, nous avions rêvé de traverser les déserts et de fendre les flots, tout en nous engluant lentement dans la merde commune. Les chemins s'étaient offerts à nous : pour finir, on n'en avait embrassé aucun, et on s'était tous ramassés au National.

- Trouver l'âme sœur. C'est la rose mystique de la beuverie. Quand celle-ci s'obscurcit et se fane, c'en est fini du buveur, qui creuse sa tombe à grandes lampées.
Éditions : Le Cercle Sixto (2015) :
Autres romans des éditions Sixto sur ce blog !
Cavale blanche, Stéphane  Le Carre.
Au bout du compte, Hervé Huguen.

 

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