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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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21 septembre 2015

FOURIER Claire / Il n'est feu que de grand bois.

 

Il n'est feu

Il n’est feu que de grand bois.
Claire FOURIER.

Note : 4,5 / 5.
Au bois de mon cœur.
Une œuvre originale, sorte de recueil de « Correspondance » moderne, où les mails remplacent les lettres. Avec hélas la disparition du charme, certes un peu désuet, de l’ouverture de la précieuse et attendue enveloppe  ! 
Une liaison postale qui se déroule du 30 octobre 2012 au 8 novembre 2013.
L’une, Alma, est plutôt dans le genre érudit, historienne spécialisée dans le mobilier ancien bien sûr. Elle habite Paris, est mariée et avoisine le demi-siècle.
Lui, Rolf, est dans la même tranche d’âge, également marié, mais travailleur manuel, bûcheron de son état dans les Vosges !
Et pourtant entre eux, c'est le coup de foudre !

Tout semble les opposer et pourtant entre eux commence une correspondance, où bien entendu (le contraire aurait été surprenant), la femme est la plus assidue. Le score est sans appel, dirait un journaliste sportif, soixante-dix-neuf à onze !
On assiste en lecteur complaisant à la naissance  de ce que l’on pourrait qualifier un début de flirt, puis d'une idylle qui, au fil des mails, se transforme en un sentiment plus précis.
On voit la progression de l’affection qui grandit entre eux dans la formulation de ce qui est au départ  une simple expression de politesse qui devient une marque d’affection, ensuite se transforme en séduction avec un brin d’amour ou au moins de désir… et un certain sentiment d’interdit et de nouveauté ! Plaire par internet interposé !
Lui est réduit à la portion congrue avec des courriers (lettres) très professionnels au début de leur correspondance. C’est un homme de terrain, l’orthographe n’est pas son fort, il pilote un ULM et vit au grand air.
Elle lui parle de sa vie parisienne, de son travail et des rencontres, en particulier celles résultant de ses trajets en métro ; peu à peu elle se dévoile avec une extrême pudeur. 
La rencontre semble inévitable et est désirée par les deux personnages de ce récit. Elle a effectivement lieu… le charme est-il rompu par ces quelques moments ou la protection de l’écran et la liberté donnée par une sorte de distance virtuelle ? 
Il semblerait que, comme toutes les choses ardemment espérées, la satisfaction d’Alma ne soit pas totale… retour à la réalité ? 
Mais chacun des protagonistes de ce récit a une vie, il est donc probable que la parenthèse se referme un jour… que cette passion dévorante brûle tout sur son passage, ne laissant que des cendres derrière elle ! Ou au mieux beaucoup de regrets  !
Peu de personnages, un homme, une femme, deux adresses postales, autant de boîtes mail et de numéros de téléphones !
Le téléphone, voilà l’ennemi…
Il est beaucoup question, surtout de la part d’Alma, de littérature et les auteurs cités sont très nombreux et variés : Kafka, Tolstoï, D.H. Lawrence, Céline, Soljenitsyne, Jim Harrison et W.B .Yeats entre autres. 
Il est aussi relativement souvent question de Bastien-Thiry dans les quelques rares moments où la politique française est évoquée.
J’ai particulièrement aimé l’emploi de l’adjectif « avenante »…
La morale de ce récit est dans ces quelques phrases : 
- PS. L'amour un gros, gros défaut : il est romanesque. Notre âge s'accorde plus avec l'amicizia dont parle Stendhal qu'avec l'amour fou cher à André Breton.
Extraits : 
- On peut mourir, savez-vous, d'un excès de beauté, d'un excès de poésie, d'un excès de sacré. Dommage que l'on meurt d'autres choses.
- Inoubliable, vous l’êtes à mes yeux, et sacré. Je vous aime. Pour cent raisons. Et sans raison.
- Je vous devine exceptionnellement doué pour le bonheur. C'est que vous êtes une bonne nature. Je vous envie.
- PS. Au téléphone, tes mots sont si forts, si simples et doux que j'ai envie de les toucher. Mais ne te crois pas obligé de m'appeler chaque jour.
- Écris-moi, je t'en prie, quelque chose de personnel.

- PS. Tu m'offres l'envie et la possibilité de m'offrir. (C'est énorme et c'est ce dont j'ai besoin).
- Tu roules en pensant à mon lit, c'est le tien. Je m'y roule en pensant à toi, je suis tienne.
- Rolf,
Qu’est-ce qui va plus vite qu'une frégate « l'oiseau le plus rapide du monde » ? Un trajet amoureux.
- Ce qui est précieux dans la vie conjugale, c'est l'assurance que la discorde pourra dès la nuit être soufflée comme fétus de paille. Les amants que la discorde a chagrinés marinent dans l'attente d'une hypothétique rencontre.

Éditions : Éditions de la Différence (2015)

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Commentaires
G
Beaucoup de choses dans ce livre, j'ai bien envie de me replonger dans la plume de l'auteure
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