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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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2 mars 2015

BERTHOLOM Louis / Le rivage du cidre.

Le rivage du cidre
Le rivage du cidre

Louis BERTHOLOM.
Note: 4 / 5.
Croquer la pomme et la vie !
Retour chez moi, à mes racines bretonnes de mer et de terre, de cidre, de galettes et de poissons. Et effectuer ce retour en accompagnant Louis Bertholom dans ses jeunes années du côté de Fouesnant avec quelques bonnes bouteilles de cidre dans le sac… allons-y !  Prenons la route…
Éloge de la pomme et du cidre, pourquoi pas ? Certains ont bien fait l’éloge de la folie entre autres.
Comme dans « Amerika Blues », l’auteur mêle allégrement poésie et textes en prose.
Louis nous parle, j’irai même plus loin, il nous vante le cidre, boisson de nos enfances respectives. Au passage il regrette le temps où le mauvais vin rouge, l’étoilé avec un bouchon en plastique, a envahi les bistrots et les gosiers bretons. Bibine qui permettait d’écouler le vin d’Algérie !
On croise au fil des pages le portrait plein de tendresse du personnage incontournable de toute enfance bretonne « La grand-mère » adorée, vénérée, la gardienne des traditions vestimentaires entre autres. Plein de choses disparaissent à leur décès, qui est souvent notre première confrontation avec la mort.
Xavier Grall nous a laissé ce superbe poème « Ballade de la mort si lente ». Louis Bertholom  parle aussi de ce fait du monde qui consiste à grouper et à regrouper les « anciennes personnes » dans leurs futurs mouroirs !
L’auteur nous évoque avec beaucoup de pudeur son enfance baignée par l’odeur du beurre et des pommes. Il y avait aussi, hélas pour lui, (je parle du goret) la mise à mort du cochon familial, cochonnailles et ripailles !
La modernité arrive aussi, même en Bretagne, les mobylettes, puis les premières voitures. La musique et les bals du samedi soir. Mais ici les traditions ont la vie dure, désolé, braves gens !
Le son ici était sauvage, les Gwerz, Tri Martolod, et un jeune chanteur débutant, Alan Stivell - Son ar sistr, la chanson du cidre, y allait de son hommage. La sagesse des paroles venue de loin « Le cidre est fait pour être bue et les filles pour être aimées ». Elle n’est pas belle la Bretagne !
Beaucoup de tendresse et de poésie dans ce livre comme dans tous ceux de Louis, vous comprenez que nous aimons ce pays qui nous a vus naître, nous et nos ancêtres.
Extraits :
- Ce tord-boyaux venait euphoriser une Bretagne blessée dans sa langue et son histoire, insidieusement infiltré dans sa propre négation.
- Elle ne sortait plus son habit traditionnel, sans doute s'en trouvait-t-elle désormais indigne ? Cette coiffe triomphale qu'elle arborait fièrement le dimanche pour la messe, les jours de fête et pour les enterrements, était l'élégant emblème d'un canton.
- Elle me rétorqua avec véhémence : « nous avons trop souffert pour cette langue, apprends plutôt l'anglais correctement, ça te servira partout au moins ! »
- On accueille plus la mort chez soi dans ce monde aseptisé.
- Cidre et beurre, deux maîtres-mots, de secrets de fabrication, que recèle la ferme en ses uniques saveurs artisanales, encore loin des pasteurisations et des normes niveleuses « aseptisantes » où je ne retrouve plus les sapidités sublimes de ce qui me fit croître.
- Comme Jack Kerouac à Big Sur, ici j'ai interrogé la mer : " Vague souriante qui meurt pour renaître, où berces-tu tes noyés, gonflés, sans yeux, du pays salé* ? » Je rêvais d'Irlande et d'Amérique dans les postillons des embruns.
- L'âge venant m'attache de plus en plus à ces temps passés. On ne meurt que de l'oubli de l'enfance.
- Jakez « l'ancien » n'avait pas encore publié son  « testament bigouden » et ce cher Grall préparait sa «botsulanisation" entre Sarcelles et Trévignon pour la plus émouvante des Sones**.
- Cidre à pleurer, à languir et à rire, immuable boisson à consommer dans l'année qui suit. Pas de millésime, le cidre s'impatiente pour gagner les cœurs.
- En cette même période, Portsall*** broyait du noir, je brandissais le Gwen-ah- Du en écoutant les bardes me révéler peu à peu une autre poésie, celle de la révolte aux portes de l'Occident.

Éditions : Blanc silex éditions (20o2)
Il faut souligner que les illustrations sont de Claude Huart qui a également illustré certains ouvrages de Glenmor.
* Extrait du recueil « Les Ronces bleues ».
** La Sone des pluies et des tombes ».
*** Port du Finistère Nord, victime de la marée noire de l’Amoco Cadiz en 1978.

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Commentaires
E
Un beau sujet... et un bon breuvage.
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N
Voilà un bien beau sujet
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