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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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3 juillet 2014

MORGAN Cédric / Une femme simple.

 

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Une femme simple.
Cédric MORGAN.
Note : 4 / 5.
Sa petite entreprise !
Auteur dont j'ai lu deux romans que j'avais bien aimé il y a quelques temps déjà.
L'ayant revu au salon du livre de Vannes, j'ai découvert à cette occasion son dernier roman.
J'aime l'idée de "prêter" une vie à un personnage ayant effectivement existé, mais dont on ne sait pratiquement rien.
Jeanne était ce que l'on peut appeler une belle plante, elle était aussi forte, courageuse et résistante que bien des hommes. Le travail aux champs ou autres tâches du monde campagnard ne la rebutait absolument pas. Le travail et la religion dans la Bretagne très catholique de l'époque était son univers. Un marin, nommé Louis, ne fut pas effrayé par les proportions plutôt généreuses de la jeune fille et demanda sa main ! Qu'il obtint et le mariage fut célébré rapidement. Louis s'avéra un bon mari, la vie suivait son cours lorsque Jeanne eut l'idée de créer un système d'acheminement maritime vers la ville de Vannes. L'état des routes (des chemins devrais-je dire) ne permettait pas, surtout pendant les mois d'hiver, un voyage sans embûches.
Le bouche à oreilles fonctionnant très bien, sa clientèle s’accrut rapidement, sa famille aussi, des enfants naquirent. Louis accepta un poste de marin "A l'Islande". La paye était meilleure, mais l'absence durait entre sept à neuf mois.
Elle transportait hommes, femmes, enfants, animaux et marchandises diverses. Une dame très élégante et de noble condition fut sa passagère, elles devaient se revoir plus tard.
Elle sauva plusieurs personnes de la noyade et devint grâce à cela une des figures des environs.
Tout le monde en tira fierté...sauf elle, bien entendu !
Une vie aussi ordinaire qu'exaltante pour une femme qui était devenue célèbre et a su, malgré tout, restée simple. Une grande leçon de modestie.
Jeanne Le Mithouard (1778/1842) fut une figure locale dans le port du Logeo dans le golfe du Morbihan. Un panneau lui rend hommage en ville. C'était une femme de robuste constitution mais pas une géante, comme le dit l'auteur qui, c'est un roman, a un peu travesti la vérité. En réalité on sait peu de choses sur la vie de cette femme, qui a obtenu en 1837 la médaille d'or des sauveteurs en mer.
Une femme très en avance sur son temps, féministe avant l'heure, pleine d'esprit d'entreprise.
D'une grande bonté aussi, elle accueillit chez elle la bonne d'un fermier engrossée et renvoyée par le maître de céans ! Et ce pendant plusieurs mois. Elle l’aidât aussi à refaire sa vie ailleurs.
Louis avait aussi sous ses airs frustes une certaine bonté d'âme.
Mais la vie passe et même pour des gens humbles et sans reproches, la mort vient à l'heure qu'elle décide. 
Louis, comme tant et tant d'autres, périra en Islande et Jeanne quasiment sur ses lieux de 
travail !
C'est très bien écrit comme la vie de Jeanne en toute simplicité, la vie de tous les jours avec le vocabulaire du quotidien.
Dans un post-scriptum l'auteur nous dit ce qui suit :
-Tout-ici est imaginaire : les comportements, les pensées, les actes attribués à Jeanne.
Seuls les lieux ont une réalité.
Extraits :
- Sans quoi on était traité de fière, ce qui scellait auprès des femmes du pays et notamment au
lavoir à une forme de proscription.
- Toute sa personne impressionnait.
- On ne plaisantait pas devant elle. Derrière son dos, on se relâchait.
- Son pouvoir de séduction n'échappait à personne, elle était plutôt jolie. Bien faite, gigantesque mais justement proportionnée.
- Louis tout de suite avait paru différent à la jeune fille.
- Avec Jeanne il était entré dans un autre univers, une magie qui transformait tout.
- Il parut vaguement étonné, puis sans se faire prier, il approuva. D'ailleurs elle ne demandait pas son autorisation, elle informait de ses intentions.
- Et, en plus, elle aimait la mer.
- Un comportement plutôt exceptionnel dans le pays où l'on ne se baisotait guère que le premier de l'an et ne manifestait en général, même en privé, aucune marque d'affection.
- Émerveillés par cette jeune diablesse déterminée et habile, ils aidèrent à établir sa réputation.
- Elle se fâchait presque : naviguer sur un canot, dans le golfe, quand tant de marins, à commencer par Louis, affrontent l'océan pour la pêche à Islande, où était l'héroïsme ?
- Elle se vit différente. Elle qu'on surnommait La France se sentait donc étrangère.
- Et, à cette pensée, elle nourrissait tantôt du regret tantôt comme un espoir engourdi.
- C'était au fond une sorte d'allégorie de son bonheur. 
Éditions : Grasset (2014).
Autres chroniques de Cédric Morgan :
Oublier l'orage.
Le Bleu de la mer.

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Photo : Joëlle Teillet.

 

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Commentaires
J
chouette ma photo ! le panneau n'est pas trop évident à trouver ; il est dans la rue<br /> <br /> qui descend au village et au port, adossé à un pâté de maisons, sans doute à l'endroit <br /> <br /> où vivait Jeanne ? en tout cas j'ai localisé celle de l'auteur ! tout se sait au Logeo et<br /> <br /> au Ruault aussi ...
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