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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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11 mai 2014

EMERY Alain / Petits morceaux du Paradis.

 

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Petits morceaux du Paradis.*
Alain EMERY.
Note : 5 / 5.
Éloge de la coquille.
Certains ont écrit l'éloge de la folie, d'autres l'éloge de la godille, Alain Emery dans ces pages ne fait ni plus ni moins que l'éloge de la coquille Saint-Jacques.
Le titre en lui-même est déjà tout un programme. Et une mise en bouche prometteuse.
Une de mes premières rencontres littéraires avec Alain date de 2009 (déjà!).
C'était pour l'ouvrage collectif : En Bretagne ici et là...40 lieux, 40 auteurs.
J'avais terminé ma chronique par ces lignes :
Le mot de la fin, car il faut une fin, sera pour Alain Emery :
« Que voulez-vous, je suis d'Erquy.....C'est dans ma viande ».
Depuis, nos rencontres littéraires et autres se sont multipliées, les deux avec toujours autant de bonheur.
Ici il n'est pas question de viande, mais d'une des perles culinaires de la mer, la coquille Saint-Jacques !
Merveille des merveilles ! 
À damner un saint même breton, alors pour quelques mécréants (chose qu'Alain admet dans son livre et moi dans cette chronique !) bons vivants portés sur la bonne chair, la question ne se pose pas.
Souvenirs d'enfance autour de la coquille, l'auteur en garçon sage tendant l’assiette et disputant à son père le plaisir de tremper un morceau de pain dans le reste de la précieuse et succulente sauce !
La mer et ses trésors culinaires ! L'explication de ce titre oh combien imagé, une vieille du pays bretonnant et son fricot, la gamelle sur les genoux, se régalant. Son seul commentaire :
- C'est juste des petits morceaux de paradis.
Sagesse des anciennes personnes.
Le port d'Erquy et ses bistrots qui me rappelle "Pors-Even" et mon oncle Rémy barbu, chevelu, buvant des rouges limés, ces gens qui méritent notre respect. J'ai durant mon adolescence fait quelques nuits de pêche côtière au maquereau, peu de métiers de terriens ont cette dureté et aussi ce risque permanent.
Un personnage en bordée, marin de Paimpol, justement surgit et rugit sur le zinc d'un bistrot. Quel métier, vidant son sac en se remplissant la panse verre après verre ! Terminant sa diatribe par un constat : c'est le plus beau métier du monde !
Ivresse de l'alcool et de la mer. Mélange oh combien détonnant.
C'est bien écrit, comme d'habitude, c'est court, iodé mais savoureux, avec, bien qu'il s'en défende, un peu de nostalgie. Mais laissez-nous ce droit, nous qui avons été élevés au bord de la mer. Je me souviens avoir quasiment mangé des crevettes du jardin, les petites grises trouvées en abondance dans les trous d'eau en quelques minutes de marche. Accompagnées de galettes et de cidre (avec modération). 
Une expression de mon enfance que je retrouve ici :
"S'abattre comme la vérole sur le bas clergé !"
Ma mère ne manquait jamais d'ajouter "breton".
Un port pour moi doit sentir le gazole, la sueur, le sang et le poisson, le reste n'est que plaisance.
Pour enfoncer le clou Alain Emery termine ce livre par trois recettes qui m'ont l'air plus succulentes les unes que les autres !
Plaisanterie personnelle entre l'auteur et moi :
L'expression "bolée de cidre" n'arrive que dans l'avant-dernière page de
l'ouvrage !
Je ne suis pas resté sur ma faim mais un peu sur ma soif !
Alain, la prochaine fois après l'apéro au Dahouët, fais-moi visiter le port d'Erquy de ton enfance !
Extraits :
- Ce faisant, j'étais bien loin d'imaginer que je laissais ainsi, derrière moi, de précieux repères grâce auxquels aujourd'hui - quarante ans plus tard - je retrouve le territoire de mon enfance.
- J'ai pour les gens de mer un respect instinctif. Ils font ce que je n'oserai faire.
- Venaient ensuite les troquets et leur cortège de hautes figures. Les ports en ont plein les quais et il faudrait un livre tout entier consacré à ce grand cirque que sont les bistrots.
- Que ce soit bien clair : j'écris sans tristesse. Sans nostalgie. Ne fouille pas les décombres d'un monde englouti, je ne me penche sur aucune dépouille.
- Ce qui ne me gênait pas plus que ça mais je vous parle d'un temps où la patience dirigeait le monde. Un temps par malheur révolu....
- J'étais déjà un mécréant et, qu'on veuille bien me pardonner, j'avais d'autres chats à fouetter....
- Il y a vingt cinq ans, en bordée sur zinc d'un bistrot de Paimpol, j'ai eu la chance de croiser la langue bien pendue d'un matelot.
- Appelez ça Coquilles au Vésuve si vous voulez jouer au plus fin et servez chaud avec un Sancerre.
- Sifflez ça avec une bolée de cidre et vous m'en direz des nouvelles.
Éditions : Editions Ouest & Compagnie. (2014)
* Chronique de la coquille Saint-Jacques.
Autres ouvrages d'Alain Emery présents sur ce blog :
Canaille & Compagnie.
Divines antilopes.
D'aussi vastes déserts.
Les Porcelaines.
Gibiers de potence.

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Commentaires
P
Je l'ai commandé ! Bel critique que tu nous offres là, Yvon ! Et qui ouvre l'appétit tant au niveau de l'esprit que du ventre ! lol
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