Collectif * / Secoue-toi Bretagne!. Breizh, Krog e barzh!
Secoue-toi Bretagne!.
Collectif *
Breizh, Krog a barzh !
Note : 4 / 5.
Nous te ferons Bretagne ! **
La couverture très réussie à mon goût représente un faux escargot sur une carte de Bretagne un peu floue. Fuit-il ? Enfin il est dans la bonne direction, vers l'est, comme des millions de Bretons au cours des siècles!
Une présentation des auteurs commence cet ouvrage, ils sont tous universitaires et hyper diplômés.
Ensuite deux pages et demi de sigles, au hasard : KBBE, (in English), PLU, PRES (cela existe et par la magie de l'alphabet, ils se suivent) et pour clore cette liste le TIC.
Ne vous y trompez pas, ce livre est très sérieux.
À première vue la situation de la Bretagne semble bonne, en tout cas pas pire que dans d'autres régions ayant beaucoup plus de problèmes ! Alors tout baigne, dans une mer d'huile (ou de pétrole parfois!) à regarder de plus près, pas réellement !
Car le problème est de ne pas s'endormir sur ses lauriers (ou ses ajoncs!).
Un inventaire très complet des forces et faiblesses d'une Bretagne économique qui, comme le reste de la France, subit de plein fouet les effets de cette fameuse "Crise" qui touche tout le monde sauf ceux qui l'ont provoqué et qui paradoxalement en sont les seuls bénéficiaires !
La mainmise de l'Europe n'arrange pas l'activité de certains secteurs comme la pêche qui est en déclin.
La Bretagne étant moins industrialisée que d'autres régions françaises, l'Est par exemple, elle souffre moins de fermetures d'usines, sauf dans le secteur automobile.
La construction navale et les arsenaux ont suivi la délocalisation qui comme notre ennemie séculaire n'est plus l'Angleterre, la flotte est plus utile en Méditerranée. La marine marchande n'est, me semble t-il, plus réellement porteuse d'emplois!
L'agro-alimentaire semble en sursis, mais les problèmes que connaît le groupe "Doux" incitent à la plus grande prudence. Pas bien réjouissant, mais....
Ce livre et c'est bien normal se termine par un chapitre s’intitulant "En guise de conclusions.....en attendant des actions". Car l'évidence est de se dire que certaines choses s’essoufflent : l’agriculture intensive, les élevages surdimensionnés et aussi hélas la pêche. Mais par quoi remplacer ces secteurs qui ont fait la richesse et pour certains la renommée de la Bretagne (je parle de la pêche, car pour le reste...). Les auteurs ont leurs idées et ils sont beaucoup plus compétents et informés que moi!
Les personnages ici, c'est le peuple de Bretagne, avec ses joies (il y en a!) ses peines (pratiquement toujours dues à la mer, marins disparus et marées noires et hélas aussi maintenant fermetures d'usines) et ses aspirations souvent de rester travailler au pays. Cela peut paraître peu, mais tellement de générations n'ont eu le choix qu'entre l'exil ou la marine de commerce d'abord, puis d’État !
Mais un des atouts de la Bretagne reste sa forte personnalité, avec le tourisme et une jeunesse très diplômée, enfin il me semble.
Je suis loin de mes bases littéraires avec ce livre, aux antipodes du monde du roman ou de la nouvelle que je côtoie le plus souvent . Ici plus de chiffres dans leurs sécheresse et d'analyses scientifiques que d’envolées lyriques, mais c'est le but de ce livre. Réfléchir sur ce que nous léguerons à nos enfants et petits enfants....et il y a malheureusement peu d'espoir que ce monde soit meilleur que celui que nos parents nous ont laissé!
Cela me rappelle un temps très ancien, la lecture de l'essai des membres du CELIB *** "Bretagne, une ambition nouvelle", paru en 1971. Ouvrage que j'avais lu à l'époque et que je devrais avoir encore quelque part dans une de mes bibliothèques! Des recherches en perspective ! Il me semble que la situation de la Bretagne était très mauvaise à l'époque, pire que maintenant, mais dans ces années-là je voyais la situation avec les yeux d'un exilé !
La philosophie de ce livre peut se résumer par ce constat :
"On peut donc voir le verre à moitié vide ou le verre à moitié plein"!
Il reste une chose qui elle n'est pas quantifiable que certains d'entre nous essaient de transmettre comme héritage aux générations futures, la culture bretonne ! Et pour cela je pense que nous sommes très motivés !
Extraits :
- Certes nos économistes et politologues savent très bien construire, et seulement après coup, des discours pour expliquer ce qui est arrivé.
- Il devrait pourtant être de la responsabilité des politiques d'oser se projeter au-delà du court terme. Nous ne les avons pas élus pour nous conduire dans le mur en cahotant d'une échéance électorale à l'autre !
- Faut-il donc attendre de retomber « au fond du trou », là où la Bretagne était au début des années cinquante quand le comité d'études et des liaisons des intérêts bretons (CELIB) a efficacement réagi ?
- Peut-on continuer dans l'impasse actuelle de certaines sciences humaines et sociales alors que les facettes fortes de la Bretagne sont la culture qu'elle porte et la qualité du « vivre ensemble », toutes choses qui servent largement son attractivité touristique en apportant des flux financiers importants ?
- Un des atouts reconnus de la Bretagne est la qualité de sa main-d’œuvre. Le dernier schéma régional de l'enseignement supérieur a-t-il pris en compte la formation aux nouveaux métiers liés aux automobiles de demain ?
- On se heurte pourtant constamment à l'idée préconçue selon laquelle la Bretagne serait à la remorque des Pays-de-la-Loire pour les disciplines supportant le développement de la biotechnologie.
- Dans le domaine de la mécanisation, la Bretagne dispose, notamment avec les élevages porcins, d'un « gisement » de matière organique.
- S'il suffisait de se plonger dans un livre de recettes pour faire évoluer l'économie bretonne, ce serait fait depuis longtemps et nous aurions bien tort de nous inquiéter.
Éditions : Apogée (2013)
* Jacques d. de CERTAINES. Jean-Louis COATRIEUX. Jean-Pierre COUDREUSE. André LESPAGNOL.
Essai sur les enjeux de l'économie régionale.
** Xavier GRALL.
*** Comité d'étude et de liaison des intérêts bretons.