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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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2 juin 2013

MARTIN Maryline / Les Dames du Chemin.

 Les nouvelles de l'été.

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Les Dames du Chemin.
Maryline MARTIN.

Note : 5 / 5.
Les chemins du trépas.
Mon ami Alain Emery, grand auteur de nouvelles, ayant dit le plus grand bien de ce livre et de son auteur, je ne pouvais pas rester indifférent.
Une magnifique préface de Jean-Pierre Verney, conseiller du Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux, nous ouvre le chemin de la lecture, onze nouvelles pour nous parler des anonymes humbles participants ou victimes de ce que l'on nomme "La Grande Guerre".
"Les Dames du Chemin". L'auteur retrace les derniers jours de la vie de son grand-père Abel Marchand, soldat de 2ème classe. On ne peut être que choquer par ces quelques phrases de cette baudruche de Général Nivelle envoyant des milliers de jeunes gens vers une mort certaine :
"Aux officiers, sous-officiers et soldats des armées françaises, l'heure est venue, confiance et courage. Vive la France ! »
Il mourut glorieusement à 67 ans dans son lit. 350 000 hommes furent mis hors de combat dans cette folle entreprise.
"La sainte médaille". Michel était artiste avant dans une autre vie, lui aussi a été fauché par un projectile ennemi....Ce dernier rempart avant la mort de sa Sainte Médaille...l'aurait-il égaré?
"La fleur au fusil" ou l'amour une dernière fois. Un homme qui va partir au combat, une veuve encore séduisante... de quoi demain sera-t-il fait?
"La guerre des toubabs". La guerre en Europe, ce n'est pas réellement son problème à Abdoulaye Diallo, et pourtant il en subira toutes les horreurs, mais il n'en récoltera aucun honneur.
"
Sacrifié" est un des plus beaux récits de ce recueil et Ferdinand Mérignac, un personnage très attachant, un de ces mutins qui devaient être sacrifiés pour l'exemple ; il accepte son sort.
"La lanterne rouge" évoque d'une manière très pudique un mal nécessaire, les maisons closes. Un homme reste toujours un homme, parfois quand il quitte sa peau de loup. Même si parfois il confond l'amour et la guerre dans un Paris qui semble ignorer que la France est en guerre!
"La ronde" évoque les terribles blessures subies par des hommes dans la force de l'âge.
"Victoire". Victorine attend Victor parti depuis très longtemps, trop longtemps. Le souvenir des lettres, la première en particulier, l'émotion après la séparation, et enfin le retour, l'avenir avec la naissance de Victoire, leur fille.
Un court texte "Sur les pas de mon grand père" clôt ce livre sur un pèlerinage plein d'émotion.
Ici les personnages ont pour prénom Abel, Michel, Paul, Abdoulaye, Ferdinand etc.....mais en face, des jeunes hommes du même âge s'appelaient Helmut, Wielfrid, Hans ou autres prénoms allemands, eux non plus n'avaient pas demander à participer à ce vaste gâchis que fut cette guerre que certains espéraient la dernière! Espoir hélas déçu quelques 30 ans plus tard.
En littérature on parle souvent de "Tranches de vie". Ici il est plus souvent question de "tranches de mort"! Et même pas de manière paisible, car le temps est venu. Non ici c'est la boucherie à ciel ouvert, le massacre institutionnalisé sous la baguette de généraux incapables.
L'auteur ici ose aborder des aspects qui semblent tabous ou oubliés dans l'histoire avec un grand H. En particulier le sexe , les aventures en ces temps troublés, les aventurières comme "Alouette", les maisons closes, les femmes victimes de viols et les naissances qui s'en suivirent dans "L'enfant de personne"comme si celui-ci refusait de naître! Et plus réjouissant le journal d'une petite fille dans "Nénette et Rintintin" avec de la part de cette enfant un vibrant hommage à sa mère.
On peut accompagner cette lecture en revoyant le chef d’œuvre de Stanley Kubrick "Les sentiers de la gloire" et se souvenir que ce film fut interdit en France pendant trente ans!
Extraits :
- On ne peut que « survivre après un tel carnage ! C'est une course contre le temps, celui qui nous est compté.
- Il se laisse glisser dans l'obscurité de cet entre-deux, où l'on tutoie la mort avant de faire sa connaissance.
- Sa mémoire gardera longtemps la sonorité assourdissante du tocsin, mêlant sa voix de bronze à celle des villages environnants.
- On les avait, pour la plupart, enrôlés de force, peu de volontaires ayant voulu quitter leur village. Et à quoi bon se révolter comme l'avaient fait les Bambaras et les Mossis?
- Il en avait assez de tuer pour continuer à vivre, ce jeu de massacre n'avait que trop duré. C'est pour cela qu'il avait crié plus fort.
- Son regard a du mal à supporter cette nouvelle silhouette qui lui fait face. Un vieillard a remplacé le fringant jeune homme de 1915.
- Non, je ne suis pas fou, seulement perdu dans les méandres de mes souvenirs. Ma vie est restée accrochée à des barbelés.
Éditions : Glyphe (2013) En plus ce livre est un très bel objet.

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Commentaires
A
Un autre beau recueil de nouvelle effectivement.<br /> <br /> C'est intéressant cette façon dont vous parlez de chaque texte en quelques mots.<br /> <br /> Merci<br /> <br /> Anne
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