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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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26 août 2012

BUAN Hugo / J'étais tueur à Beckenra City.

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J'étais tueur à Beckenra City.
Hugo BUAN.

Note : 5 / 5.
Il n'y a pas de sot métier!
Hugo Buan délaisse Rennes et la Bretagne pour nous entraîner dans le flot impétueux du fleuve traversant Beckenra City. Ville située dans une vallée très difficile d'accès, elle obéit à ses propres lois. Monarchie-Républicaine, elle a un roi qui la gouverne, cité futuriste, caste dirigeante toute puissante, le reste de sa population est reléguée dans les marais qui l'entoure.
Cette ville, dont la description est très imagée, est le personnage le plus représentatif de ce récit sorte de thriller politico-futuriste à l'ambiance glauque d'un monde totalitaire qui semble arriver à grand pas, hélas!
Leonard est tueur de métier sans trop d'états d’âmes, effectuant ses contrats avec méthode et sang froid. Luth Miller est la prochaine victime désignée par le juge Lautter, son actuel commanditaire! Léonard ne peut cacher sa surprise : cette femme est la bourgmestre de la ville, loin de ses cibles habituelles. Le juge lui explique qu'elle est devenue une épine dans son pied et qu'elle risque de lui couter sa 5eme réélection! En plus, telle une vulgaire gauchiste, elle veut éradiquer les moustiques dans les marais avec l'argent qui devait servir à refaire la place de l’hôtel de ville dont le marbre blanc de Carrare est par endroit un peu rayé ! Leonard acquiesce comme à l'accoutumée.
Mais un peu d'exercice serait le bienvenu, une petite descente dans les quartiers périphériques pour casser de la vermine, soirée qui se termine par quelques victimes, du rebut venu des LSL (Logements Locaux Localisés). Rien de bien grave sauf que comme l'assassin revient sur les lieux de son crime, le justicier fait la même erreur! Et de chasseur il devient proie. Mais grâce à son ami Castro, il s'en sort et peut reprendre sa besogne qui ne s'annonce pas de tout repos. En effet durant le temps qu'il a passé entre les mains d'un gang, il a découvert pas mal de choses pour le moins étranges, une mystérieuse chaîne de télévision cryptée spécialiste de morts violentes en direct ! Certains des protagonistes portent un tatouage en forme de caïman noir? Mais il refuse de se laisser détourner de son travail, abattre Luth Miller malgré la difficulté de la tâche et les doutes qui l’assaillent sur l'après. En effet, il va devenir un témoin plus que gênant... qu'il n'est pas raisonnable de laisser en vie.
Léonard, homme sans passé, n'est pas sûr qu'il lui reste un avenir. Soldat puis mercenaire dans tous les points chauds du monde, il loue ses talents moyennant finances. Donner la mort est une vieille habitude, son premier chagrin d'amour a débouché sur ses deux premiers meurtres. La valeur n'attend pas le nombre des années. Mais celles-ci ont passé! Castro, frère d'armes, compagnon de baroud toujours là pour le sortir d'un mauvais pas. Sa victime désignée, Luth Miller, est une femme ravissante mais autoritaire ; mérite-t'elle la mort? Ce n'est pas la question, un travail est un travail! Son commanditaire, le juge Laupper, est un homme intransigeant, mais sa sévérité n'est pas la même suivant la position sociale du prévenu. Il est le représentant de sa caste, riche et avide de pouvoir. Une charmante voisine Sandra, vendeuse de porcelaine, est une sorte de rayon de soleil dans la vie de Léonard, et dans ce livre aussi....mais elle a un gros défaut ! Une princesse venue de la capitale n'est pas forcément la femme du monde que l'on croit, une famille qui se trouve où il ne faut pas, une petite fille qui a vu ce qu'il ne fallait pas, une policière captive, "Gilet de cuir", chef de gang drogué et sadique, traversent avec plus ou moins de chance ce roman.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui renouvelle le genre avec une projection dans un avenir pas très lointain, mais peu agréable. Si c'est le monde qui nous attend...
Extraits :
- Un fleuve normal adoucit ses mœurs en créant des méandres, celui-ci n'en avait cure. Il descendait en ligne directe des montagnes situées en amont à une centaine de kilomètres. Il était court et brutal. Aucune embarcation n'y naviguait, aucun nageur ne s'y risquait, aucun plongeur ne l'avait sondé.
- Des balèzes engraissés aux hamburgers. Un Noir et un Blanc. Les deux fous opposés d'un jeu d'échecs ou les cavaliers de la reine Luth.
- La ville était prise dans un étau et les dirigeants de Beckenra City ne voyaient pas se rapprocher les mâchoires froides de l'acier qui les enserreraient tôt ou tard.
- La grande nettoyeuse de la pure Monarchie Démocrate n'aimait pas les détritus. Elle ignorait, ne voulait pas voir, les véritables détritus de la société.
- De l'humilité Léonard, soit intimité, soit ridicule soit tout ce que tu veux mais ne sois ni insolent ni prétentieux.
- J'étais en train de me fourvoyer dans un labyrinthe sans issue de secours. Je maudissais Laupper.
- J'étais persuadé qu'un jour ce connard sortirait de son lit et engloutirait la ville. La vallée de Beckenra aurait vécu.
- Moi attendrissant? j'allais tuer cette femme et ma future victime me trouvait attendrissant.
- Et la raison pour laquelle je devrais tuer votre mari, quelle est-elle ?
- Il ne pouvait pas se douter que quand Léonard fout le bordel, il fout vraiment le bordel.
Éditions : Pascal Galodé (2012).
Autres chroniques d'Hugo Buan :
Hortensia blues.
Cézembre noir.
La nuit du tricheur.

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