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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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20 février 2012

JOSSE Jacques / Café Rousseau.

Trilogie bretonne et maritime. Part 3.
Le café
Café Rousseau.
Jacques JOSSE.

Note : 5 / 5.
Au port !
Entre le bistrot et l'église, entre la vie et la mort !
L'avantage avec les livres de Jacques Josse, c'est que j'ai l'impression d'être en pays connu!
Normal me direz-vous, ce livre se passe chez moi ! Dans « Les buveurs de bière » le bistrot se situait à Bréhec. Ici l'action se déroule entre Plouha, Gwin-Zégal, Pors-Pin, sur la côte du Pays Goëlo, pas très loin en fait.
Quatre parties :
Mardi, dix-sept heures ; Les solitaires ; Au milieu des ruines ; Don des morts.
Un camion passe en trombe .....les vieux sont aux aguets....le chauffeur est en forme aujourd'hui...
Un bourg, un bar, un café plutôt, du nom de son propriétaire Rousseau, une église et un curé Inizan, et un monde pas si hétéroclite que cela ! Rousseau est en fin de vie, son ventre est comme une baleine, son nez comme une fraise avinée et son foi comme sa foie ne sont plus que des souvenirs lointains. Le père Inizan vient l'aider dans ce dernier voyage immobile. Entre le curé et le bistrotier, une certaine connivence s'est établie au fil du temps et à eux deux ils détiennent tous les secrets du village. Les homme parlent après boisson, les femmes à leur confesseur ! Et des secrets le bourg en possède son comptant ! Ici comme ailleurs des choses peu recommandables sont enfouies au fonds des armoires sous les piles de draps à l'ancienne.
Iniza, au chevet de son ami, se souvient de son arrivée dans cette paroisse, où il ne fut pas particulièrement le bienvenu, Rousseau devant faire le coup de poings contre un de ses clients. Rousseau révèle au curé la vérité sur LeHer, celui qui a assassiné sa mère, purgé sa peine et est reparu un jour.....puis il est mort la tête haute comme il a toujours vécu ! Rousseau part et repart encore et encore, il revoit son ami Nikos Kavvadias, officier radio dans la marine grecque, le poète des maisons borgnes.....La mort,  elle avance à pas lents, mais sûrs...les deux hommes la sentent venir inexorablement, le dernier voyage de Rousseau sera son plus court.....le cimetière du bourg.....
Peu de temps après un camion traverse en trombe un village.....Popeye aux commandes....il pense faire peur aux vieux.....
Rousseau, le colosse ancien de la « Marchande » se meurt dans son lit ; rongé par les excès en tout genre surtout alcoolisés, cloué au lit, il voyage entre deux délires et deux corps de femmes dans les bordels d'Amérique du Sud ou d'ailleurs. Il revoit ses amis marins, revit leurs bordées, se souvient de certaines maisons closes et quelques-unes des pensionnaires...Et cette fin de vie ici à servir à boire à des hommes pas toujours responsables.
Le curé Inizan, brave homme qui a quelques soucis avec l'abstinence alcoolique et surtout sexuelle. Faut dire que certaines de ses paroissiennes ne l'aident pas beaucoup....mais de son côté il a parfois les mains baladeuses. Une petite gorgée de remontant parfois c'est pas pêché surtout avec les gens qui l'entourent qui sont, eux, des adeptes de la dive bouteille !
Beaucoup de personnages et de forts en gueules, hommes bruts de coffrage et femmes non abruptes de corsages ! Le professeur Caroff, manutentionnaire mais penseur, Nid'pie braconnier décédé dans sa voiture, le fossoyeur qui n'aime pas faire attendre les trous qu'il doit creuser.Hubert le simplet du village un peu obsédé sexuel, la femme qui aime les apéritifs mais houspille ses chats, la boulangère à la poitrine farineuse, Mélanie qui respire la joie de vivre, l’infirmière qui fait tourner la tête du curé.... Des poétesses et poètes dans leur genre !
J'ai une tendresse particulière pour les écorchés vifs : Brendan Behan, Kerouac, Dylan Thomas, tous ces celtes abandonnés sur le bord de la route, hommes trop entiers plongés dans leurs délires alcooliques.  Ici ce sont tous les personnages qui sont un peu paumés trop d'embruns et d'air iodé, alors buvons avant d'avoir soif !
Un excellent roman qui fut, il est bon de le rappeler, lauréat du « Prix du livre de la ville de Carhaix » en 2001.
Extraits :
- À tous les coups, il va livrer chez Rousseau.
- Depuis, il a du sang noir dans les veines. Il guette des sirènes dans la pénombre. Là c'est une balise qui hurle, ici un steamer qui croise...
- L'écume est du blanc d'oeuf qui halète sur la crête des vagues. Elle possède le goût du houblon, l'amertume des maltes du Nord, brassée dans les cuves de brume, à Rotterdam, à Stockholm ou à Hambourg.
- Au début, le comité d'accueil fut des plus froids. L'humeur vache des cloportes des falaises était de sortie.
-...depuis, Inizan dopé au vin de messe ou à l'élixir du Goëlo, tient la dragée haute aux vivants et aux morts du village.
- Hier, il était à Bornéo, aujourd'hui à Tanger..... vous savez, il va aller comme cela jusqu'au bout.
- Nikos, c'était le lyrique des maisons borgnes.
- Ces dons, qui naviguent entre paroles et non-dits, ils ne peuvent provenir des habitants du village. Chacun détient sa part de mémoire.
- Le temps pour elle de faire sauter un à un les boutons de son corsage, découvrant avec lenteur sa gorge farineuse et ses longs tétons bruns pointés à travers des grilles en losange du confessionnal.
- Quelque part une horloge sonne dix heures du soir. Une autre puis une autre encore appellent alentour la même litanie. C'est à Lanloup, à Brehec, à Plouézec....
- Celui-ci a tranché. Il lui dicte ses ordres : il faut mettre définitivement le cap sur le cimetière du bourg.
Éditions : Éditions de la Digitale (2000)
Autre chronique de l'auteur :
Les buveurs de bière.
Ouvrage collectif avec la participation de Jacques Josse :
Kerouac City Blues.

 

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