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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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19 décembre 2011

HERROU Laurent / La matière des rêves.

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La matière des rêves.
Laurent HERROU.

Note : 4 / 5.
L'écriture des songes.....
Recueil de 25 nouvelles, chiffre appréciable, mais qui nécessite à mon goût une lecture étalée sur plusieurs jours. Ce livre est le sixième de cet auteur vivant à Paris que je découvre avec cette lecture.
Mettre des mots sur les rêves, les décrire, expliquer des pensés et des images fugaces, des sensations agréables ou angoissantes. L'auteur réfute d'entrer le mot « cauchemar », alors essayons d'y voir plus clair ou plus sombre parfois. Une phrase de la quatrième de couverture nous prévient :
-« J'ai vécu plusieurs morts, j'ai parfois vécu la même répétée, multipliée ».
La mort n'est pas omniprésente mais son ombre plane plus ou moins lointaine. La nouevlle donnant son titre au livre donne le ton, l'angoisse est palpable, le sommeil agité, la cage se rétrécit et son occupant semble lutter en vain.... « Terre meuble » est l'histoire de Pauline qui aime la terre au point de s'enterrer juste pour voir ? Mais elle aime aussi la vie et l'amour physique ! Tom lui est un homme qui aime bien visiter ses anciens patients, imaginons une rencontre...Ce serait merveilleux de joindre l'utile à l'agréable....mais les bonnes choses de la vie ont une fin et le corps revient à la terre.
« Les cages » est une histoire de famille, d’emprisonnement, de mort et d'animal domestique..La route est longue pour aller à l'enterrement du père et dans la voiture close, le temps s'écoule au rythme des kilomètres... « L'inconnu » : nous suivons quelque temps un homme dans sa vie quotidienne et dans son quartier. Il semble connaître tout le monde, mais se connait ou se reconnait-il lui même ? Le pétrole et « Le paradis », ce n'est pas évident a priori et pourtant Marge et Paul vous diront que c'est grâce au premier qu'ils ont connu la seconde ! Une histoire aussi belle qu'étrange . Un voyage interplanétaire, un être humain sur qui tout le monde compte, un surhomme plutôt...l'espace défile, les radiations attaquent, le pilote déploie des trésors de bravoure, oublie la souffrance et enfin la Terre...et une autre histoire commence. Ce recueil se termine par deux nouvelles aux titres qui peuvent sembler inversés, « Une vie » et « Les abattoirs » tout est ainsi résumé, la vie, la mort....l'une à la fin de l'autre, inéluctable.
Un homme liquide qui retourne à son élément....un capitaine Crochet d'opérette, un père qui maltraite ses fils, peu de gens ordinaires...mais rêve t'on de choses banales ? Une femme et un homme....est-il besoin d'un miracle ? Parfois si ! Jeannot lui depuis l'âge de 14 ans pense à la mort, la sienne alors quand elle arrive...il est pourtant surpris ! L'écriture est très belle, les nouvelles sont originales et malgré tout, j'ai eu à la première lecture un sentiment très mitigé...raconter les rêves peut en effet ressembler à une gageure ! Certains textes ne font pas une page, d'autres presque trente, chose relativement déroutante ! Pour l'auteur comme pour le lecteur, et tant que tel il est nécessaire de s'adapter, de prendre son temps et de lire en oubliant pas mal de certitudes accumulées au fil du temps ! J'ai la pénible sensation de ne pas avoir rendu la qualité de ce livre, mais aussi le sentiment de ne pas en avoir saisi toutes les finesses. Un rêve, si l'on peut s'exprimer ainsi, pour une période de notre vie qui nous rattrape toujours :
« J'ai rêvé que j'étais vieux ».
Extraits :
- La cage diminuait encore – Alice au pays des phobies.
- Je n'utilise pas le mot cauchemar. Il ne me vient pas.
- Elle aimait manger, elle aimait faire l'amour.
- Ils avaient souri à la formule : c'était la mort qui les avait réunis, il n'y aurait pas de fin à leur amour éternel.
- Les hommes sont bêtes, elles se le répètent assez souvent. Les hommes sont bêtes, il ne comprendrait pas.
- C'est une véritable obsession, disait-on autour de lui. Mais ça va forcément lui passer, avec les femmes et la vie.
- Après quoi, la vie continua, paisiblement – du moins la mort.
- Ce n'était pas un vol, c'était une incarnation.
- Je veux dire que Florence incarnait quelque chose qui résonnait en moi. Il me ressemblait sans que je le sache.
- La mort consommée, la mort établie, la mort enregistrée, comprise. Admise.
- Mais il n'y a pas de Dieu.
Juste un centre et un tout.
- Mais elle se précipita dans les bras de Paul et sa nudité jeune et saine rencontra la sienne.
- À travers les carreaux brisés, le soleil baignait à la scène d'une lumière paradisiaque.
- La mort inéluctable.
- La mort administrée, la mort intentionnelle. Planifiée, décidée.
- Ce public lâche, inutile comme un vol d'oiseaux en dessus d'une agonie.
Éditions : Jacques Flament éditions (2011). Collections « Marges ».

 

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