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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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17 décembre 2011

KERRIGAN Gene / L'impasse.

L'impasse
L'impasse.
Gene KERRIGAN 
.

Note : 3 , 5 / 5.
Les anciens et les modernes !
Second roman de ce romancier que je lis après « A la petite semaine ». Un auteur qui lui aussi prouve la bonne santé du polar irlandais, mais décrit la ville de Dublin en pleine guerre des gangs. Touristes, passez votre chemin...
Vouloir en Irlande accomplir un contrat dans un pub n'est pas forcément une chose que le commun des mortels de la verte Erin approuve. Alors quand deux tueurs font irruption dans un bistrot tranquille et que certains consommateurs les empêchent de faire leur boulot, leurs commanditaires voient rouge. Danny Gallaghan regrette d'être intervenu, sorte de réaction instinctive, Novak, le patron du pub aussi. Mais maintenant il faut assumer surtout pour celui-ci qui a beau dire qu'il ne connait pas l'homme visé ne convainc pas les forces de l'ordre, car la police de son côté a quatre meurtres de membres de gangs sur les bras et patauge un peu. Et tout cela fait désordre dans la capitale irlandaise, mais cela ne fait que commencer !
Danny Callaghan, qui malheureusement pour lui, était où il ne fallait pas au moment qui, pour le moins, n'était pas le plus propice ! Il a eu maille à partir avec un cousin de Frank Tucker qu'il a tué, s'attirant le courroux de la famille. Huit ans plus tard à sa sortie de prison, il ne connait pas les intentions de ceux-ci à son égard....Vengeance tardive ou amnistie totale !
Novak, son ami d'origine polonaise, fidèle jusqu'au bout, est un des rares personnages sympathiques de ce roman noir.
Les truands qui luttent pour la suprématie et donc pour faire main basse sur la ville, la nouvelle vague Frank Tucker (pour qui le passé doit être révolu par les armes s'il le faut) et Lar Mackendrick, l'ancienne génération pas non plus très tendre ! Karl et Robbie, petites frappes cruelles, mais sans envergures, hommes de mains de Lar, qui sent son empire lui échapper. Depuis l'assassinat de son frère Jo-Jo qui était la tête pensante de la famille, les adversaires le pressent de prendre une retraite bien méritée.....et lui offrent même une pension en échange de son départ....sinon c'est la guerre et là tous les coups sont permis et des deux côtés, on ne s'en prive pas.
Quelques soldats perdus de l'IRA, traficotant des armes et nostalgiques du passé, regrettant le rapprochement avec les Britanniques. Les paramilitaires ayant abandonné la rue aux gangs, la délinquance s'est beaucoup développée avec l'arrivée massive de la drogue.
C'est bien écrit quoique la chronologie est un peu étrange et nécessite quelques retours en arrière. Sinon l'histoire est prenante entre ces hommes engagés dans une lutte à mort pour se partager le cadavre de l'ancien milieu dublinois ! On peut aussi se poser la question du rôle de la police (dans ce roman) qui semble compter les coups sans trop intervenir. La dite police était beaucoup plus virulente, il y a quelques temps dans sa chasse aux militants républicains.
C'est aussi très violent et situé à un moment clé de l'histoire contemporaine irlandaise, le tigre celtique comme la bulle spéculative et immobilière se sont dégonflés ! L'argent facile, les grosses cylindrées, les belles demeures, commencent à faire partie des souvenirs. Mais la drogue, elle, est désormais bien enracinée dans la société irlandaise, son contrôle attise bien des convoitises avec son cortège de cadavres !
Un bon roman noir, qui dresse le constat amer d'une société qui en peu de temps, l'argent aidant a perdu son âme ! Une chose qu'il faut remarquer c'est que tous ces gangs sont uniquement irlandais même dans une ville comme Dublin.
Un livre est souvent cité et sert de livre de chevet et de bible à un truand : L'art de la guerre par Sun Tzu. Tout un programme.
Extraits :
- La bête arrogante avec des flingues maintenant et elles étaient généralement défoncées à quelque chose.
- Ouvre les yeux, Colin, notre pays n'est plus le pays des saints et des érudits.
- Il fut un temps où bien gagner sa vie était suffisant pour vivre ici. Aujourd'hui, seuls les gens aisés y résidaient.
- « Si on avait fait ça à l'ancienne, on descendait nos hommes à tour de rôle, d'une semaine sur l'autre. J'espère que tu penses comme moi que c'est absurde. »
- Elle avait de l'argent de côté, trois ans de moins que Lar et envisageait déjà la nouvelle vie qui l' attendait.
- « T'es pas au courant ? L'I.R.A. n'existe plus, et nous autres, nous n'avons plus de travail. On ne parle plus que de paix et de fraternité aujourd'hui. Au lieu de tirer sur les Britanniques, on les couvre de baisers.
- « Ce pays avait quelque chose de particulier- il avait une âme. Aujourd'hui, il ressemble à n'importe quel autre endroit ».
- « Jouer les assistantes sociales paramilitaires présentent un intérêt : éclater les rotules des voleurs et faire exploser la tête des dealers. Beaucoup de gens pensent que ça fait partie du jeu ».
Éditions : Gallimard (2011).
Titre original : Dark Times in the City (2009).
Autre chronique de Gene Kerrigan :
A la petite semaine.
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