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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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3 août 2011

BRUEN Ken / Une pinte de Bruen (2)

Une pinte
Une pinte de Bruen (2.)
Ken BRUEN .

Note : 4,5 / 5.
Bruen is Good For You.
Second tome des écrits de jeunesse de Ken Bruen. Il comprend ce que l'on pourrait appeler quatre courts romans. « État de grâce », « Toutes les vieilles chansons et rien à perdre », « La Troisième Croix» et « Le temps de Serena-May ».
L'état de grâce ne dure jamais longtemps. C'est ce que ce dit Ford, irlandais de Londres, travailleur social. Le problème pour lui est que la Grâce en question, américaine, est mariée, et rentre aux Etats-Unis ! Alors il faut essayer de combler le vide de son départ. Donc résumons la vie sexuelle de Thomas Ford en quatre femmes et quelques coups durs! Grâce : il est amoureux d'elle et dans un lit tout va bien. Amanda : elle est chaude comme un glaçon qui sort du congélateur, mais il l'a épousé et a divorcé. Alison Dunbar : jeune écossaise sympathique, court vêtue, ce n'est pas le grand amour, mais cela peut le devenir. Stella : épouse de son patron et pour le moins entreprenante, le sexe c'est plus du sport que de la tendresse, alors le lit, jamais le temps d'y arriver et son mari frappe d'abord et cause après....donc pour vivre heureux vivons cachés ! Mais d'un seul coup, Ford devient un perdant pathétique, il perd tout, même son boulot.....la seule chose dont il hérite on veut l'en priver ! La vie est dégueulasse.....après la Grâce, vient le temps de la disgrâce.
Bien sûr que les vieilles chansons sont meilleures que celles de maintenant, le problème est que chaque âge a ses vieilles chansons et que l'on y perd parfois au change. Pour Danny, qui se qualifie lui même d'homme d'affaires, ses références musicales, ce sont les années 1960/1970. Blessé dans sa chair par un accident du travail, dans son âme par la mort de son épouse et de sa fille, tuées par un chauffard de quatorze ans, drogué. Depuis, il est devenu une sorte de croisé dans un combat contre les trafiquants. Deux personnages féminins apportent un rayon de soleil dans cette histoire, Nora l'infirmière irlandaise qui veut « Quitter ce pays de barbares » et Nikki, jeune prostituée. Un très bon texte dur et très noir.
Ce titre est extrait d'un poème d'Eavan Boland « The Emigrant Irish ».
« La Troisième Croix » est un texte terrifiant sur le mensonge, la vengeance et la démence. La parole d'une enfant va mettre le feu aux poudres. Du bruit, de la fureur, des morts.....et un des hommes les plus antipathiques du livre qui écoute Neil Young....Pauvre Thomas, décidément les croix sont dures à porter...Encore plus noir que le texte précédent...
Le dernier récit ne dépareille pas l'ouvrage, un couple, elle la quarantaine, lui un peu plus sont ravis par l'arrivée d'un premier bébé, une petite fille Serena-May, mais leur bonheur sera de courte durée, l'enfant souffre du syndrome de Down ! Comment réagir à ce grave problème ? Ce thème sera repris dans « La main droite du Diable » et l'enfant aura le même prénom, mais pas ses parents. Une sorte d'ébauche pour le futur roman. Chose que fait par exemple Joseph O'Connor dont certaines nouvelles sont remaniées et rallongées pour en faire un roman.
Tous les personnages de Bruen sont des lecteurs, même les plus durs, car ils semblent tous, malgré leurs actes très humains, déterminés à se venger, mais en toutes connaissances de cause. Danny en est le parfait exemple, tuant des hommes, mais plein de tendresse pour une jeune fille qu'il aimerait sortir du trottoir.
Encore une fois les références littéraires et musicales sont très nombreuses et très variées, de William Trevor à Gustave Flaubert avec la mise en exergue pour ce dernier la phrase suivante qui est vraiment à sa place ici : « Je suis plein de cercueils comme un vieux cimetière ».
Quelques lignes également sur les écrivains ayant fait de la prison, de Jack Abbott à Jean Genet, il cite également Ted Bunty, célèbre serial-killer américain, car certains de ces personnages ont été emprisonnés.
Énormément de réflexions sur l'Irlande et les irlandais, pas toujours très tendres, mais à mon avis très nostalgique. Chose qui il me semble se confirme de livre en livre.
Les textes proposés ici, sont à mon goût plus aboutis que dans le premier volume. Je pense en particulier à « Toutes les vieilles chansons et rien à perdre » qui m'a vraiment beaucoup intéressé.
Bref en littérature comme dans la vie, la deuxième pinte est meilleure que la première !
Extraits :
- Il voyait déjà son épitaphe : « un homme intègre, mais un mauvais baiseur».
- C'était le péché capital. Les Irlandais pardonnaient aux leurs la plupart des choses, sauf d'avoir du succès et de « singer » les Anglais.
- Au pays, on utilise le mot bronach, qui va parfaitement avec la gueule de bois.
- Où est la station de métro ?
Environ une agression et demie d'ici. Vous pouvez aussi essayer le bus, qui n'est qu'à un viol, au coin de la rue.
- Quand on circule souvent sur la Nothern Line, on finit par acquérir une surdité sélective. C'est ça, ou avoir un walkman.... ou un Magnum.
- Les Anglais font l'amour comme s'ils suivaient le mode d'emploi, sans passion.
- Après tout, on n'est pas en Irlande du Nord.
Pas encore.
- Bof, tant pis. Je veux retourner en Irlande. Je ne tiens plus dans ce pays barbare.
- On quittait la prison mais elle ne vous quittait jamais. Là reposait, il le savait, la sentence réelle.
- Quelqu'un d'autre avait dit que la religion était faite pour ceux qui ont peur de l'enfer. La spiritualité était pour ceux qui y avaient été.
- Dolores était anglaise. Mariée à un Irlandais, elle ne s'était jamais remis de ce choc culturel.
- Je suis irlandaise, la tristesse fait partie de ma nature.
Éditions : Fayard Noir (2011).
Titre original :  A fifth of Bruen (2006)
Chronique du volume 1, ici.

 

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Commentaires
J
m'a l'air pas mal ce livre...
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