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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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13 juillet 2011

Le GOFF Hervé / Le miroir aux narcisses (Part 2)

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Le miroir aux narcisses *

Hervé Le GOFF.
Note : 5 / 5.
Récits trégorrois, suite et hélas fin !
Pour un résumé, prière de se reporter à la première partie de cette chronique exceptionnellement longue. Cette seconde partie est écrite quasiment sur place ayant fini ce livre après une journée passée entre Lannion, Langoat et Tréguier.
On reprend les mêmes ingrédients, farine de blé noir et beurre salé. Cidre doux ou brut selon les goûts.
L'auteur nous amuse avec quelques récits champêtres, mais devient sérieux et mélancolique aussi parfois.
Les fous du village, figures incontournables des campagnes profondes, peu dangereux, ils font partie de la vie des bourgs. Jean-Maï Plunet, par exemple loufoque et troubadour animant les fêtes locales ou Bozeg-Zot mystique à la langue bien pendue et à la réplique prompte.
Mettez-vous un peu à la place d’Émilienne, ville de ferme à Plouaret.....qui rencontre un éléphant sur sa route en 1929 ! Le pachyderme s'était échappé du cirque de Buffalo-Bill qui se produisait à Guingamp ! Imaginez que cela se produise un matin après avoir festoyé....c'est une raison pour se mettre à l'eau minérale pour quelques temps ! En parlant d'eau, un chapitre se nomme « Jours de pluie » et l'auteur nous explique simplement ce qui suit :
-La pluie de chez nous n'est pas ce que le premier touriste venu pense. Comment d'ailleurs pourrait-il savoir ce qu'elle est, puisqu'il n'est qu'un touriste.
Allons faire un tour du côté des sobriquets et autres descriptions anatomiques en versions originales sous-titrées pour la beauté de la chose ! N'y voyez aucune malice de ma part dans le choix de l'exemple!
Revr Blonegenn : cul en vessie de saindoux ! Là je demande à voir !!!!!Car malgré toute mon imagination j'ai du mal à concevoir la chose !
Revr kegin : cul de geai. Est-ce pour cela que nous les cajolons ?
Revr kemener : cul de tailleur, donc fessier conséquent . La situation bien assise de ce métier dans les campagnes bretonnes faisait que cette profession avait un statut particulier et sûrement les fesses rebondies.
Un autre chapitre est joliment nommé : « Autres petits riens de bonheur », tout un programme.

Mais il continue surtout de nous faire profiter d'une galerie de portraits tous plus haut en couleurs les uns que les autres. Alors je ne résiste pas au plaisir de vous en citer quelques-uns .
Ayant déjà mentionné les parents, passons aux oncles, celui dans son cadre ovale, mort très jeune et bien sûr jamais connu. Le plus exotique, l'oncle Pontec celui qui tous les ans venait de Paris, dont l'arrivée était une fête et le signal des vacances. L'autre Étienne pauvre homme ligoté par les liens du matriarcat celtique qui devait, selon Hervé Le Goff, « voler ses propres morceaux de vie ».
Lisez ce livre et faites connaissance avec ces gens ordinaires ou extraordinaires, Hugo, le lutteur colosse qui un jour trouva plus fort que lui, Gwill le menuisier, Colas ancien Cap-Hornier, Albert le facteur, le Marquis qui fit un bref séjour dans le bourg et qui disparut aussi rapidement qu'il était venu, Basile, le peintre de l'ombre, roi du slogan avant l'heure, ses œuvres à la peinture noire, « A bas la calotte » ou « Vive l'Anarchie ».
Les années passent et les mythes, même ceux qui ont la vie dure, nous quittent. Exit Pif, Groñch et Chasse-Mouches, la modernité prend le pas sur le monde d'avant, pas forcément en mieux mais c'est inéluctable.
Un dernier mot pour les deux figures marquantes de la région, aussi semblables, mais également dissemblables que possible et qui cohabitent à Tréguier, Saint Yves et Ernest Renan. Le saint et le philosophe, l'avocat et l'écrivain.
Extraits :
- « A-wechoù, me dit-il, gant azenañ hini e vez desket un dra bennack ».
- J'ai retenu cette sagesse : « On peut toujours apprendre quelque chose de l'homme le plus âne qui soit », en effet....ou du plus fou.
- Il n'y a pas d'illusions plus dangereuses que de ne pas croire aux illusions, si ce n'est de croire qu'on les a perdues.
- J'ai donc choisi d'être breton. Tardivement à vrai dire. Surtout parce que je sentais confusément qu'on m'empêchait de l’être.
- Mais quoi ! Il vous fallait choisir pour moi entre l'ombre et la lumière. Vous ne pouviez savoir quelles sont les deux faces de la même vérité.
- Au temps des blés mûrs, les Parisiens arrivaient.
- À partir de ce jour, les lieux se mirent à vivre, les noms à chanter, les pierres à signifier. Je venais d'entrer dans la dimension du temps où tout prend sens. La passion suivit.
- Je crois en la fatalité des noms et des patronymes qui vous modèlent sans que vous vous en aperceviez.
- C'était aussi un artiste. Il limait talus et chemins comme un poète ses vers ; peignait à fresque les routes à grande giclée de bitume.
- Il n'y a plus de grain dans les greniers, il ne reste que des souvenirs.
Éditions : Coop Breizh ( 1998)
SDC19664

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Commentaires
Z
Bonjour, <br /> <br /> Je suis la petite fille de "Pif" et mon frère jacques et mes soeurs aimerions vous rencontrer.je relis à nouveau "le miroir aux narcissique". Je connais un peu de ma grand mère grâce à vous. <br /> <br /> Merci
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