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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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30 mai 2011

Collectif/ Alger, ville blanche sur fond noir.

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Seconde semaine de Romans noirs d'une ville.

Alger, ville blanche sur fond noir.
Collectif/ Romans d'une ville.

Note : 3,5 / 5.
Dessous noirs pour ville blanche.
Après un tour de France et une escapade à Toronto, puis J.O d'hiver oblige à Vancouver, je continue ma découverte de cette série. Je commence un tour du monde des villes, mais version dessous noirs! Un court recueil, 156 pages pour cinq nouvelles, sous la direction de Vincent Colonna, dont le récit commence ce livre. Les autres auteurs sont : Chawki Amari, Virginie Brac, Rima Ghazil et Mohamet Kacimi! Le seul qui figure dans mes lectures passées est Chawki Amari dont une nouvelle, « Vérités verticales » figure dans le recueil « Mes chers voisins ».
La première nouvelle, « L'ataya courage » nous raconte les péripéties et les mésaventures d'un touriste aux prises avec un chauffeur de taxi bavard!  Balade dans Alger sur fond " situation politique, de ressemblance physique et d'embrouille". Attention au beau parleur! Une promenade qui m'a rajeuni.
« Le rêve fou de Madame Azouz », car elle rêve Madame Azouz, et elle compte aussi! Ne cherchez pas une brave femme en faisant la connaissance de cette dame, elle est un peu usurière, entremetteuse pour ne pas dire mère maquerelle ; quelques jeunes filles ont été mariées en France grâce (ou à cause) d'elle! Elle espère secrètement hériter de la villa d'une vieille dame rescapée des temps anciens. Seul son fils Farouk a de l'importance à ses yeux! Mais plus rien ne va, la vieille dame a un petit-fils,  un maffieux local a besoin de ses services et son fils chéri veut partir au Canada! Le monde est cruel, mais Madame Azouz a de la ressource.............
« Le Doudji » ou les errances alcooliques d'un homme dans les méandres d'une ville souterraine. Alger la nuit, un homme ivre titube à la recherche d'un débit de boisson. Il se rend chez  «Le Manchot» sorte de bouge où se retrouvent les alcooliques démunis, les laissés-
pour-compte du socialisme algérien. Seules deux boissons sont autorisées, une à base d'anis, l'autre le vin rouge au verre ou à la bouteille! Au petit matin, l'homme est témoin de..... Que faire? La meilleure nouvelle du livre, la double errance du personnage, celle de l'ivresse et de la nuit, celle de la journée dans une famille et un travail où il n'a plus sa place.
« Troubles » ce texte est un regard sur la ville et une partie de sa population. Des hommes et des femmes plutôt à l'aise se croisent et s'entrecroisent au gré d'une journée et d'une nuit de fête chez l'une d'elles. Inez, qui est le pivot de cette histoire, est une femme de trente cinq ans vivant en France, elle décide de réunir des amis avant son départ, mais la ville n'est pas sûre, la police veille, un tueur en série sévit.....
« Tous les garçons et les filles » c'est l'été 1962, le destin n'est pas le même suivant de quel côté de la Méditerranée on se trouve, mais cette chanson  a traversé la mer. Ce sont les premiers pas de la « République algérienne, démocratique, populaire et socialiste » ; cette époque est racontée à travers les yeux d'un jeune garçon d'un village. Mais l'enfant grandit, il quitte son village pour Alger et une nouvelle vie....
Un touriste naïf et un chauffeur de taxi malin revisitent l'histoire d'un « sans-papier »,  une mère de famille qui est prête à tout pour garder son fils près d'elle, mais vraiment tout! Un homme ivre, une nuit, "voit une chose qu'il ne devrait pas", un jeune garçon se souvient d'un temps heureux, des personnages très ordinaires qui vivent la fin d'un espoir. La jeunesse dorée d'Alger qui fait la fête malgré tout, est la seule histoire qui concerne les milieux aisés d'Algérie. La narration de la nouvelle « Troubles » est originale, chaque personnage prend la parole dans un puzzle étrange. Chacun des auteurs parle des maux de l'Algérie, la corruption, le terrorisme, le manque d'infrastructure avec dans la vie de tous les jours le problème de l'eau potable! Et aussi pour la jeunesse l'espoir de l'immigration pour ailleurs......Je laisse le mot de la fin à Mohamet Kacimi :
- Il y a toujours eu de la part des régimes qui se sont succédés une grande haine pour cette ville ; comme ils savent qu'elle n'est pas la leur, ils ont tous tenu à l'effacer, à l'enlaidir, à lui faire perdre la mémoire et sa langue.
Extraits :
- Un document confidentiel pour les étrangers, qui indique les quartiers à éviter, la Casbah, Bab-el-Oued, Belcour ou El-Harrach......
- Son étage dans la société, ce n'était pas le rez-de-chaussée mais presque. À peine un entresol.
- ...Madame Rabéro avait tendance à zapper l'indépendance et ses quarante années pour vivre à l'époque bénie de sa jeunesse....
- L'homme a sorti ses trains d'atterrissage usés et s'est posé sur le comptoir avec la manœuvre de l'habitué des problèmes de stationnement.
 - L'homme est fracassé mais connaît le chemin, tel un bateau fantôme qui navigue au sonar.
- Quelle puanteur, ce marché aux poissons, c'est pire qu'à El-Harrach*.
- C'était une belle époque, car les Algériens ne connaissaient pas encore l'islam, ils le connaissent encore moins aujourd'hui.
-...j'ai dit «  filles de joie » et non pas prostituées, car nos mères les appelaient m'rabbath,« celles qui donnent du bonheur », ou « les heureusantes ».
Éditions : Autrement/ Romans d'une ville. (2003)
*Quartier d'Alger, où parfois (même assez souvent) l'odeur est forte, pour ne pas dire pestilentielle! C'est du à l'Oued Harrach qui draine les égouts de la ville. Il est amicalement surnommé « L'Oued Merda ».

 

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