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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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9 avril 2011

GROGAN Emmett / Ringolevio.

 

Ringolevio
Ringolevio *
Emmett GROGAN .

A fond la caisse....
Note : 4 / 5.
Encore un livre que je ressors de mon musée/capharnaüm personnel. Écrit en 1972, traduit en 1973, sorti en poche en 1974...C'est cette version que je possède. Dans un courte préface l'auteur nous dit « Cette histoire est vraie »
Le « Ringolevio » est un jeu urbain qui oppose deux équipes de joueurs, le but du jeu est de faire prisonnier tous les membres de l'équipe adverse, le terrain de jeu un quartier, les règles les plus élémentaires possibles et pas de contrainte de temps !
En ce Vendredi saint de l'année 1956, les deux équipe sont les Aumoniers, entièrement composés de joueurs noirs de Harlem, en face, les Tout-Atouts, plutôt des individualités originaires de Brooklyn, venant d’ethnies différentes, ils sont tous blancs, l'aire de jeu est Hester Street. De grosses sommes d'argent sont en jeu ainsi que le réputation des joueurs tous âgés d'une douzaines d'années. La partie se terminera tragiquement et Kenny Widsom fera connaissance avec l'héroïne. Commenceront alors les premières années de prison, la dépendance et la délinquance.
A la rentrée scolaire 1958 Kenny rentre au collège jésuite et il entame sa carrière de monte en l'air chez les parents de ses voisins de classe...Ses vacances de Noël furent particulièrement réussies pour ne pas dire brillantes...L'argent rentre, les bijoux également, la vie est belle ! Sauf que les receleurs du coin n'apprécient que modérément la concurrence, il ne reste plus à Kenny qu'a se faire oublier et pourquoi pas en Europe ! Qu'il parcourt de Paris à Genève en passant par l'Italie et la Hollande. Car si les diamants sont éternels on ne peut les vendre qu'une fois C'est l'année où les Russes commencent la conquête de l'espace et Kenny celle des cœurs et des corps de jeunes européennes. Quelques mois passés dans une prison italienne et un retour aux USA pour une vengeance personnelle. Retour en Italie et début d'une carrière dans le cinéma, puis la lecture de « Portrait de l'artiste en jeune homme » de James Joyce et il se fait cette réflexion : « Un irlandais !Je suis un Irlandais ! », donc direction Dublin !
Dans un pub un homme lui raconte sa dernière rencontre avec Lui-Même autrement dit Brendan Behan et ce qui semble être la cause de la mort de ce dernier ! Quelques opérations avec l'I.R.A en Irlande du Nord sont également narrées.
Un détour par Londres et une de ses prisons et un retour au pays pour de nouvelles aventures dont une allait le rendre célèbre. En pleine période de révolte raciale et d'émergence du mouvement hippie Emmett Grogan sera le fondateur des « Diggers » qui pendant des années distribueront gratuitement des vivres et des vêtements aux pauvres de San-Francisco.
Kenny Wisdom, américano-irlandais est en réalité Emmet Grogan lui-même et l'on peut considérer ce livre comme une autobiographie. On croise un flot ininterrompu de personnages de célèbres chanteurs écrivains ou hommes politiques mais surtout beaucoup d'anonymes, témoins ou acteurs de cette époque qui restera dans les annales comme un énorme gâchis. Avant que les drogues dures envahissent le marché et marque la fin de la grande utopie hippie.
J'aime ce genre de lecture car le récit alterne la vie de l'auteur et l'histoire avec un grand H (comme héroïne, par exemple). De la guerre d'Algérie à la guerre froide, le monde tel qu'il était. L'écriture est fluide et très imagée donc le récit est très bien raconté. Quelques pages de trop malgré tout, sur son séjour en Europe et aussi l'impression qu'il lui arrive trop d'aventures en tout genre et ce dès son plus jeune âge, qui fait que parfois j'ai eu le sentiment que c'était peu crédible.
Je pense aussi que l'auteur donne une version qui me semble erronée des signataires de l'accord Anglo-Irlandais de 1921 qui marque la fin de la guerre d'Indépendance et le début des « Troubles » qui s'en suivent.
Extraits :
- Les joueurs avaient en moyenne douze ans, et ils étaient résolus à risquer le tout pour le tout.
- Sur quoi Kenny se mit à collectionner les berlingots comme d'autres gosses collectionnent les porte-clés.
- La troisième était un coup de semonce.
- Tu as déjà tâté du bourrin ? demanda Dupree.
- Quand on est un camé, le pourvoyeur est un être aimé. C'est votre grand amour.
- Le temps passait, ou restait immobile. Pas de différence. Le cadran de la pendule, la position des aiguilles ne signifie rien.
- Kenny Widsom voulait devenir voleur et cambrioler Park Avenue
- Le seul ennui, c'était qu'ils vivaient dans un monde qui les obligeait à rire et à plaisanter souvent.
- .. . il fit aussi provision de livres qu'il n'avait pu trouver à la librairie anglaise de Rome, des ouvrages en vers ou en prose de jeunes auteurs, Alain Ginsberg, Samuel Beckett, Jack Kerouac, Leroi Jones, Henri Miller, Eugène Ionesco aussi, et Grégory Corso, son poète favori, et Normal Mailer que lui fit comprendre tout ce qu'il avait manqué durant son absence.
- … et The St. Louis Bank roberry (Le premier film de Steve McQueen et le plus extraordinaire qu'on ait jamais tourné sur un sacré hold-up)....
- Il était venu à Dublin pour se mêler aux peuples et se demandait si un mec comme Behan serait resté dans une telle morgue.
- Eamonn répondit que c'était Paddy Cavanaugh( Patrick Kavanagh) et qu'il avait hérité le fauteuil de poète en titre chez Mac Daids, à la mort subite de Brendan Behan Lui-même. Et puis Eamonn raconta la dernière nuit de Lui-même chez Mac Daids.
- Et c'est la dernière fois que l'on a vu Lui-même, aussi vrai que je vous cause.
- Billy lui expliqua qu'après avoir été un champ de bataille d'idées, l'East Side avait été envahi par une jeunesse agressive qui marchait au pas de Jack Kerouac mais qui s'était bientôt calmé et avait laissé pousser ses cheveux.
- Tout le monde trafiquait, il y avait de la drogue partout, et il en prenait dans du whisky.
- Alors quoi? Que pourrait-il acheter avec un bon paquet d'argent volé ?
De la bouffe ! s'exclama Emmett.
- Ce fut une sacré journée et une sacrée fête, le premier festival rock qu'on ait jamais vu dans un parc.
- En fait, sans les filles il n'y aurait jamais eu de soupe populaire quotidienne. Elles représentaient la véritable force de la communauté de Haight-Asbury, c'étaient elles les vrais Diggers.- Tous les groupes en vue furent invités et tous acceptèrent. Et il vinrent tous, les Grateful Dead, Country Joe et le Fish, et Janis Joplin et Big Brother....tous.
- Tout le monde était là, et Allen Ginsberg présenta d'abord Emmett aux deux hommes qui avaient le plus marqué sa vie et qu'il avait toujours rêvé de connaître : William Burroughs et Alexander Trocchi, tous deux écrivains, poètes prophètes et devins.
- Les flics se croisaient les bras dans l'espoir que tout le monde allait s'entre-tuer .
Éditions : J'ai lu (1974) Fayard/ La Noire (1998). L'écahapée (2015)
Titre original : Rongolevio, a life played for keeps (1972)
*Une vie jouée à fond.

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