Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
Derniers commentaires
Archives
6 avril 2011

LE GOAZIOU Véronique / La vieille femme et les mouettes

 Vieille_femme

La vieille femme et les mouettes.
Véronique LE GOAZIOU.

Note : 4 / 5.
Les âges de la vie.
Sociologue née à Toulon dont c'est le premier roman et que je découvre à cette occasion. Elle est l'auteur de nombreux autres ouvrages, essais, etc...J'ai trouvé ce livre en déambulant samedi à la médiathèque par le plus grand des hasards! Inspiré par le nom sûrement!
Un jour de pluie une femme, un plan à la main, marche et cherche une adresse, ce n'est pas simple, un automobiliste complaisant lui dit que le quartier a énormément changé et la dépose à l'endroit souhaité, une sorte de maison médicalisée où réside une vieille dame qu'elle veut revoir. Cette femme pense qu'elle aurait voulu arriver dans d'autres circonstances, sous le soleil par exemple, avec douceur pour ne pas effaroucher la vieille femme qui va sûrement être surprise. Elle se souvient de son enfance ici même avec son père et sa famille, les marins buvant au café, les problèmes familiaux, les drames, le quartier détruit par les bombardements. La ville rebâtie un peu plus loin, la reconstruction de la vie elle aussi suit son cours. Cette vieille femme, malgré son handicap, parle d'un tableau, une marine avec au loin une voile blanche, celle d'un bateau qui coule...avec une nuée de mouettes tourbillonnantes dans le ciel.
Les deux femmes se remémorent leurs vies et leurs souvenirs communs, les relations familiales tendues, les veuves nombreuses.... et la mort toujours présentes, en mer ou à la guerre.
La narratrice, jeune femme dont nous saurons peu de chose, est partie un jour après avoir fêté son anniversaire, il y a dix-sept ans déjà. On devine un drame, un de plus...Elle espère une réunion de famille, elle la souhaite même, peut-être bientôt hélas? La vieille dame, Mamina dont la description par l'auteur est très belle et pleine de pudeur, visage mêlant jeunesse, mais aussi la marque des années. Elle est aveugle et un peu délaissée par sa famille et repense à son mari, Adrien, garçon à la santé défaillante qu'elle a connu à Haguenau où il était au sanatorium, qui sera marin, et mourra à la guerre. Elle, Alsacienne mariée à un Breton installée dans le pays de son mari, veuve maintenant, lui Breton marin, puis soldat mort et enterré dans les terres natales de son épouse! Sa tombe dans l'ancien cimetière est vide, comme celle d'un marin péri en mer. Cruel destin. Zelda « la folle », Vincente sa mère, l'oncle Raymond sont les autres membres de la famille, enfin étaient pour certains, Zelda est morte en « maison » peu de temps après son départ...la vie a passé pour tous..également pour les marins, vieux dorénavant, qui font partie du décor et des souvenirs. Et bien sûr les mouettes qui, elles, assurent le fond sonore. Les femmes de salle, ombres de tous les jours....
Un roman étrange dans lequel j'ai eu beaucoup de mal à situer les personnages et qui a nécessité de nombreux retours en arrière. Une belle histoire, mais ce n'est pas une lecture facile car le récit est volontairement (enfin il me semble) très intimiste et dévoilé par très petites touches. J'ai beaucoup aimé l'écriture, en particulier les descriptions aussi bien des personnages que de la nature environnante. La tempête en bord de mer est par exemple très bien rendue. Un moment très touchant est la narration des enfants devenus adultes venant chercher leurs mères pour les fêtes de Noël, c'est très beau, plein de poésie et de douceur.
Un ouvrage sur une famille et ses secrets, ses querelles internes, les on-dit et les problèmes d'argent. Un livre que j'ai aimé même si j'ai l'impression étrange de ne pas en avoir compris toutes les subtilités! Une anecdote, la maison où séjourne la vieille femme se nomme « Lucia » qui était le nom de jeune fille de ma grand-mère maternelle.
Extraits :
- Il parlait aussi de la mer.
- Où qu'ils se trouvent, leurs regards portaient toujours vers la mer.
- Au bout de quelques secondes, la vieille femme lui aurait dit d'entrer.
- Un marin qui ne serait jamais parti, qui aurait eu la casquette et les yeux bleus, et la peau comme du miel, et les mains couleur fauve.
- Les marins ne riaient pas, les marins à la peau salée qui avaient connu avant que ce soit le nouveau village.
- Comme un clown triste avec sa bouche et gai avec ses yeux en même temps.
- La ligne du temps passe en plein sur son visage.
- Nul n'était admis dans ce ballet obscur et c'était beau. Depuis leur niche rocheuse des mouettes lançaient de longues plaintes. Leurs sanglots étaient repris par le vent et promenés sur la lande. Leurs cris venaient cogner contre la fenêtre des maisons.
- Je ferme les yeux pour voir les images d'avant. C'est comme ça que je peux te chercher, chercher ton visage, retrouver tes traits.
- Vous aviez la haine en vous.
- Vous allez mourir, n'est ce pas ?
- Ainsi, aurait-elle eu le sentiment de faire une fois partie de la famille.
- Il fallait qu'elle s'habille belle.
Éditions : La table ronde (1996)

 

Publicité
Commentaires
E
Bonjour Gwenaëlle.<br /> L'avantage des médiathèques est que tu peux découvrir un livre sans te ruiner. Le résultat est que j'ai acheté autre chose de cette romancière !<br /> A bientôt...à Vannes....<br /> Yvon
Répondre
G
Un roman qui semble dégager une atmosphère très étrange, en effet... Je ne suis pas sûre que j'apprécierais l'ensemble mais de petits bouts, sans doute! ;-)
Répondre
Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
Publicité
Newsletter
Publicité