JOURDAN Eric / Portrait d'un jeune seigneur en dieu des moissons.
Portrait
d'un jeune seigneur en dieu des moissons *
Eric
JOURDAN.
Note
: 3 /5.
Homo-sapiens
!
Recueil
de dix nouvelles d'un auteur dont on sait peu de choses, car il
semblerait qu'il aime garder un certain mystère autour de lui.
Accédons donc à sa demande, ne parlons que de ses écrits.
Dans
la nouvelle qui donne son titre au recueil, un homme achète un
tableau qui, après restauration, se révèle être son propre
portrait peint quelques siècles plus tôt. Qui a peint ce tableau et
qui est ce jeune homme? Commence alors une sorte de quête du Graal
dans l'Italie ancienne...que nous parcourons avec le jeune modèle
dans des temps troublés. Un récit qui entremêle passé et
présent, amour consenti et viol, tendresse et sauvagerie, liberté
et prison. Une belle histoire et une leçon d'Histoire dans l'Italie
des Borgia et de Savonarole.
« La
ruse et le hussard » nous transporte à la suite des armées
napoléoniennes de Moscou à la Bérézina, morne fleuve. Roger tombe
amoureux d'une charmante jeune femme entraperçue. Mais c'est la
guerre dans une ville dévastée, par une température glaciale. Les
patrouilles de l'armée française disparaissent mystérieusement.....
la déroute est proche, alors les soldats se replient. Jouons
carte sur table dans « Le meurtrier », une sombre
histoire dans un appartement déserté, à Paris fin juillet ; dans
la vie, c'est donnant-donnant, qui l'oublie risque sa peau, ou celle
des autres....« Une
bibliothèque tenue par le diable » nous emmène à Oxford avec
les aventures de Kevin, bibliothécaire corps et âmes, de jour comme
de nuit....« L'après
midi » est un texte glacial à deux plumes. Cédric, jeune
homme riche, et Guillaume, moins riche, mais plein de charme, et un
sentiment de jalousie de l'un envers l'autre...."Trois
jeunes garçons " portent bien son titre. C'est la confession
d'un jeune homme à un Procureur Général, mais ni d'aveux, ni de
remords, juste des explications.
Les
principaux protagonistes de toutes ces histoires sont des jeunes
hommes, beaux pour la plupart, souvent amoureux ou maltraités.Il
est aussi à noter que l'on retrouve beaucoup de personnages
historiques, du pape Alexandre VI (personnage antipathique au
possible, et ce n'était pas le seul de l'époque), aux maréchaux
de l'Empire. Le Seigneur de Rancé et Madame de Montbazon, dans les
secrets des alcôves du temps jadis. Un bâtard royal pour qui plus
dure sera la chute, deux jeunes soldats français sont faits
prisonniers par l'armée turque et se retrouvent pensionnaires d'un
harem masculin soumis aux caprices du fils d'un pacha. Une équipe
d'archéologues européens à la recherche de l'emplacement de la
ville de Troie et de son cheval. Prenons
notre bâton de pèlerin, car de l'Italie à la Russie, de Florence à
la Bérézina, de Londres aux quartiers bourgeois de Paris, les
kilomètres sont nombreux.
Je
pense que cet ouvrage a dû nécessiter beaucoup de recherche, car
les sujets et les époques traités sont très différents. Un
livre très bien écrit offrant beaucoup de diversité malgré un
évident fil conducteur que je vous laisse découvrir par vous-même.
Dommage que la trame de certains récits, l'amour, puis la mort
semblent répétitifs.
Extraits
:
-
On déclare ceci est un chef-d’œuvre (mot sujet à caution), on
jette sur celle-là l'anathème (il faut être pape pour utiliser de
telles armes fallacieuses).
-
Quelqu'un en moi était mort. La pire des choses, c'est de se
survivre.
-
Le froid et la neige qui tourbillonnait toujours la transformèrent
dans la nuit en un tombeau de diamants.
-
Ainsi, extérieurement, le bal fini, l'hôtel semblait reposer dans
son lit de jardin, mais le ventre de cette demeure abritait des
mystères infâmes.
-
Vous êtes empoisonnés, plus que par l'une de ces drogues qui tuent
bêtement. Vous mourrez en jouant jusqu'à votre peau. C'est là que
l'âme intervient.
-
Venise retomberait dans ses rêves étouffants.
-
Enfin, on arriva dans la ville aux clochers à bulbes verts, au
soleil couchant les fenêtres des maisons semblaient autant de
regards pleins de flamme.
-
Quand on veut le mieux, il faut y mettre le prix. Tout ce que tu
possèdes fera le prix.
-
Mon explication fut simple : l'amitié ne se commandait pas, pas plus
que l'amour, et c'était tout.
-
Quatorze ans de différence pour ce couple en herbe, le garçon
impétueux, la femme avide de jeunesse, c'était l'initiation et la
folie.
-
Madame de Montbazon devenait amère, l'âge fondait sur elle de plus
en plus vite, même si elle faisait toujours illusion. Pour une
femme, ces illusions-là sont vite perdues.
-
Vous êtes désormais hors d'état de nous nuire. Nous avons pour
nous l'air libre, la jeunesse et la fête continuelle. Car notre vie
est une joie de tous les instants.
Éditions
: La Musardine (2010)
* Et autres nouvelles.
Lien pour ce
livre, ici.