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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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26 janvier 2011

GRALL Xavier / Les billets d'Olivier.

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Les billets d'Olivier.
Xavier GRALL.

Note : 4,5 / 5.
De semaines en semaines....
Chroniques de l’hebdomadaire catholique « La Vie » écrite entre 1972 et 1977.
En cette époque où tout, et parfois rien, est l'objet de célébration, je vais, moi, me souvenir de Xavier Grall, mort en 1981, trente ans déjà! Et comme la part de Grall est très importante dans ma découverte de la littérature, j'essayerai de faire un billet pas forcément tous les mois, mais le plus souvent possible, d'un livre dont il est l'auteur ou une œuvre écrite sur lui.
Billets d'humeur, comptes-rendus des grandes et des petites choses de la vie, qu'elles soient catholiques ou pas. La mienne ne l'était pas, alors j'ai découvert ces textes plus tard. Plus de cinq ans de la vie d'un homme de la banlieue parisienne (exil pour certains, même si le mot peut paraître trop fort)  à un retour au pays natal....
Les vents sont omniprésents dans ces chroniques comme ils le sont très souvent en Bretagne. Les naufragés victimes de la fureur de la mer au cours de terribles tempêtes. Les chapelles, ces chefs d’œuvres anonymes qui parcellent la campagne bretonne, je ne suis pas un catholique fervent, mais j'aime ces endroits, leur beauté et leur solennité comme «dans « Notre Dame des Brumes ». Grall s'indigne avec une rare véhémence au sujet des chiens abandonnés ou alors abattus par un chasseur, car devenus aveugles, il constate que les étés sont des mois assassins. Et il pleure sur la mort de Kéroual son teckel, fidèle compagnon.
Les personnages de ces écrits sont des gens ordinaires, les amis ordinaires ou célèbres, les voisins ou paysans des alentours, Marie « L'ancienne personne » décédée . La famille bien sûr (le clan), épouse et filles, celles-ci « Les Divines » pour qui il écrira « L'inconnu me dévore ». « Je crois rêver » et on a tous rêvé un jour ou l'autre,  est un souvenir à la mère et à une de ses phrases préférés, ces gens pour qui le progrès était encore une source d'émerveillement. Ou aussi dans « Le retour » où cette femme retrouve sa maison après une longue hospitalisation. Cette mère pour qui il écrira « Balade de la mort si lente » avec ces mots :
- « C'est seulement au chevet des mères mourantes
que les fils de l'homme accèdent à la connaissance ».

Une très belle rencontre et quelques lignes pleine de tendresse dans « Le visiteur ». Un hommage à ce grand homme de la libération de l'Irlande, Terence Mac Swiney, Lord Maire de Cork mort après 73 jours de grève de la faim en 1920.
Je disais ici même il y a quelques temps que les écrivains bretons parlaient souvent de Kerouac ; Grall le mentionne dans ce livre et nomme un de ses articles « Sur la route ».
L'avantage de ces textes est que contrairement à ceux concernant la vie politique, c'est qu'ils ne vieillissent pas, la pluie et le vent reste la pluie et le vent, en 1972 comme en 2011. Et un texte de Xavier Grall reste un très grand texte, même plusieurs décennies après.
En Bretagne tout finit par une chanson, celle que j'ai beaucoup écouté et dont j'ai, un jour, fait mienne dont parle Grall dans « Les ans »:
- Je dors en Bretagne ce soir
dans la beauté
- Ainsi chante Gilles Servat. Cher Gilles comme tu dis vrai, comme tu chantes juste avec ce refrain-là....

Ce livre est un recueil de chroniques sur des thèmes simples et intemporels, la vie, la famille et la Bretagne. Les chroniques des années suivantes seront elles regroupées dans « Les vents m'ont dit ».
Extraits :
- Avec rien dans nos sabots. Rien que la paille......
- Cimetière de Cornouailles où sont vides les tombes. Les femmes noires dans les brumes n'auront pas leur mâles près d'elles quand elles disparaîtront.
- J'ai toujours rêvé ma vie avant de l'accomplir. Je n'ai pas toujours perdu ce pari, une sorte de pari spirituel.
- Mon clan, si breton soit-il, est plein de Bohême.....
- Je l'avoue : j'aime la liturgie ancienne de mon pays. J'aime ses messes chantées dans le vocable des miens.
- Je le sais depuis peu : toute joie contient sa mélancolie.
- Brest : Prévert y chanta Barbara sous la pluie. Jack Kerouac y secoua son arbre généalogique  dans des nuits enivrées.
- Combien de naufrages dans le poème insensé des océans. Demain, combien de veuves encore dans mon pays ? Masures des marins, demain, combien d'entre vous fermeront leurs volets ?
- Mes filles, quand je ne serai plus, parlerez-vous de moi ainsi, avec cette ferveur....!
- Mes amis, le chien de la vie est mort.
- Je suis de ce pays où gisent les morts parmi les vivants. Dans les enclos. Tout autour des sanctuaires, non loin des fermes et des buffets.
- Je la saluais. Elle ne répondait pas à mon salut. Elle était de Kériantec, je suis de Botzulan. Une distance de huit cents mètres! Cela compte quand on est vieux et que les jambes n'ont plus d'usage.
Éditions : Cerf/ La vie (1985).
Autres chroniques : 

 GRALL Xavier / Et parlez-moi de la terre
GRALL Xavier / La Fête de nuit & le barde imaginé.  
GRALL Xavier / La sône des pluies et des tombes.
 GRALL Xavier / Le rituel breton & La sone des pluies....
GRALL Xavier / Les vents m'ont dit.
GRALL Xavier / L'inconnu me dévore.
GRALL Xavier / Mémoires de ronces et de galets
GRALL Xavier / Solo & autres poèmes
GRALL Xavier : Genese & derniers poèmes
 GRALL Xavier/ Au nom du père.
GRALL Xavier/ DUC0S Gérard/ La fête de nuit/

 

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Commentaires
C
Bonsoir, merci pour ce blog intéressant et ces billets publiés sur Xavier Grall... mais n'avez-vous plus rien à écrire? Il me semble que depuis 2011 vous n'avez rien écrit! Dommage. Je suis une inconditionnelle de Grall. J'aime sa prose, le chant des mots qui la composent. Sa Bretagne est émouvante, à la fois forte et vulnérable. Je ne suis pas Bretonne et je suis heureuse de voir qu'on peut le devenir. Je le sens, cela vient... un jour c'est sûr, je serai Bretonne. Mon coeur en tout cas bat déjà pour elle, grâce sans doute à Xavier Grall, à Bernard Berrou, à Philippe Le Guillou... J'ai créé un blog en 2012 et en janvier 2014 je publierai l'interview de Françoise Grall que j'ai faite il y a quelques jours. Je suis allée chez elle. Elle a recréé à l'identique le bureau de son mari dans sa nouvelle maison. Ce fut très émouvant. En attendant, j'ai écrit une lettre ouverte à Yann Queffélec qui disait en mai dernier: "Qui de nos jours lit Xavier Grall?" Quel insolant n'est ce pas? Rien que pour cela je ne lirai jamais ses livres! Kénavo... Caroline Constant
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E
Ólöf frænka,<br /> Vendredi j'ai été à la médiathèque de Lorient voir un documentaire « Lettres à mes filles » sur Xavier Grall et sa famille. Très émouvant. Il me semble que son oeuvre est rééditée en cette année anniversaire de son décès. <br /> A bientôt.<br /> Yvon
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Ó
Grall est un poète qui parle de coeur à coeur avec son lecteur. Il nous montre le sentier archaïque et magique que l'occident a négligé. Allez dire à la ville... <br /> Merci, Yvon, de nous le rappeler!
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E
Bonsoir Francoaz.<br /> Xavier Grall a eu énormément d'importance dans ma découverte de la lecture, c'est pourquoi, par fidélité, je relirai quelques-uns de ses livres cette année.<br /> À bientôt.<br /> Yvon
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F
merci Yvon pour ton hommage à Xavier Grall.<br /> Je retrouve dans ses mots la Bretagne que j'aime et comme tu le dis le temps n'y change rien.
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