GRALL Xavier / Les billets d'Olivier.
Les
billets d'Olivier.
Xavier
GRALL.
Note
: 4,5 / 5.
De
semaines en semaines....
Chroniques
de l’hebdomadaire catholique « La Vie » écrite entre
1972 et 1977.
En
cette époque où tout, et parfois rien, est l'objet de célébration,
je vais, moi, me souvenir de Xavier Grall, mort en 1981, trente ans
déjà! Et comme la part de Grall est très importante dans ma
découverte de la littérature, j'essayerai de faire un billet pas
forcément tous les mois, mais le plus souvent possible, d'un livre
dont il est l'auteur ou une œuvre écrite sur lui.
Billets
d'humeur, comptes-rendus des grandes et des petites choses de la vie,
qu'elles soient catholiques ou pas. La mienne ne l'était pas, alors
j'ai découvert ces textes plus tard. Plus de cinq ans de la vie
d'un homme de la banlieue parisienne (exil pour certains, même si le
mot peut paraître trop fort) à un retour au pays natal....
Les
vents sont omniprésents dans ces chroniques comme ils le sont très
souvent en Bretagne. Les naufragés victimes de la fureur de la mer
au cours de terribles tempêtes. Les chapelles, ces chefs d’œuvres
anonymes qui parcellent la campagne bretonne, je ne suis pas un
catholique fervent, mais j'aime ces endroits, leur beauté et leur
solennité comme «dans « Notre Dame des Brumes ». Grall
s'indigne avec une rare véhémence au sujet des chiens abandonnés
ou alors abattus par un chasseur, car devenus aveugles, il constate
que les étés sont des mois assassins. Et il pleure sur la mort de
Kéroual son teckel, fidèle compagnon.
Les
personnages de ces écrits sont des gens ordinaires, les amis
ordinaires ou célèbres, les voisins ou paysans des alentours, Marie
« L'ancienne personne » décédée . La
famille bien sûr (le clan), épouse et filles, celles-ci « Les
Divines » pour qui il écrira « L'inconnu me dévore ».
« Je crois rêver » et on a tous rêvé un jour ou
l'autre, est un souvenir à la mère et à une de ses phrases
préférés, ces gens pour qui le progrès était encore une source
d'émerveillement. Ou aussi dans « Le retour » où cette
femme retrouve sa maison après une longue hospitalisation. Cette
mère pour qui il écrira « Balade de la mort si lente »
avec ces mots :
-
« C'est seulement au chevet des mères mourantes
que
les fils de l'homme accèdent à la connaissance ».
Une
très belle rencontre et quelques lignes pleine de tendresse dans
« Le visiteur ». Un hommage à ce grand homme de la
libération de l'Irlande, Terence Mac Swiney, Lord Maire de Cork mort
après 73 jours de grève de la faim en 1920.
Je
disais ici même il y a quelques temps que les écrivains bretons
parlaient souvent de Kerouac ; Grall le mentionne dans ce livre et
nomme un de ses articles « Sur la route ».
L'avantage
de ces textes est que contrairement à ceux concernant la vie
politique, c'est qu'ils ne vieillissent pas, la pluie et le vent
reste la pluie et le vent, en 1972 comme en 2011. Et un texte de
Xavier Grall reste un très grand texte, même plusieurs décennies
après.
En
Bretagne tout finit par une chanson, celle que j'ai beaucoup écouté
et dont j'ai, un jour, fait mienne dont parle Grall dans « Les
ans »:
-
Je dors en Bretagne ce soir
dans la beauté
-
Ainsi chante Gilles Servat. Cher Gilles comme tu dis vrai, comme tu
chantes juste avec ce refrain-là....
Ce
livre est un recueil de chroniques sur des thèmes simples et
intemporels, la vie, la famille et la Bretagne. Les chroniques des
années suivantes seront elles regroupées dans « Les vents
m'ont dit ».
Extraits
:
-
Avec rien dans nos sabots. Rien que la paille......
-
Cimetière de Cornouailles où sont vides les tombes. Les femmes
noires dans les brumes n'auront pas leur mâles près d'elles quand
elles disparaîtront.
-
J'ai toujours rêvé ma vie avant de l'accomplir. Je n'ai pas
toujours perdu ce pari, une sorte de pari spirituel.
-
Mon clan, si breton soit-il, est plein de Bohême.....
-
Je l'avoue : j'aime la liturgie ancienne de mon pays. J'aime ses
messes chantées dans le vocable des miens.
-
Je le sais depuis peu : toute joie contient sa mélancolie.
-
Brest : Prévert y chanta Barbara sous la pluie. Jack Kerouac y
secoua son arbre généalogique dans des nuits enivrées.
-
Combien de naufrages dans le poème insensé des océans. Demain,
combien de veuves encore dans mon pays ? Masures des marins, demain,
combien d'entre vous fermeront leurs volets ?
-
Mes filles, quand je ne serai plus, parlerez-vous de moi ainsi, avec
cette ferveur....!
-
Mes amis, le chien de la vie est mort.
-
Je suis de ce pays où gisent les morts parmi les vivants. Dans les
enclos. Tout autour des sanctuaires, non loin des fermes et des
buffets.
-
Je la saluais. Elle ne répondait pas à mon salut. Elle était de
Kériantec, je suis de Botzulan. Une distance de huit cents mètres!
Cela compte quand on est vieux et que les jambes n'ont plus d'usage.
Éditions
: Cerf/ La vie (1985).
Autres chroniques :
GRALL
Xavier / Et parlez-moi de la terre
GRALL
Xavier / La Fête de nuit & le barde imaginé.
GRALL
Xavier / La sône des pluies et des tombes.
GRALL
Xavier / Le rituel breton & La sone des pluies....
GRALL
Xavier / Les vents m'ont dit.
GRALL
Xavier / L'inconnu me dévore.
GRALL
Xavier / Mémoires de ronces et de galets
GRALL
Xavier / Solo & autres poèmes
GRALL
Xavier : Genese & derniers poèmes
GRALL
Xavier/ Au nom du père.
GRALL
Xavier/ DUC0S Gérard/ La fête de nuit/