ROGER Marie-Sabine / Il ne fait jamais noir en ville.
Il
ne fait jamais noir en ville.
Marie-Sabine
ROGER.
Note
: 4 / 5.
Nouvelles
en friche.
S'il
ne fait jamais noir en ville, le gris sale domine souvent! Auteur que
j'ai découvert comme beaucoup de monde, je pense, avec son excellent
roman « La tête en friche ». Ici il s'agit d'un court
recueil de nouvelles pas noires non plus, grisâtres et tristes comme
une banlieue lointaine, ouvrière ou une campagne désertée. Mais
parfois de grands bonheurs surgissent qui dépendent de peu de
choses.
« La
loi de Murphy » vous connaissez? Non, ce n'est pas un western,
c'est une sorte d'équation qui dit que les problèmes se suivent
même s'ils ne se ressemblent pas ! Donc
un jour pluvieux pour Sylviane, femme seule un peu trop gentille,
bonne pâte pour ne pas dire nunuche et Murphy lui joue des tours,
mais elle va rencontrer Moïse....Qu'est-ce que l'on dit à Monsieur
Murphy !
Riders,
streeters, cela roule ou glisse, une femme les admire, leur donne des
surnoms, surtout à deux d'entre eux « Les Anges »...Et
ils en sont, au moins, pour un soir.
« Ce
bon monsieur Mesnard » enfin il semble bien brave ce vieux
bonhomme, c'est du moins ce que pense la jeune femme qui vient
d’emménager dans l'immeuble. Elle déchantera devant le personnage
pour le moins inquiétant ! Une nouvelle angoissante.
Dans
« La parenthèse », l'auteur nous mène en bateau
jusqu'au départ du train ! Bravo, c'est fort. Une belle histoire
d'amour.
« Ce
soir, c'est fête » et c'est vrai ! Un grand moment de bonheur
inespéré dans une ville qui s’agrandit sous le béton et la
rapacité des promoteurs immobiliers. Souvenirs de jeunesse où aux
portes de Paris, il y avait encore des petits pavillons et des
terrains vagues! Par contre et par opposition, les campagnes se
dépeuplent comme dans la nouvelle qui donne son titre au recueil. Et
qui est un pied de nez aux admirateurs de la campagne pure et
dure....
Les
personnages, des femmes pour la plupart, comme la teneur de ce
recueil, n'inspirent pas une grande gaieté et ne respire pas la joie
de vivre. Seul moment de joie, la présence de Moïse....Une autre
doit aller soigner son vieil oncle, elle s’occupera d'elle ensuite,
la grande sœur célibataire sans enfant. Même les jours de fêtes,
le ciel est triste, mais la conclusion peut être belle ! Une belle
galerie de personnages dans « Ce soir, c'est fête » dans
une communauté d’exclus de la société actuelle. Un vieil homme
qui travaille dur, pour un salaire de misère, mais c'est cela ou
mourir de faim!
C'est
vrai le monde n'est pas drôle tous les jours, ce serait plutôt
l'inverse. La vie commence à la naissance, mais elle peut
recommencer à tous les âges !
Un
bon livre, des nouvelles courtes concernant des gens ordinaires que
l'on pourrait croiser dans la rue, nous les rencontrons peut-être
d'ailleurs ! Un mélange de tristesse et de bonheur réussi.
Extraits
:
- Par exemple, chaque matin, dès que j'arrive, M. Peyrelot se
met à chanter :
Tiens
! Voilà du boudin ! Voilà du boudin ! Voilà du boudin !
-
Eux, rien ne les arrête, et surtout pas la peur.
-
Il a vécu sa vie. J'occupe le terrain.
-
Profitons-en, qui sait ce que demain nous réserve.... calamita-t-il
en retour.
-
Parfois elle se tait, elle a des gravités intenses, surprenantes.
-
Le ciel se traîne à ras de terre, il est d'un blanc crayeux sans
espoir d'éclaircie.
-
Des existences basculaient, presque du jour au lendemain, glissant du
pavillon au HLM, du HLM au foyer, du foyer à la rue.
-
Les nouveaux mariés sont des galets brillants qui chutent de très
haut dans le lac de la foule. Ils font des vaguelettes, qui porte
leur douceur jusqu'aux sables du bord.
-
Je suis venue te dire au revoir, adieu? Je ne sais pas. J'ai perdu
toute certitude.
-
Le ciel bas. Toujours bas. Toujours terne et pesant.
-
Soixante-cinq ans d'horizon limité à la barrière du jardin, au
grillage des poules, à la haie des rosiers qui ont encore pris des
pucerons, cette année.
Éditions
: Thierry Magnier (2010).
Autre
chronique de cet auteur :
La
tête en friche.