LUNCH Lydia / Déséquilibres synthétiques
Déséquilibres
synthétiques.
Lydia
LUNCH.
Note
: 4 / 5.
Enjoy
* !
Je
n'ai pas un goût immodéré pour ce genre de personnages, mais je
suis toujours prêt à lire leurs œuvres. La quatrième de
couverture décrit l'auteur (entre autre) comme une icône sexuelle
inlassable et inclassable, alors ne boudons pas notre plaisir, enfin
s'il est possible d'employer ce mot.
Musicienne,
actrice et aussi écrivain, ce livre est une compilation d'écrits
traitant de sujet divers.
Une
introduction, trois séries de textes « Mesures
désespérées », « Cuntzilla », « Sous
estimés », puis quatre interview-portraits dans « Têtes
brûlées » et un épilogue « Malade de désir ».
Le
titre de l'introduction « Je travaillerais pour de la drogue »
est en soit suffisamment explicite ! La première série de textes
s'intitule « Mesures désespérées »! Et le désespoir
est là, omniprésent!
Retour
en arrière « 1967 », année où certains soubresauts de
la société américaine s’annonçaient. « Canasta »
est un texte coup de poing, qui fait très mal, cauchemar éveillé
dont personne ne sort indemne.
Le
sommeil, qualifié par Lydia Lunch d' « Insaisissable
salope », les enfants d'accord pour les aimer, mais ceux des
autres dans « La maternité : ce n'est pas obligatoire »,
les relations de l'auteur avec la police dans un texte « Garde
à vous » plutôt joyeux, enfin plus que le reste du livre.
« La bête » a existé, il était batteur, mais la mort
l'a battue, elle gagne toujours!
« Johnny
derrière le démon » fut d'abord une tentative de scénario
pour le cinéma, mais c'est une histoire forte et dure, pleine de
sexe, de drogue et d'alcool, avec aussi un homme et une femme.
« La
piste du diable : Ray Trayler » est le texte que je préfère
de ce livre. Un homme en prison se souvient d'une femme et de leurs
relations sexuelles à haut-risque...Un récit sur deux niveaux,
maintenant et avant..
Des
personnages il y en a ! Un texte s’appelle d'ailleurs « Chers
Johnny, Jimmy, Joey, Frankie, Marty Tony, Tommy...
Le père et ses copains de
cartes et de beuveries..Des hommes rongés par tout un tas de
substances chimiques ou autres...Et l'auteur, sa vie son œuvre....
Lydia
Lunch s'entretient dans une série d'articles avec quatre hommes,
certains très connus, Hubert Selby Jr ou Nick Tosches, d'autres
moins Jerry Stahl ou Ron Athey. J'ai sélectionné une phrase de ces
interview:
H.Selby
Jr : L'écriture a une véritable valeur thérapeutique...si je
n'avais pas écrit, j'aurais peut-être explosé...qui sait....
N.Tosches
: Le New-York que j'aime a complètement disparu. Alors je vis
dans des limbes, avec un cordon ombilical qui me relie...à rien.
J.Stahl
: J'étais une pute chimique altérée de bien des manières.
Âmes
sensibles et partisans d'un certain classicisme littéraire, passez
votre chemin, cette compilation n'est pas pour vous.
On
peut éprouver deux choses à la lecture de ce livre, un immense
dégoût pour le genre humain ou considérer que l'auteur est une
personne courageuse! On peut aussi ne pas aimer ce genre littéraire
glauque et cru à la limite du voyeurisme. Il est aussi possible de
détester ce genre de marginaux drogués et destructeurs successeurs
des Jack Kerouac, Allan Ginsberg, William Burroughs ou encore
Herbert Huncke, mais ils sont représentatifs d'une époque. Pas très
agréable, hélas !
Extraits
:
-
J'ai nargué la mort, et la mort m'a nargué en retour.
-
La musique est le tissu conjonctif qui permet de joindre
protestation, rebellion, violence, conscience sexuelle et sens de la
communauté.
-
À présent, je peux reconnaître les faits, puisque j'ai perdu tout
ce que je possédais. Y compris mon âme.
-
Et puis merde.... JE DORMIRAI QUAND JE SERAI MORTE.....
-
Bonheur maternel, parfait, jusqu'à ce qu'il chie dans ses couches.
-
Je n'ai jamais été provoquée, harcelée ou attaquée par les
flics. L'inverse n'est pas vrai.
-
Après tout, Dieu a été le premier flic. Le Tyran originel.
-
Un schéma classique : le mauvais endroit, le mauvais moment, la
bonne personne.
-
Les femmes ne tuent pas sans raison. Quand les femmes assassinent, en
général, c'est par passion- amant, ex-boy-friend, mari. Pas
plusieurs prostituées.
-
J'ai un faible pour lui. Mais ça n'est pas réciproque.
-
Le bruit est presque aussi pénible que l'odeur.
-….
sur lequel défile un film non-stop reproduisant en alternance
Rubens, Brueghel, Bosch, Bellini, Bernini, Goya, Caravaggio.
-
J'ai toujours eu la sensation d'être travestie dans ma propre
chair-qui a servi d'hôtel à tant de monstres.
-
L'America Way of Life m'a transformé en junkie accro de
meurtres qui défie la mort.
Éditions
: Au diable Vauvert (2010)
Titre
original : Will Work for Drugs (2009)
*Dernier
mot d'une courte introduction de l'auteur.