DELANEY Frank / Les enfants de la nuit.
Les enfants de la nuit.
Frank DELANEY.
Note : 3,5 / 5.
Nuit noire.
De cet auteur irlandais, je me rappelle avoir lu (sans en parler) il y a quelques années « Irlande , un roman ». Je suis donc relativement étonné de voir que cette nouvelle parution est étiquetée « Thrillers ». Pourquoi pas après tout? Malgré que nous soyons loin de sa production habituelle!
Nicholas Newnan, architecte anglais renommé, se remet difficilement du meurtre de sa maîtresse, Madeleine, assassinée trois ans auparavant. Femme mystérieuse, elle a toujours su préserver son passé de toutes les questions de son amant.
Dans un hôtel suisse, Nicholas fait la connaissance d'un couple de riches hongrois qui lui présente des photos de leur villa italienne, et sur un de ces clichés, il reconnaît une Tour Eiffel en améthyste, seul objet volé chez Madeleine. Alors pour lui commence une époque troublée. Il est en effet victime de plusieurs faits qui ne semblent pas avoir de lien ensemble. Son shampoing est remplacé par de l'acide, ses comptes en banque vidés, son appartement cambriolé, ses effets personnels et meubles ravagés, et lui est sauvagement agressé et gravement brûlé.
Une femme, Annette, lui dit que les causes de la mort de Madeleine sont à rechercher dans le passé. Un homme, Lukas, lui remet des dossiers qui pourraient l'aider à connaître l'histoire de Madeleine, remontant à la dernière guerre et à une mystérieuse expérience « L'institut familial » dans un camp d'extermination, et plus tard à la création d'un club de quatre femmes nommé « Les Améthystes ». Madeleine en faisait partie et elle a été massacrée, puis une seconde à Venise et la troisième en Grèce.....
Nicholas est une des rares personnes à avoir connu intimement une de ces femmes, alors une sorte de complot se dessine autour de lui pour qu'il accepte de rencontrer la dernière survivante....
Beaucoup de personnages, trop je dirais, ce qui fait qu'il est souvent difficile de s'y retrouver entre les hommes et femmes de maintenant et ceux du temps passé.
Nicholas Newman, qui est le narrateur de ce récit, semble toujours ballotté entre plusieurs solutions qui ne sont pas les siennes, mais celles suggérées par son entourage. Il est aussi hanté par la mort de Madeleine, mais aussi par le suicide de son frère et une enfance pas des plus heureuses.
Madeleine Herbstone est l'instigatrice de la mort en marche. Etant amoureuse de Nicholas ou du moins en ayant une relation amoureuse avec lui, elle rompt une sorte de malédiction.
Le couple Ikar, Freddie et Gretta, semble les coupables idéaux, lui au passé trouble, elle à l'avenir incertain, commettant allègrement l'adultère, mais elle en fait beaucoup trop dans ses déclamations amoureuses!
L'inspecteur principal Christian est le personnage antipathique de ce livre avec son côté bourru et franc du collier. Ses collègues italiens et grecs sont eux plus agréables, surtout le docteur Pantkratikos qui sert de bouée de sauvetage à Nicholas en étant joignable à tout moment.
Lucas Waterman est la mémoire de ces femmes rescapées de l'enfer, Elizabeth Bentley pousse le narrateur au delà de lui même, sorte de grande sœur, faute de mieux.
Une très belle écriture et un livre intéressant se déroulant sur deux époques, une enquête criminelle contemporaine et une plongée dans l' horreur des expérimentations nazies.
Quelques petites remarques : cet ouvrage est un peu long à mon goût et la déclaration d'amoureuse transie de Gretta à Nicholas est plutôt hors sujet. Par contre l'intrigue est très élaborée et le dénouement très inattendu, mais il se fait attendre et n'est pas exempt de certaines invraisemblances. Je préfère le Frank Delaney irlandais au Frank Delaney, auteur de thrillers, mais cela n'engage que moi.
Une note personnelle pour finir, il y a dans mes lectures des coïncidences étranges.
-Je portais un costume bronze sur une chemise en soie gris boutonnée au col et des mocassins noir John Lobb.
Déjà Robin Cook dans « Rue obscène » parlait de ce célèbre bottier chez qui j'ai fait une partie de ma carrière professionnelle! Cela ne nous rajeunit pas.
Extraits :
- La question des origines avait fini par dresser une barrière entre nous.
- Elle était venue vers moi, m'avait même mis le grappin dessus.
- La plupart des victimes connaissent leurs meurtriers, m'avait-il dit.
- Vous autres, catholiques, vous prenez tout bien trop à cœur, ça fait partie de votre religion.
- C'est à la suite de ses travaux qu'est né le groupe de protection des quatre femmes que l'on appelle aujourd'hui les Améthystes...
- Les Italiens sont assez désinvoltes sur ce point-là, ils se débrouillent beaucoup mieux que nous pour maintenir une frontière assez floue entre le bien public et la propriété privée.
- Vous imaginez les bénéfices en termes de propagande.
- Il va falloir que je réfléchisse. Nous autres, Anglais, nous n'aimons pas trop ces trucs-là.
- Je sais que mon Rédempteur est vivant.
Éditions : Le Cherche Midi (2010).
Titre original : The Amethysts (1997)
J'ai lu ce livre dans le cadre du club de lecture « Dialogues croisés »