BROWN Christy / Du pied gauche.

Du pied gauche.
Christy BROWN.
Note : 4 /5
De A à MAMAN*
Je ne pensais plus retrouver ce livre, qui a servi de scénario pour le superbe film « My left foot » de Jim Sheridan. La première édition de ce livre est sortie en France sous le titre très racoleur de « Miracle en Irlande ». Les miracles n'ont rien à voir avec la volonté, non pas de Dieu, mais de celle d'un homme, Christy Brown et celle de sa famille. Par contre pour moi, ce fut une sorte de jour de chance car j'ai trouvé également « Celui qui regardait passer les jours » du même auteur.
Dire que Christy soit né dans une famille nombreuse est un euphémisme ! Vingt deux naissances, dix sept « survivants » quatre morts en bas âge, ce qui laisse malgré tout le chiffre final de treize! Merci l'église catholique et le gouvernement irlandais, mais c'est un autre débat. Gravement handicapé, Christy découvre par le plus grand des hasards qu'il peut se servir de son pied gauche pour tracer des lignes. Alors pour lui commence un long apprentissage, l'écriture en premier. Travail ardu qui nécessitait un gros effort pour lui et une grande patience chez sa mère. Au fil des ans, la persévérance améliore l'état de santé de Christy, mais les périodes de désespoir sont nombreuses, avec comme point d'orgue un début de tentative de suicide, qu'il ne mènera pas à son terme. De l'écriture il passe à la peinture, gagne un concours, se perfectionne, travaille encore et encore. Un voyage à Lourdes lui permet de constater qu'il n'est malheureusement pas le seul dans son cas. Un second voyage à Londres cette fois-ci va encore une fois bouleverser sa vie, le défi est de taille, oublier son pied gauche......
Christy, est-il besoin de le préciser un personnage attachant, blagueur, certains jeunes du quartier victimes de ses plaisanteries ne reviendront jamais chez les Brown. Il tente de vivre normalement en demandant à ses frères de le faire nager ! Il y a dans son enfance « Henry », sa voiture sorte de landau qui, poussé par ses frères, lui permet de sortir de la maison.
Sa mère, qui toute sa vie, aidera Christy malgré la tâche que représentait pour elle le simple fait de faire vivre tout son monde. Une grande leçon de courage et d'amour maternel. Son père, maçon, est plus effacé dans le livre et sûrement dans la vie, le travail était rude et le chômage sévissait parfois.
Ses nombreux frères et sœurs dont la terrible Lily, l'aînée des filles qui mène son petit monde à la baguette ou à la gifle, si nécessaire! Avec ses frères, l'enfance est heureuse, tout le monde l'aide, mais en grandissant au fur et à mesure que Christy découvre son handicap, les relations entre eux changent. Certains de ses frères lui serviront de secrétaire, Francis, en particulier, qui plus curieux que les autres, l'oblige à plus de concentration.
Les femmes et le corps médical sont également des points de repaires très importants dans la vie de Christy, Katriona Delahunt en particulier qui fut la première à l'aider quand il avait une dizaine d'années. Il y eut Sheila dont il dit « qu'elle fut la meilleure amie qu'il fut possible d'avoir ».
Le docteur Collis qui signe la préface aura beaucoup d'importance dans la vie de Christy, venant d'une famille d'écrivains, il l'aida en lui faisant comprendre que l'écriture n'est plus la même qu'à l'époque de Dickens. Il permit aussi à Christy de rencontrer sa soeur, médecin réputé exerçant à Londres, qui grâce à des méthodes révolutionnaires aidât beaucoup la recherche.
Il ne faut pas chercher ici une écriture léchée, très étudiée, ce n'est pas le but de ce livre. C'est simple, cela vient des tripes et du cœur, c'est brut, dur quand la vie de l'auteur est dure, amusant quand c'est nécessaire, triste aussi lorsque la solitude et la différence se font sentir. La jalousie aussi est un sentiment qui se fait sentir, quand il se compare à ses frères, ou quand Katriona se marie.
Un livre d'homme, tout simplement, mais d'un homme qui a quelques chose à dire et qui le dit. Une grande leçon de vie. On peut revoir le film de Jim Sheridan qui porte le même titre avec un Daniel Day-Lewis époustouflant.
Extraits :
- Toutefois je comprenais bien que je ne pourrais ni courir, n'y jouer au football, ni grimper aux arbres. Pas même porter une cuiller à ma bouche.
- Alors âgé de dix ans et demi, je commençais à plonger de plus en plus au profond de moi-même.
- Certes, je n'étais pas devenu un étranger au sein de la famille, chose d'ailleurs impossible.
- Hélas ! elle appartenait à la race des coquettes.
- À présent, rien ne pouvait plus m'arrêter. Tout à coup surgi de mon esprit la vision de Katriona Delahunt. Je descendis de la fenêtre et éclatais en sanglots, comme un enfant.
- J'étais bouleversé. Comment aurais-je pu imaginer qu'il put y avoir tant de souffrances dans le monde?
- Si, mon infirmité n'était pas après tout incurable, mais quelque chose en moi l'était.
- J'avais rejeté mon pied gauche, je l'avais condamné.
- Pour écrire en bon anglais moderne, et lire de l'anglais moderne, Christy.
Éditions : Le Livre de Poche (1971)
Titre original : « My Left Foot » (1954)
*Titre du deuxième chapitre.

Comments

[Eireann Yvon]

Bonjour Canel.
Merci de ta visite. Pour les pépites de la littérature irlandaise, il y a a quelques unes sur ce blog, du moins, je l'espère.
Canel organise un SWAP sur l'Irlande dont voici l'adresse :
http://canelkili.canalblog.com/
A bientôt.
Yvon

[canel]

Bonjour Yvon,
enfin je prends le temps de venir découvrir tes pépites irlandaises !
j'avais adoré le film qui m'avait fait découvrir le grand Daniel Day Lewis !

[Eireann Yvon]

Salut Claude.
C'est un film très fort, le livre est aussi intéressant. Un peu en retrait du film malgré tout.
Je te souhaite également un bon Noël.
A bientôt.
Yvon

[Eeguab]

Jamais lu mais très bon souvenir du film.Joyeux Noël Yvon!